Le chauffe-moteur: ne partez pas sans lui!

Dossiers
mardi, 1 décembre 2009
Question quiz pour vous : pour chaque 100 000 automobilistes qui « branchent » leur véhicule par une froide journée d’hiver, quelle quantité de carburant épargne-t-on? La réponse de CAA-Québec: l’équivalent d’un camion-citerne de 50 000 litres. Alors, imaginez si tous les Québécois «se branchaient» en hiver…

À l’hiver 2008, CAA-Québec a mené une étude exhaustive pour le compte de l’Agence d’efficacité énergétique sur l’utilisation du chauffe-moteur. Le constat général qui en ressort : le chauffe-moteur est essentiel, indispensable, in-con-tour-nable dans la Belle Province. Tous nos véhicules devraient en être équipés, de série ou par installation post-usine.

Les plus grands bénéficiaires? Le portefeuille des automobilistes, les véhicules eux-mêmes et, plus encore, l’environnement.

Mécaniquement vôtre

On l’a dit et répété : le démarrage par temps froid est l’une des pires agressions que peut subir un véhicule. Heureusement, l’utilisation régulière d’un chauffe-moteur en hiver vient adoucir cette rude mise à l’épreuve. Et à long terme, c’est la durée de vie des véhicules qui en profite.

En effet, grâce au bon vieux « block-heater », le moteur démarre à demi réchauffé et ses composantes sont alors moins sollicitées. D’ailleurs vous l’avez remarqué: par grand froid, un moteur réchauffé cogne beaucoup moins qu’un moteur qui n’a pas été branché.

Aussi, parce qu’il y a moins de contamination de l’huile attribuable à une combustion peu efficace (voir notre encadré Brrr… Ouch!), les vidanges pourront s’effectuer à de plus grands intervalles. Pour cette même raison, les véhicules munis d’un aide-mémoire électronique d’entretien pourraient voir leurs visites au service d’entretien s’espacer.

Bref, «Brancher son moteur a comme premier avantage de prolonger la durée de vie d’un véhicule», dit Pierre Beaudoin, directeur principal des Services techniques de CAA-Québec.

15% moins gourmands lorsque branchés

Pendant deux mois d’hiver 2008, CAA-Québec a étudié la consommation en carburant de cinq véhicules parcourant «à froid» une vingtaine de kilomètres, selon qu’ils étaient branchés ou non. Température moyenne enregistrée tout au long de cette expérience : -10 degrés Celsius.

Résultat : lorsqu’ils avaient été branchés, les véhicules voyaient leur consommation en essence diminuer en moyenne de 15%. Même l’hybride Toyota Prius a consommé 15% de moins lorsque branchée.

Les plus grosses cylindrées en ont davantage profité : le Jeep YJ a pu épargner jusqu’à 33%. Responsable de l’enquête, Pierre Beaudoin a d’abord douté de ce chiffre: «On a pensé s’être trompés dans notre façon de mesurer, mais non: branché, le Jeep consommait un tiers moins de carburant!»

M. Beaudoin fait cependant remarquer qu’après les 20 kilomètres du trajet donné, les bénéfices du chauffe-moteur s’estompaient parce que de toute façon, le véhicule se serait réchauffé de lui-même.

Reste qu’une économie moyenne de 15% pour les 20 premiers kilomètres, répétée sur les 112 jours de l’année au Québec où le mercure a de bonnes chances de se retrouver sous zéro, ça vous rend le chauffe-moteur bien, bien sympathique.

Un demi-réservoir épargné

Pour une petite voiture équipée de série d’un chauffe-moteur, consommer 15% moins d’essence à chaque démarrage par petit matin froid d’hiver représente, en bout de saison, une économie de 20$ (à 1,00$ le litre). C’est presque un demi-réservoir.

Pour un utilitaire doté d’un moteur V8, l’épargne double : au moins 40$ sont épargnés. Notez que les calculs tiennent compte du coût de l’électricité requise pour faire fonctionner le chauffe-moteur, soit moins de 10$ par saison pour une petite voiture, moins de 15$ pour les grosses cylindrées V8 et moins de 25$ pour les camionnettes «heavy duty».

Certes, si le véhicule n’est pas muni d’un chauffe-moteur, l’achat du dispositif (plus ou moins 200$ avec l’installation) pourrait sembler superflu. Que non: lorsque réparti sur la durée de vie du véhicule (ceux d’aujourd’hui roulent facilement une dizaine d’années), le chauffe-moteur ne représente plus qu’une dépense de 20$ par année.

Et cette dépense est vite annulée par une santé mécanique à long terme. Sans compter que la facture ne viendra pas se gonfler d’un dépannage d’urgence. «Le coût d’un chauffe-moteur vaut vraiment la chandelle», dit Pierre Beaudoin.

Plus chaud, plus vite!

Pas encore convaincu que votre voiture mérite un chauffe-moteur? Soit. Mais vous, vous en méritez bien un, non?

