Mon pays... C'est aussi les travaux routiers!
« Si la limite est de 100km/h, que tu roules à 130km/h… mais que tout le monde te dépasse, c’est que tu vis au Québec, » dit encore une blague qui nous raconte bien.
Et on ne peut qu’acquiescer : il existe une bonne proportion de nos automobilistes qui est bien peu respectueuse des limites de vitesse.
Avec l’été qui amène son lot de chantiers routiers, provoquant délais et bouchons de circulation, la mauvaise habitude se fait encore plus sentir.
Pour s’en convaincre, il suffit de tester la chose à l’une des 1715 zones routières de construction qui sont déployées ou qui se déploieront au cours de l’été 2009 (pour un investissement record de 3,7$ milliards).
Ainsi, tentez de respecter la limite de vitesse sur la 50 en Outaouais, là où l’autoroute doit être prolongée de 36 kilomètres;
Tentez de respecter la limite à l’approche du nouveau pont de la route 25 qui reliera Montréal à Laval;
Tentez de respecter la limite sur la route 175 qui ajoute deux voies supplémentaires à la traversée de la Réserve faunique des Laurentides;
Tentez de respecter la signalisation aux échangeurs montréalais Dorval, Turcot, Laurentides, Décarie, Anjou, Saint-Pierre, qui subissent tous une mise à niveau bien nécessaire.
Que constatez-vous? Si vous, vous vous soumettez pieusement aux limites de vitesse, vous êtes malheureusement l’un des trop rares automobilistes à le faire.
En effet, bon nombre de conducteurs vous dépassent à 20km/h, voire 30km/h au-delà de la limite prescrite. Ils osent même vous faire les gros yeux comme si c’était vous qui étiez en tort. Et on ne parle pas de ceux qui sont encore plus vulgaires dans leur gestuelle…
Pourtant, les limites de vitesse imposées à l’approche des chantiers routiers de construction le sont pour une bonne raison.
Pour deux bonnes raisons, en fait : la sécurité des usagers sur le réseau, mais aussi celle des ouvriers qui travaillent à son amélioration.
En 2006 (les plus récentes statistiques disponibles, semble-t-il), la Sûreté du Québec a recensé 284 accidents dans les zones de travaux routiers au Québec, accidents qui ont fait 402 victimes, dont six décès. Sans surprise, cet été encore, la police provinciale sera très présente afin d’inciter les conducteurs à lever le pied à l’approche des chantiers.
Mais levier le pied n’est pas suffisant. Il y a d’autres actions que les automobilistes peuvent – et doivent poser afin d’assurer la sécurité routière de tous. Comme d’être attentif, de se ménager un espace et de partir à l’avance, entre autres.
Voici donc l’ABC du parfait conducteur en cette saison des… Travaux routiers.
Une attention de tous les instants
Les chantiers de construction, c’est bien connu, viennent défigurer le paysage… et la configuration des routes. Leurs voies sont plus étroites, des obstacles temporaires en parsèment les abords et, surtout, des ouvriers y besognent tout près. Le parfait automobiliste doit donc demeurer vigilant et ce, à tout moment.
Parce que la configuration des voies peut être modifiée à plusieurs reprises au cours des travaux, il convient de ne pas en prendre le tracé pour acquis. Même chose pour les panneaux de signalisation, qui peuvent évoluer selon l’avancement du chantier. Et il faut se montrer d’autant plus attentif qu’ils sont temporaires, donc moins faciles à apercevoir et à déchiffrer que la signalisation permanente et familière.
En traversant une zone de construction routière, il faut se rappeler que des équipements lourds peuvent à tout moment en entrer ou en sortir. Il faut demeurer concentré sur la route et l’idéal serait de remettre à plus tard l’engloutissement d’un muffin ou la conversation au téléphone cellulaire (en dispositif mains-libres, bien sûr).
Il serait également fou de s’imaginer pouvoir insérer un CD dans le lecteur tout en évaluant efficacement ce qui se passe devant.
Aussi, il faut prévoir que les voies de circulation qui traversent un chantier routier peuvent être inégales, parsemées de débris ou encore couvertes de périlleuses traînées de boue, vibrant témoignage des travaux. La prudence s’impose.
Comme dans sa bulle
Un peu comme dans la foule, l’automobiliste qui gouverne son véhicule à travers une zone de construction doit se garder une petite gêne. C’est-à-dire qu’il doit ménager un espace raisonnable entre son véhicule et les obstacles inhérents au chantier, tels les barrières, les cônes et, surtout, les travailleurs.
Même chose avec les voitures qui roulent tout autour. En cas de freinage d’urgence, la manœuvre sera beaucoup plus sécuritaire si deux ou trois secondes de distance séparent les véhicules – et plus encore s’il s’agit de poids lourds qui, loi de Newton oblige, requièrent une plus grande distance pour s’immobiliser.
