Hummer: Hollywood, déchéance... et maintenant communisme!
Et voilà le symbole anti-environnemental est cédé à une compagnie chinoise! Non mais, qui aurait cru il y a dix ans, lorsque GM a acquis les droits Hummer aux mains de AM General, que le véhicule américain aux consonances militaires par excellence se retrouverait propriété… communiste?
Mais d’abord, voulez-vous bien me dire ce que les Chinois en feront, de la marque Hummer? On dit que l’acheteur Tengzhong, un fabricant de machinerie qui n’a aucune expérience automobile, veut profiter d’un transfert de technologies. Encore faudrait-il que les H2 et H3 soient au sommet de leur art…
Ce n’est pas le cas. Et je me rappelle comme si c’était hier l’arrivée du premier H2 au Québec. J’avais le véhicule – d’un jaune canari bien vibrant… – en essai pendant la période des Fêtes 2002. Ce que j’étais aux anges! À l’époque, un Hummer était parmi ce qu’il y avait de plus « hot » sur la route. J’allais vite déchanter…
Contravention et choc à la pompe
Première constatation : l’espace à bord n’était pas aussi généreux qu’escompté et ce, malgré des dimensions extérieures monstres. Si monstres que je n’avais pu trouver à me garer au centre commercial un 24 décembre – vous savez, ce dernier cadeau qu’il faut dénicher avant que les magasins ne ferment?
J’avais donc laissé « mon » gros H2 dans une aire interdite. Et, évidemment, en moins de deux, j’avais hérité d’une belle contravention.
Autre choc financier indésirable, cette fois à la pompe : il m’en avait coûté plus de 100$ pour faire le plein. Et j’avais à peine poussé ce V8 de 6,2L sur moins de 500 kilomètres… Cette semaine-là, ma station-service en avait vus, des « bruns » sortir de mon portefeuille.
Bon, vrai qu’aujourd’hui, tous les propriétaires de gros utilitaires vous diront que 100$ le plein, c’est la norme. Mais en 2002, le litre d’essence ne flirtait pas encore avec le dollar. Même qu’on commençait tout juste à pousser les hauts cris parce qu’il atteignait les 70 cents…
Ceci dit, on n’a jamais pu connaître la consommation officielle en carburant du H2. En effet, GM n’a jamais eu à la dévoiler, le véhicule n’étant pas considéré comme « léger » (!). D’ailleurs, si vous consultez les Guide de consommation de carburant annuels publiés par Ressources naturelles Canada, vous n’y trouverez jamais le H2.
Séances de pelletage : abonnement requis
Au-delà des regards excités recueillis partout sur notre passage en 2002 (c’étaient surtout les hommes qui s’enthousiasmaient pour le Hummer), ma semaine en H2 m’avait grandement laissée sur ma faim « hors piste ».
Non mais, avec un Hummer, on s’attend à pouvoir passer presque partout, n’est-ce pas?
Mauvaise réponse : avec un H2 de plus de 3000 kilos, on ne passe pas, point à la ligne.
Dans les sentiers enneigés de mon petit village laurentien, il avait fallu des pelles pour sortir le véhicule d’un vilain pétrin. Pourtant, je suis 100% sûre qu’un Jeep Grand Cherokee aurait cavalé sans mal là-dedans.
Quelques jours plus tard, un simple banc de neige haut d’à peine trois pommes (bon, peut-être quatre?) avait freiné mon mastodonte. Encore là, séance de pelletage… et rigolade chez les curieux qui ont eu le malheur (pour moi) de passer dans le coin. Ouch mon orgueil!
Même sept longues années après ces mésaventures, sachez qu’au resto du coin, j’en entends encore parler, de mon Hummer jaune mal pris...
Star un jour, en disgrâce le lendemain…
Si le Hummer a connu son heure de gloire, c’est grâce aux Arnold Schwarzenegger et autres stars hollywoodiennes qui lui ont d’abord fait la fête.
Mais en moins de temps qu’il ne faut pour crier « environnement » (ou pour crier « ayoye, l’essence est à 1,50$ le litre », mais bon, ça, c’est beaucoup trop long…), la marque est devenue symbole de mauvais goût et de non respect de la planète.
Sept ans, seulement; dans un monde où tout va trop vite, c’est digne du TGV!
Il y a tout juste un an, des journalistes de Newsweek ont conduit un H2 dans les quartiers à la mode de Los Angeles. But visé par cette opération : tester les réactions.
Et des réactions, il y en a eu : moues dégoûtées, doigts du milieu levés, sillons tracés par des clés sur la carrosserie…
Un concessionnaire Toyota de Santa Monica a même décrété qu’il accepterait d’échanger le H2 (prix de départ : 64 000$US) contre une hybride Toyota Prius (moitié moins dispendieuse)… à condition qu’on lui verse 25 000$US en surplus! Ça, c’est de la dépréciation!
« Le Hummer est désormais perçu comme un véhicule arrogant, obèse, militarisé et narcissique », écrivait alors Newsweek.
Et de conclure que personne ne se souvenait d’un bien de luxe ayant subi une discréditation aussi rapide…
Hummer : « aubaine » à 25 000$!
Canadian BlackBook soutient qu’un Hummer H2 vieux de quatre ans valait 33 000$ sur le marché de la revente le mois dernier, soit moitié moins que son coût d’acquisition en 2005.
Selon Josh Bailey, gestionnaire principal chez Canadian BlackBook, la transaction qui fera passer Hummer au groupe chinois Tengzhong (et qui reste encore à être approuvée) devrait faire encore un peu plus mal au H2 avec une valeur de revente, pour octobre 2010, estimée à 25 200$.
M. Bailey ne prédit pas de dévaluation plus drastique tant et aussi longtemps que GM assurera la production des véhicules Hummer. « Cependant, si la production déménage en Chine, une dépréciation plus grande surviendra jusqu’à ce que l’on obtienne une preuve de la qualité de fabrication à laquelle nous sommes habitués, » conclut l’expert.
Ventes de Hummer au Canada
Année H2 H3 H3T
2002 424 -- --
2003 872 -- --
2004 498 -- --
2005 502 1 250 --
2006 321 1 681 --
2007 277 992 --
2008 167 583 62
2009 (à date) 85 141 234
Total : 3146 4647 296 = 8089 Hummer vendus au Canada depuis 2002