Hors-route en Land Rover: le café n'a pas "toughé"

Dossiers
jeudi, 12 août 2010
Ça faisait longtemps que je n’avais posé une fesse dans un Land Rover. Mes souvenirs étaient ceux d’une conduite si moelleuse et déconnectée de la route qu’un café pouvait tenir dans son porte-gobelet sans qu’une goutte ne s’en épande. Eh bien, cette fois… c’est le café qui a perdu!

Pour des retrouvailles (ou une première rencontre) mémorables avec la marque automobile britannique, rien ne vaut une virée hors des sentiers battus dans la belle région de Montebello.

Montebello, c’est là où se trouve l’une des cinq écoles internationales de conduite Land Rover – les quatre autres sont situées au Vermont, en Californie, en Caroline du Nord et en Angleterre.

Montebello, c’est aussi un hôtel de bois rond de 211 chambres (aujourd’hui géré par la chaîne hôtelière Fairmont) et qui constitue la plus grande structure de bois du monde. Quand même!

Montebello, enfin, c’est 65 000 acres de pourvoirie Kenauk où chasseurs et pêcheurs s’en donnent à cœur joie. De cet immense territoire, une toute petite partie (oh, à peine 2000 acres…) est réservée à l’Expérience Land Rover afin que les véhicules utilitaires de la marque y circulent en toute sécurité.

À date, le café va bien…

Quoique ‘circuler’ et ‘sécurité’, dans l’aventure qui nous concerne, sont de bien grands mots et nous y reviendrons plus tard. Commençons d’abord par faire un tour au Château afin de nous procurer un café, que nous déposons soigneusement dans le porte-gobelet central de notre LR4. Sans couvercle, s’il vous plaît; nous voulons voir si le liquide saura demeurer en place.

Vrai que sur la route qui mène aux sentiers hors-route, le café n’a rien à craindre. Nous respectons les limites de vitesse, évitons les freinages brusques et pas une goutte ne s’échappe.

Nous constatons quand même que la suspension est plus ferme et solidement plantée qu’escompté. En effet, le LR4 (qui remplace le LR3 depuis cette année) tient bien en virage, en dépit d’une garde au sol relativement élevée (jusqu’à 240mm).

Aussi, merci aux 375 chevaux de puissance développés par son V8 (5,0 litres) à injection directe, on ne se sent pas au volant d’un mastodonte disposé à accueillir 7 passagers et qui, malgré une plus grande utilisation de l’aluminium que la moyenne, fait osciller la balance à près de 2700 kilos.

Oups!

Bon, prêt pour l’aventure? Notre guide et responsable de l’Expérience Land Rover Montebello, Dominique Rochette, nous amène vers la piste-école où nous attendent quelques obstacles destinés à mettre notre LR4 dans le trouble.

En fait de trouble, c’est notre café qui en subira : dès la première montée abrupte, quelques gouttes s’épandent dans le porte-gobelet. À l’épreuve de l’inclinaison latérale, encore plus de gouttes se renversent. Ça y est, nous déclarons forfait pour le gobelet. Nous clamons le Land Rover grand gagnant du test « café » et… mettons fin au suspense en apposant un couvercle sur le tout.

Eh bien quoi? Vous trouvez qu’on abandonne vite? Que non, puisque le plaisir ne fait que commencer. Mais pas le plaisir à toute vitesse, ooooh non. Plutôt le plaisir lent et tranquille, celui qui passe par des manœuvres à la limite du nonchalant.

« As slow as possible… »

Car Dominique nous le rappelle bien : la balade hors-route, ça se fait doucement. Les compétitions de vitesse, c’est sur les circuits automobiles que ça se fait. Ici, on roule « as slow as possible, but as fast as necessary ». Et on laisse le véhicule travailler de lui-même – il sait tellement plus que nous ce qu’il a à faire…

D’ailleurs, notre guide nous lance un défi : ne pas cogner. De quoi nous inciter à y aller encore plus mollo. Et il ajoute, question de nous donner un aperçu de la difficulté de la tâche : « Rares, très rares sont les personnes qui participent à notre Expérience sans cogner. À celles-là, j’ai toujours envie de leur offrir le cours gratuitement… »

Voilà un bien beau cadeau, quand on pense qu’une leçon théorique d’une heure coûte 250$ (par véhicule) et qu’une journée d’aventure complète va chercher dans les 1200$!

Faire la vague

Pour faire en sorte que tout se passe dans la plus grande des douceurs, nous adoptons, sur la suggestion de Dominique, la technique du freinage avec le pied gauche, pendant que le pied droit maintient une certaine pression sur l’accélérateur. Pas toujours linéaire, le freinage côté cœur…

Devant nous, une marre brunâtre attend de salir nos bas de portières. Nous nous y enfonçons prudemment, jusqu’à ce que nous entendions l’eau grésiller sur les éléments chauds de notre véhicule. Puis, on accélère – c’est l’une des rares fois de toute la journée où il nous faudra accélérer. Le truc, ici, c’est de rouler suffisamment vite pour qu’une vague se déploie devant notre calandre; ça garde l’eau plus basse à notre niveau et ça nous facilite le passage.

