Les habitacles des futurs véhicules autonomes vus par des étudiants
Des étudiants en design créent l’habitacle autonome
Si vous aviez à concevoir l’habitacle de nos prochaines voitures autonomes, quelles idées émergeraient de votre réflexion?
C’est la tâche, ou plutôt le concours lancé par le constructeur français Renault, auquel une vingtaine d’étudiants en design industriel, inscrits à la renommée institution Central Saint-Martins de l’University of the Arts London, se sont attaqués ces derniers mois.
Par équipe de trois, les aspirants stylistes ont mijoté des cabines automobiles du futur qui n’ont rien à voir avec celles d’aujourd’hui. La preuve: le volant, une composante qui, de toujours, fait partie de l’équation «quatre roues», y brille par son absence…
Parmi les neuf projets présentés, nous vous détaillons ici, en mots et en photos, les trois retenus en finale. À commencer par l’Oura, qui a mérité le premier prix décerné le week-end au grand rendez-vous londonien Clerkenwell du design d’affaires, justement commandité par le partenaire de Nissan.
Pas d’habitacle, pas même de voiture!
Dans la tête des trois stylistes responsables de l’Oura, soit Lily Saporta Tagiuri, Evgeniya Chernykh et Zhenyou Gao, la voiture autonome n’a pas à s’encombrer de zones de déformation et autres mesures de sécurité.
Encore moins d’une carrosserie, voire d’un habitacle.
C’est qu’en théorie (mais faudra voir en pratique…), la voiture autonome devrait éliminer le facteur humain auquel on attribue plus de neuf accidents sur dix. Conséquence: on pourra la dénuder d’une «physicalité» qui, pour le moment, sert à absorber et protéger les occupants des impacts.
Du coup, celui ou celle qui voudra transiter du point A au point B se contentera… d’une combinaison véhiculaire personnelle.
Cette combinaison à porter répond aux contrôles gestuels, pendant que la visière du casque de sécurité affiche en tête haute la bonne vieille technologie de réalité virtuelle.
Tout juste devant ses yeux, le «pilote-porteur» peut consulter les canaux d’infodivertissement, mais aussi les interfaces reliées à son travail et, à temps perdu, le dernier tableau de Candy Crush…
L’inspiration, disent les trois jeunes femmes designers, vient de l’image d’une ballerine soulevée par son partenaire.
De fait, le «conducteur» de cette espèce d’échafaudage flexible d’acier, de fibre de carbone et de… silicone, a l’impression de flotter dans l’espace urbain, suspendu qu’il est entre deux roues. Ces dernières sont propulsées par des moteurs électriques et stabilisées par une série de gyroscopes, comme pour les Segway.
Le prototype le plus étonnant qu’il soit
Cet «autonome» du futur, un poids-plume aussi facile à garer qu’un vélo, a tellement charmé les juges, dont Anthony Lo, vice-président design chez Renault, qu’il a obtenu les illustres honneurs – et un stage dans les studios parisiens du constructeur français.
«Les trois projets finalistes ont chacun du mérite, mais nous avons particulièrement été impressionnés par l’Oura, dit M. Lo (que l’on aperçoit sur la photo ci-dessous, en compagnie des récompensées). Ses conceptrices sont allées au-delà des limites d’un véhicule et elles ont créé le prototype le plus étonnant qu’il soit.»
Ce à quoi la chef d’équipe, Lily Saporta Tagiuri, explique: «Nous avons passé des heures à dessiner et à discuter, mais je crois que ce qui nous a réellement motivées, c’est que nous avons mené ce projet pour nous-mêmes.»
N’importe où, n’importe quand, n’importe comment…
Si votre fidèle soussignée avait été l’un des juges à ce concours de design, c’est le projet finaliste SYEO qui aurait plutôt eu sa préférence – pour Share Your Extra Office (traduction libre: partagez votre bureau supplémentaire).
Ses artisans Kyunggeun Bae, Lucinda Mulholland et Calixte Ollagnier ont considéré le coût exorbitant des locaux d’affaires londoniens et ont décidé que l’habitacle de la voiture autonome pouvait fort bien servir de bureau mobile.
Voilà qui est parfait pour la petite «start-up» au budget limité, encore plus si ses dirigeants doivent se déplacer d’un (nouveau) client à un autre.
Car non seulement le pilotage automatique s’assure de mener à bon port les passagers penchés sur leurs dossiers, mais la configuration multiple des sièges gonflables et la fenestration interactive permettent, une fois à destination, de transformer la cabine en salle de conférence, de visionnement ou de groupes de discussion (focus-group).
Le SYEO est tout aussi parfait dans la mouvance des Airbnb et autres économies de partage, puisque ce bureau mobile profite aux autres, moyennant quelques sous de location, plutôt que de rester inutilisé, garé devant la porte de son chez soi.
Le futur autonome… inspiré par les années 1970
Des sièges qui s’inclinent pour la lecture, encore plus pour la sieste, un éclairage d’ambiance et des textiles électroluminescents aux teintes qui s’harmonisent à l’humeur des occupants…
… voilà ce qu’ont imaginé les designers du Phantasy, disant s’inspirer directement du designer d’intérieur danois (et psychédélique, diront certains) Verner Panton, mort il y a près de deux décennies déjà.
Cette espèce de wagon tricycle, oeuvre de Belinda Deschamps, Rui Sun et Mike Simonelli, voit ses trois sièges giratoires se métamorphoser de fauteuil jusqu’à chaise longue, selon que la destination soit une sortie nocturne en ville, une activité en plein air, voire une séance de remue-méninges pour le boulot.
Le tout peut évidemment être commandé à distance par un gadget ultra-moderne porté au poignet.
Bref, voilà le parfait véhicule-navetteur-urbain-espace-social pour relaxer, communiquer, surfer et réfléchir. Même dans les circulations les plus bouchonnées…
Et vous, quel serait votre conception d’un habitacle de voiture autonome?