Il n'y a pas d'énergie verte-miracle? Toyota et Québec sont d'accord, mais...

Dossiers
vendredi, 17 juin 2016
Toyota a présenté au Québec hier sa Mirai à hydrogène, martelant qu'il n'y pas que les voitures électriques pour «décarboniser» les transports. Notre ministre de l'Énergie est d'accord: il y a le gaz naturel, aussi...

Pour la deuxième fois en autant de mois, le Québec discoure sérieusement d’hydrogène. Peut-être pas autant que ne le voudraient les constructeurs automobiles engagés dans ce type «d’autoroute verte» (Toyota, mais aussi Hyundai et Mercedes-Benz), mais c’est un début.

La première fois qu’on a entendu hydrogène dans nos sphères provinciales, c’était un tout petit mot lâché par le premier ministre Couillard au dévoilement de la Politique énergétique 2016, résumée ici en quatre points automobiles.

Essentiellement, il s’agissait d’annoncer un projet-pilote de stations-service multicarburants.

Puis hier midi, dans le Vieux-Port de Montréal, c’était au tour du ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Pierre Arcand, de proclamer que l’hydrogène pouvait jouer un rôle dans «l’écolo-gisation des transports».

Difficile pour lui de faire autrement: il était l’invité de marque de La Place de l’hydrogène au Québec, une conférence d’affaires commanditée par Toyota et organisée par… l’Institut de recherche sur l’hydrogène de l’Université de Trois-Rivières.

HeapMedia375978

Ceux et celles qui attendaient une quelconque annonce «infrastructures» de la part du gouvernement auront été déçus. Car dans sa besace, le ministre Arcand n’avait pas d’annonce (supplémentaire) de projet-pilote, pas de dévoilement d’un plan d’approvisionnement «H», pas même de promesse autre que celle déjà faite: favoriser l’implantation de stations-service multicarburants d’ici 2030, voire les imposer par la suite.

Même que dans son discours devant un parterre visiblement pro-hydro…gène, le politicien a plutôt rappelé les grandes lignes de son projet de loi sur la Politique énergétique 2030 québécoise, qui ouvre la porte sur plusieurs sources possibles d’énergie propre, notamment celle issue de nos «matières résiduelles» – une façon polie de désigner nos vidanges.

Au terme de son allocution, le ministre Arcand a par ailleurs confié à l’auteure de ces lignes que «des stations multicarburants, ça veut dire essence, hydrogène, électricité, mais aussi biocarburants, propane et/ou gaz naturel… Bref, de tout ce que le consommateur voudra.»

Il a ensuite repris que la réduction des émissions polluantes passe par moult solutions, telle la Route Bleue qui fournit du gaz naturel à l’industrie du camionnage – «et si l’hydrogène peut y jouer un rôle, eh bien tant mieux!»

HeapMedia375973

Est-ce que les représentants de Toyota Canada, qui avaient fait venir du Japon pour l’occasion le père de la Toyota Mirai lui-même, Katsuhiko Hirose-san (à gauche sur notre photo), sont repartis déçus de ne pas s’être fait promettre à tout le moins quelques stations de ravitaillement dans un proche avenir?

Non. Stephen Beatty (à droite sur notre photo), vice-président de la division canadienne du constructeur, a vu comme une bonne nouvelle l’entrebâillement de quelques centimètres à la port(ièr)e gouvernementale québécoise, «pourtant totalement fermée il n’y a pas six mois» sur l’hydrogène.

Autrement dit, peut-être qu’un jour, possiblement, éventuellement…

… la Toyota Mirai à piles combustibles rejoindra le seul et unique véhicule à l’hydrogène actuellement commercialisé au Canada (quoiqu’en location seulement, et uniquement en Colombie-Britannique et en Ontario): le Hyundai Tuscon Fuel Cell.

HeapMedia375979

Dans un ordre d’idées parallèles, l’événement d’hier a permis à Toyota de faire débarquer trois de ses nouveautés en sol québécois, en marge du EVS29, ce grand symposium international sur les véhicules électriques qui s’ouvre ce dimanche à Montréal:

  • Sa seconde génération de Toyota Prius Prime rechargeable, prévue débarquer chez nos concessionnaires d’ici la fin de l’année avec une frugale consommation (annoncée) de 1,96eL/100km;
  • Et sa si sympathique Toyota i-Road, la seule voiture 100% électrique à militer dans le giron Toyota/Lexus, remarquez bien.

Il faut savoir que chez Toyota, on ne mise pas sur les véhicules 100% électriques, comme on les connaît avec les Nissan Leaf et autres modèles Tesla, mais plutôt sur celles propulsées à l’hydrogène (cela dit, quand même considérées comme des électriques, en raison de leurs piles combustibles qui fabriquent à bord leur propre énergie).

Comme on vous le disait ici, si la compagnie à l’origine de la révolution hybride qui a cours depuis deux décennies – et qui a vendu 90% des presque 10 millions de ces autos à essence-électricité cédées à travers le monde – parle d’hydrogène, eh bien on serait fou de ne pas l’écouter.

Saviez-vous que…

… l’Université du Québec à Trois-Rivières est le seul endroit dans toute la Belle Province à disposer d’une station publique de ravitaillement en hydrogène?

HeapMedia375970

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.