Idéalement, il faut éviter de dépasser. Et aussi se dire que si l’on est des plus attentifs à la route, ce n’est sans doute pas le cas des autres conducteurs. Il faut alors prévoir les mauvaises surprises, comme l’ignoble qui a décidé de doubler par la droite, dans l’accotement…
Derrière, le conducteur se montre impatient et colle au train? Accélérer n’est pas une bonne idée. Enfoncer les freins? Encore moins : voilà qui pourrait entraîner de dangereuses manœuvres d’évitement, une collision ou encore un épisode de rage au volant. Si c’est possible, mieux vaut se ranger et laisser filer l’empressé.
C’est impossible? Peut-être qu’un léger toucher de la pédale de frein fera comprendre à l’autre qu’il se montre un petit peu, oh juste un petit peu trop impoli.
En tout temps, il faut se souvenir que la courtoisie au volant est de mise… même envers ceux qui sont tout sauf courtois.
À bas le stress
On ne s’en sort pas : chantiers routiers égalent délais. Au lieu de s’angoisser devant les bouchons de circulation et les ralentissements fréquents, mieux vaut partir plus tôt.
Mieux encore : peut-être qu’une route alternative permet d’éviter la zone? Et pourquoi pas choisir une période de la journée où la circulation est moins dense? Peut-on se rabattre sur les transports en commun?
Le ministère des Transports du Québec a mis sur pied une ligne téléphonique info-routière, le 5-1-1 (ou 1-888-355-0511), de même qu’un site Internet (www.quebec511.gouv.qc.ca) afin de mieux planifier ses déplacements.
Malgré tout, des contretemps peuvent survenir. En auquel cas un réservoir d’essence bien rempli évite d’avoir à s’inquiéter du prochain mouvement de la circulation et de la station de service la plus près...
Il faut enfin se rappeler que le calme est roi et maître. Et on peut s’aider à bien respirer par le nez en se disant que ces perturbations qui mettent notre patience à si rude épreuve sont pour une bonne cause : des routes et des ponts en bien meilleur état pour les années à venir!
Moins vite, moins vite!
C’est sûr qu’aux premiers instants où l’on réduit sa vitesse à 80km/h sur un chantier autoroutier de construction en respect avec les limites temporaires, on a l’impression de rouler… à pas de tortue.
Mais après quelques kilomètres, on s’habitue à ce rythme – à un point tel que ceux qui roulent à 100km/h, voire à 120km/h nous apparaissent alors comme des fous du volant. De surcroît, on découvre que l’on n’arrive guère plus tard que prévu à destination, mais qu’en plus, on y parvient nettement moins stressé.
Au-delà de l’aspect sécurité routière, réduire sa vitesse dans une zone de travaux est une marque de respect envers ces travailleurs qui, n’ayons pas peur des mots, risquent quotidiennement leur vie à ainsi côtoyer des bolides filant à vive allure.
Certes, lever le pied diminue les risques d’un véhicule en perte de contrôle qui viendrait tuer les ouvriers. Mais dans une moindre mesure, cela diminue également les risques posés par ces cailloux ou gravier qui, plus nombreux sur une chaussée en réparation, peuvent s’élancer sous la force d’un pneu et venir blesser gravement.
S’il pleut ou si le brouillard se lève, réduire sa vitesse aux limites prescrites dans un secteur en construction ne suffit pas : mieux vaut ralentir encore plus. En effet, le champ de vision du conducteur, déjà fort achalandé par beau temps, ne pourra que s’amoindrir sous l’ondée ou le crachin. Avec une vitesse de croisière substantiellement diminuée, les obstacles pourront être vus et évités à temps.
Faire plaisir à son portefeuille
Pas encore convaincu de devoir réduire votre vitesse dans les chantiers routiers? Qu’il suffise alors de vous parler « argent » : le conducteur qui se fait prendre à 30 km/h au-delà de la limite de vitesse reçoit une contravention de 115$ plus frais, ainsi que deux points d’inaptitude.
Il faut toutefois dire que ce n’est pas grand-chose en comparaison à plusieurs états américains, qui doublent l’amende si l’infraction est commise dans une zone de construction. L’Iowa est encore plus sévère : 500$US d’amende pour celui qui roule 20mph (32km/h) trop vite et… 1000$US pour celui qui dépasse la limite de 26mph (42km/h).
Peut-être que le Québec devrait adopter une réglementation semblable ou, à tout le moins, appliquer sa nouvelle notion de vitesse excessive aux zones routières de construction, ce qui ferait doubler les amendes?
Une chose est sûre : il est dit qu’on vit au Québec lorsqu’on mesure les distances non pas en kilomètres… mais en heures. En contrepartie de tous ces beaux grands espaces, qu’est-ce que la patience et la prudence?
FICHE TECHNIQUE / ÉTÉ 2009*
1715 chantiers routiers au Québec
Investissements de 3,7$ milliards de dollars – un record
Ponts et structures : 793
Chaussée à restaurer : 2100 kilomètres
Emplois créés ou maintenus : 49 100 postes
* données du ministère des Transports du Québec