Hybrides: le Québec est à la traîne

Dossiers
samedi, 10 mars 2007
Le Québec se targue d’être « vert », mais ses préoccupations environnementales ne se traduisent guère par l’achat de véhicules hybrides. En fait, si les Québécois achètent moins d’hybrides que ne le voudrait leur représentation dans le marché canadien, c’est qu’ils sont déjà les champions nord-américains de la petite voiture.

Bon an, mal an, la belle province enregistre le quart des ventes automobiles canadiennes. Logiquement, l’an dernier, elle aurait dû acquérir 2170 des 8679 hybrides vendues au pays. Que non: elle en a acheté à peine 16% (1385 hybrides).

Toujours l’an dernier, Toyota, le plus important distributeur de véhicules à propulsion électrique au monde, a écoulé 3% de ses modèles en variante hybride au pays.

Au Québec, ce ratio n’a été que de 1,6%.

Les ventes d’hybrides sont pourtant en forte progression : 68% d’augmentation l’an dernier au pays, contre 58% au Québec. La firme J.D. Power prévoit d’ailleurs que ces véhicules représenteront 2% du marché canadien d’ici la fin de la décennie. Ils constituent actuellement 0,5% du marché canadien et 0,3% du marché québécois.

Selon George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA), si le Québec ne suit pas la progression nationale et demeure sous-représenté au chapitre des hybrides, c’est que ses automobilistes y conduisent déjà « des petits véhicules ».

« Nous avons déjà fait un bon bout de chemin en ‘sur-achetant’ moins qu’ailleurs, dit M. Iny. Je dirais même que nous avons trois à cinq ans d’avance sur les autres régions d’Amérique. »

Le Québec est effectivement le champion nord-américain des petites économiques en carburant. Une fois sur deux, il achète une sous-compacte ou une compacte, contre un peu moins d’une fois sur trois ailleurs sur le continent.

Conséquence : « Nous ‘roulons’ déjà des moteurs quatre cylindres qui brûlent plus ou moins 8L/100km en carburant, dit George Iny. L’économie d’essence potentielle n’est donc pas très marquée avec une hybride qui consomme, peut-être, 6,5L/100km. »

Si la province francophone roule plus ‘écologiquement’ qu’ailleurs en Amérique du Nord, c’est qu’elle y est la plus imposée et la plus taxée, soutient Geoff Helby, directeur national de comptes chez J.D. Power et Associés, à Toronto. Voilà qui la rend très chatouilleuse à l’égard du coût de ses véhicules et de leur consommation en carburant.

À preuve : la transaction automobile moyenne au Québec est généralement de 10% inférieure à la transaction automobile moyenne pour l’ensemble du Canada, rapporte la firme DesRosiers Automotive Consultants.

« Le Québec est un marché très sensible aux prix, confirme Richard Cooper, directeur général chez J.D. Power. Il est donc très difficile pour ses automobilistes de justifier l’investissement hybride. »

En effet, un véhicule à propulsion électrique demande plusieurs milliers de dollars de plus que sa contrepartie dotée d’un seul moteur à combustion. Selon J.D. Power, la transaction moyenne dans la région montréalaise pour une Honda Civic 2006 a été de 21 447$; la transaction moyenne pour sa version hybride s’est élevée à 26 222$.

Ces presque 5000$ supplémentaires sont-ils facilement récupérables en économie d’essence? Pas toujours : même si elles sont les moins ‘énergivores’ de leur catégorie, les hybrides n’atteignent pas toujours le rendement énergétique promis par leurs constructeurs, découvrent peu à peu les automobilistes.

Au Québec, le phénomène est particulièrement vrai en hiver : « Lorsque le mercure chute sous zéro, les batteries du système électrique sont moins performantes et l’hybride se transforme principalement en véhicule à essence, explique M. Iny. Chez nous, la voiture n’atteint donc pas son plein rendement et ce, plusieurs mois par année. »
        
Les hybrides resteront-elles lettre morte dans la province francophone? Il faudra voir, maintenant que le dernier budget du gouvernement en a fait passer le remboursement de la TVQ de 1000$ à 2000$. La mesure incitative devrait coûter 2$ millions pour l’exercice 2008-2009.

Ce remboursement ne s’applique toutefois qu’aux hybrides promettant une consommation de moins de 6L/100km. Voilà qui exclut la moitié des véhicules hybrides actuellement offerts, notamment les utilitaires Ford Escape Hybrid, Toyota Highlander Hybrid et Lexus RX400h.

George Iny croit malgré tout que les ventes d’hybrides augmenteront au Québec : « Au-delà de leur système de motorisation, les hybrides sont de très bons véhicules, offertes par des constructeurs qui sont respectés. Surtout, le nombre de leurs modèles disponibles sur le marché est en constante hausse. »

En effet, d’un premier modèle en 1999 (la Insight, aujourd’hui disparue du catalogue Honda), l’offre hybride est passée cette année à une dizaine de modèles et devrait être d’une quinzaine de modèles en 2008. De fait, « les véhicules hybrides ne sont plus le prochain ‘bing-bang’, conclut Dennis DesRosiers, président de la firme qui porte son nom. Ils sont devenus communs au point où l’on attend des modèles à grand volume qu’ils offrent une variante hybride. »


Au Québec : dans les p’tits pots…

Le Québec les aime « petites ». Les quatre véhicules les plus vendus dans la belle province en 2006 sont les Honda Civic, Mazda3, Toyota Yaris et Toyota Corolla. La camionnette Ford F-150, pourtant le véhicule le plus vendu au Canada l’an dernier, a dû se contenter chez nous d’un 7e rang.


Véhicules hybrides actuellement sur le marché
Ford Escape Hybrid
Honda Civic Hybrid
Honda Accord Hybrid
Lexus RX400h
Lexus GS450h
Nissan Altima Hybrid (chez les concessionnaires en mars)
Saturn Vue Green Line
Toyota Camry Hybrid
Toyota Highlander Hybrid
Toyota Prius

À venir sous peu
Ford Fusion Hybrid
Lexus LS600h L
Saturn Aura Green Line
Chevrolet Malibu Hybrid

 

 

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