L’enquête de CAA-Québec prouve que de brancher son véhicule par temps froid permet à l’habitacle de se réchauffer jusqu’à 40% plus rapidement (à 18 degrés Celsius). C’est dire que l’habitacle de la voiture branchée met en moyenne que trois minutes et demie pour se réchauffer, non pas cinq minutes et demie.

Deux minutes plus vite au chaud, ça compte lorsqu’il fait -25 degrés Celsius!

Qui plus est, un véhicule réchauffé permet un dégivrage plus rapide de son pare-brise et de ses vitres. Finis, le danger et la frustration des vitres qui s’embuent.

Beaucoup, beaucoup moins de pollution

Et l’environnement, dans tout ça? Au-delà de toutes les raisons pour lesquelles utiliser régulièrement le chauffe-moteur en hiver – économie d’essence, confort, longévité mécanique – l’environnement est de loin l’aspect qui en profite le plus.

À l’aide de tests menés sur dynamomètre, CAA-Québec a découvert qu’une voiture branchée émet 15 moins d’hydrocarbures, six fois moins de monoxyde de carbone et quatre fois moins d’azote qu’une voiture non branchée.

C’est dire que si tous les Québécois branchaient leur véhicule, des tonnes et des tonnes d’émissions ne seraient pas rejetées dans l’atmosphère. On éliminerait aussi l’impact négatif sur l’environnement (et la mécanique automobile) des démarreurs à distance, qui n’auraient alors plus leur raison d’être.

De fait, le chauffe-moteur est un tel atout environnemental que les grandes villes nordiques devraient peut-être songer à installer des bornes ici et là, question d’accommoder les automobilistes qui n’ont pas accès à une prise électrique pour leur véhicule. Un de ces jours, ces bornes pourraient également servir à la voiture électrique mais ça, c’est une autre histoire…

Un c’est bien, deux c’est mieux!

Si un citoyen recycle son carton de lait, c’est bien. Si deux citoyens le font, c’est mieux. Si tous les citoyens recyclent leur carton de lait, c’est extra!

Même chose pour le chauffe-moteur : si un automobiliste l’utilise régulièrement en hiver, c’est bien. Mais l’effort a encore plus de mérite – et d’impact – s’il est collectif.

CAA-Québec a calculé que si 100 000 personnes branchaient leur véhicule un seul jour d’hiver, c’est l’équivalent du chargement d’un camion-citerne (50 000 litres) que l’on ne brûlerait pas.

Au Québec, où il fait «hiver» 112 jours par année et où plus de quatre millions de véhicules de tourisme sont immatriculés, la réduction pourrait atteindre les deux millions de litres épargnés par saison.

Et mine de rien, à 1$ le litre d’essence, c’est deux millions de dollars qui resteraient dans les poches des automobilistes…


Trois heures suffisent

Trois heures. Il suffit qu’un véhicule soit branché trois heures pour tirer tous les bénéfices du chauffe-moteur.

Par temps très froid (-20 degrés et plus), une quatrième heure n’est pas à dédaigner, mais trois heures de courant suffiront quand même.

«Ne branchez jamais votre voiture plus de trois heures, voire plus de quatre heures lorsqu’il y a une vague de froid, dit Pierre Beaudoin. Notre enquête montre que c’est tout à fait inutile.»

CAA-Québec a en effet découvert qu’au-delà du temps prescrit, le liquide de refroidissement d’un véhicule ne se réchauffera pas davantage et de l’électricité est alors gaspillée.

D’ailleurs, pour éviter ce gaspillage d’électricité, rien de mieux qu’une minuterie qui commande l’arrivée du courant au bon moment.

Sous zéro

CAA-Québec recommande l’utilisation du chauffe-moteur dès que le point de congélation est atteint. «Dès qu’il fait zéro Celsius, il y a un gain à brancher son véhicule, dit encore M. Beaudoin. Souvenez-vous d’une chose: ça ne vous coûtera jamais plus cher d’électricité que d’essence.»

Ceux qui ont accès à une prise électrique à leur lieu de travail ont aussi avantage à «se brancher» trois heures avant le retour à la maison. Ainsi, ils économiseront du carburant (en moyenne 15% sur un trajet de 20 kilomètres) deux fois plutôt qu’une.

Brrr… Ouch!

Le démarrage par temps froid use prématurément les composantes d’un véhicule. Lorsque froide, l’huile qui doit lubrifier les pièces est épaisse et ne circule pas bien. Le moteur doit alors travailler plus fort pour venir à bout de la friction interne.

Aussi, le mélange carburant-air est plus riche du premier élément et la combustion est alors moins efficace. Enfin, le système d’échappement n’opère pas à son niveau optimal et, pendant de longues minutes, la pollution émise est alors très importante – jusqu’à 15 fois plus élevée pour les hydrocarbures. 

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