Plus loin, des dos d’âne décalés nous font rouler une roue dans les airs plus souvent qu’autrement. Encore là, tout réside dans des manœuvres souples et sans stress… Euh, sans stress, vraiment? Comme ça, là, avec une ou deux roues dans les airs? Oui et honnêtement, ça paraît bien pire du dehors qu’assis au volant.

Enfin, là-bas, une pente escarpée nous fait pratiquer le contrôle de descente – vous savez, ce dispositif qui vous ralentit à moins de 4km/h et auquel il faut savoir faire assez confiance pour ne point frôler les freins? Ouais, eh bien, vous m’en donnerez des nouvelles lorsqu’il vous faudra attaquer une folle descente parsemée de roches et de souches et ce, sans jamais appuyer sur les freins…

Pour les nuls

Faire du « off-road », ça vous brasse généralement le camarade et ça demande des habiletés particulières pour passer là où ça semble impraticable. On manie les rapports de transmission, on verrouille les différentiels, on passe en gamme inférieure, on fait quelques prières… et parfois, on doit sortir le treuil.

En Land Rover, l’Expérience est tout autre pour la simple et bonne raison que le véhicule fait tout, mais absolument tout pour son pilote.

Du vrai « off-road » pour les nuls, quoi…

Le plus grand atout du LR4, c’est son système quatre roues motrices permanent, le Terrain Response. C’est automatiquement que les roues s’échangent la puissance, que la suspension s’adapte aux situations, que la transmission se module, que les différentiels avant et arrière se verrouillent, que l’accélérateur varie en réactivité. On dit que plus de 300 lectures sont prises à la seconde afin que tout se passe au poil.

Tout ce que le pilote doit retenir, c’est qu’il a à choisir, d’une simple roulette au tableau de bord, le mode approprié selon qu’il se trouve sur la route, sur le gravier, dans le sable, dans la boue ou encore qu’il veuille gravir une montée de pierre.

Pas trop compliqué, avouez… Les autres commandes à la console? Bah, il y a la climatisation, les sièges chauffants et, chapeautant le tout, le système de navigation qui se transforme au gré des besoins. Un passage douteux? La caméra de recul retransmet les images prises non seulement à l’arrière, mais aussi droit devant.

Encore plus simple : lorsque le Terrain Response se met en branle, un affichage indique qui travaille comment et sur quelle roue – histoire de prouver qu’on a affaire à une belle technologie moderne et intelligente.

Et on l’admet : on a affaire à une bête pas mal douée. Et agréable à regarder, à part de ça. Avouez que cette grande silhouette carrée a un look d’enfer lorsque son imposante calandre s’extirpe des buissons…

Comme dans son salon

Autre atout d’importance pour le LR4 : la suspension à air, qui accorde plus de débattement lorsqu’on ne veut pas se laisser gêner par des obstacles plus grands que nature. Cette suspension à air fait qu’après plusieurs heures hors des sentiers battus, on a l’impression d’avoir passé une bien belle journée dans son salon, tout ce qu’il y a de plus confortable et relax.

Les passagers à bord sauront aussi se montrer patients avec le système de divertissement intégrés aux appuie-têtes, les sièges arrière qui leur chauffent le popotin et le grand toit panoramique qui les illumine de soleil.

Et patients, ils devront l’être. Car le sentier qui borde de Lac Croche, dans la réserve Kenauk, fait sept kilomètres et pour le parcourir en Land Rover, il faut … au moins trois heures.

C’est dire qu’on roule à peine à deux kilomètres à l’heure, ça. Mais pour cause : les escarpements de roches et les souches sont encore plus fréquents que les nids de poule montréalais et nous devons régulièrement batailler afin de conserver notre traction.

Une plus grande montée que les autres – la côte à Simon, du nom de l’instructeur qui y a trouvé son Waterloo… – nous donne particulièrement de fil à retordre. Prise un, prise deux, prise trois…

C’est que nous manœuvrons sur des pneus 19 pouces de série et non sur des pneumatiques tout-terrain, question de préserver la piste le plus longtemps possible. L’adrénaline monte à mesure que notre LR4 glisse sur les pierres et se rapproche dangereusement du fossé. Puis…

Ça y est! On réussit enfin à passer.

Mais la partie n’est pas gagnée pour autant. Plus loin, sans crier gare, le ventre de notre véhicule viendra cogner un amas de pierre. Le « bang » suivi d’un crissement de métal sur la roche nous fait comprendre que la manœuvre n’est pas celle qu’on aurait dû amorcer. Et que, du coup, nous venons de perdre notre défi de ne pas cogner.

Eh non : pas d’autre cours gratuit pour nous!

Qui-Quoi-Comment
QUOI : École de conduite Land Rover Expérience
OