Mon pays, c’est pas juste l’hiver: c’est aussi les chantiers routiers!
On vous promet une chose: ça va être l’enfer
Ah, le Québec et ses quatre saisons… Il y a d’abord le Presque hiver, puis l’Hiver, Encore l’Hiver et, finalement… les Chantiers routiers. Cette dernière saison est sur le point de battre son plein: à nous, délais et bouchons de circulation!
Cet été encore, ça promet – et pour le suivant itou. De fait, pour les deux prochaines années, notre Belle Province est assurée d’être le théâtre de 2200 chantiers routiers, pour des investissements prévus de 4,8 milliards de dollars (ça, c’est sans compter pas les… extras, évidemment.)
Ces chiffres sont, à quelques poussières près, très semblables aux investissements et au nombre de chantiers annoncés par le gouvernement provincial pour la période 2014-2016.
Autrement dit: vous avez trouvé que c’était l’enfer aux deux dernières saisons estivales? Ça va l’être encore.
Levez le pied (et le bon)
Et nous, les automobilistes, devrons encore lever le pied. Vous dites qu’il est inutile de répéter la chose, que les campagnes de la Société de l’Assurance Automobile du Québec s’en chargent déjà suffisamment? Pas si sûr: c’est que nous semblons avoir beaucoup de difficulté à ralentir dans les zones de construction…
Il y a une décennie, le ministère des Transports du Québec dénombrait 1200 blessés dans les chantiers routiers pendant la saison estivale 2008, dont neuf morts.
Même si, depuis 2011, les amendes pour excès de vitesse ont doublé dans les zones de construction, l’été 2016 (statistiques les plus récentes) a vu les chantiers routiers faire 736 victimes au Québec… dont deux décès.
Donc, après toutes ces années, on doit encore répéter: Orange rime avec prudence.
Cela dit, au-delà du respect des limites imposées, il y a plus. Voici donc quelques trucs pour que la belle saison se passe sans anicroche, du moins à l’approche des chantiers. Et ce, autant pour vous, usagers du réseau routier, que pour les ouvriers qui travaillent à son amélioration.
Faites le test
Faites le test: la prochaine fois que vous roulerez dans un chantier autoroutier où la limite a été abaissée de 100km/h à 80km/h, soumettez-vous religieusement à cette limite. Et voyez ce qu’il se passe.
Eh oui: non seulement vous êtes (pratiquement) le seul à respecter la consigne, mais oh combien vous vous faites regarder de travers… Vous avez même droit, de temps en temps, à un vulgaire signe.
Pourtant, et dites-vous bien une chose: on s’habitue rapidement à une vitesse réduite dans les zones de construction. Au point où ceux qui roulent à 100km/h, voire à 120km/h vous apparaîtront tous des fous du volant.
De surcroît, vous ne parviendrez guère plus tard que prévu à destination: la SAAQ rapporte que pour chaque kilomètre où vous ne respectez pas la limite imposée et continuez de rouler à 100km/h, vous allez «gagner»… 9 secondes.
Nous répétons: 9 secondes d’épargnées pour chaque kilomètre où vous ne respecterez pas la consigne. Est-ce que ça vaut le stress et – surtout: voire le risque?
Si ce n’est pas pour votre portefeuille…
Certes, on peut vouloir respecter les limites de vitesse pour s’éviter l’ennui – et le coût – d’une contravention. Mais diminuer sa vitesse dans une zone de travaux routiers, c’est aussi une marque de respect envers ces travailleurs qui, n’ayons pas peur des mots, risquent quotidiennement leur vie à côtoyer des bolides filant à vive allure.
L’automobiliste qui lève le pied réduit substantiellement les risques qu’une perte de contrôle de son véhicule ne vienne tuer les ouvriers – ça, tout le monde le sait.
Mais ce qu’on sait moins, cela réduit aussi les risques posés par ces cailloux ou graviers qui, plus nombreux sur une chaussée en réparation, peuvent s’élancer sous la force d’un pneu et blesser gravement les travailleurs.
S’il pleut ou si le brouillard se lève, diminuer sa vitesse aux limites prescrites ne suffit pas: mieux vaut ralentir encore plus. En effet, le champ de vision du conducteur, déjà fort achalandé dans une zone de construction par beau temps, ne pourra que s’amoindrir sous l’ondée ou le crachin. Avec une vitesse de croisière résolument diminuée, les obstacles peuvent alors être vus et… évités à temps.
Nouvelle configuration: surprise!
Un chantier autoroutier, de par sa nature, vient grandement modifier le paysage habituel. Les voies sont inégales et elles sont parsemées de débris ou encore couvertes de traînées de boue. Parfois, elles sont sensiblement plus étroites. Des obstacles temporaires en jouxtent les abords, jouant des tours à la vision périphérique du conducteur qui n’est pas attentif à la situation.
Surtout, la configuration des passages peut être modifiée à plusieurs reprises au cours de la saison – et malheureusement, les automobilistes qui tiennent le tracé pour acquis se font surprendre.
Même chose pour la signalisation, qui évolue avec l’avancement du chantier: parce qu’ils sont temporaires, les panneaux indicatifs sont plus difficiles à apercevoir et à déchiffrer que la signalisation permanente et familière.
Le mot d’ordre, alors? Vigilance. On trouve que 80km/h, ça roule à vitesse de tortue? Vous nous en donnerez des nouvelles s’il vous faut freiner brusquement pour éviter des équipements lourds susceptibles de surgir à tout moment…
Et de grâce, remettez à plus tard l’engloutissement de ce muffin ou cette conversation au cellulaire (en dispositif mains-libres, bien sûr). Même Superman ne pourrait mener ces actions de front tout en analysant efficacement ce qui se passe devant.
Se garder une petite gêne
Gouverner son véhicule dans une zone de construction routière devrait être comme de déambuler dans la foule: mieux vaut se garder une petite gêne. Entourés d’inconnus, on se conserve un espace raisonnable, non? Alors, même chose avec sa voiture vis-à-vis les obstacles inhérents à un chantier autoroutier, de même qu’avec les travailleurs qui y bossent et… les autres véhicules qui circulent tout autour.
S’il vous fallait freiner brusquement, la manœuvre est d’autant plus sécuritaire quand deux ou trois secondes de distance séparent votre véhicule des autres. Et plus encore s’il s’agit, à quelques mètres de votre pare-chocs arrière, d’un poids lourds qui, loi de Newton oblige, requiert une plus grande distance pour s’immobiliser…
Un conducteur pas mal moins gêné se montre impatient, voire vous colle au train? Avouez: soit on a le réflexe d’accélérer, soit l’envie folle nous prend de freiner brusquement, question de lui donner une bonne leçon de civisme.
Mais oubliez pareille idée qui pourrait se traduire par de dangereuses manœuvres d’évitement, une collision et/ou un épisode de rage au volant. Mieux vaut vous ranger si c’est possible et laisser filer l’empressé.
Au mieux, un léger toucher de la pédale de freinage pourrait faire comprendre à l’autre qu’il se montre un petit peu, oh juste un petit peu trop sans-gêne…
Angoisse versus 5-1-1
On ne s’en sort pas: qui dit chantiers routiers, dit qu’il y aura inévitablement des délais. Au lieu d’angoisser dans les bouchons et devant des ralentissements fréquents, mieux vaut partir plus tôt et, si possible, opter pour une route alternative. Pourquoi ne pas choisir une période de la journée où la circulation est moins dense? Peut-on se rabattre sur les transports en commun?
Si Transports Québec a mis sur pied son 5-1-1, ce n’est pas «juste pour le fun»: c’est pour aider les automobilistes à planifier leurs déplacements, notamment par le biais de cartes interactives et des images en temps réel fournies par les caméras du ministère.
Malgré tout, des contretemps peuvent survenir. En auquel cas, un réservoir d’essence bien plein vous évite d’avoir à vous inquiéter du prochain mouvement de la circulation qui mènera à la station de service la plus près…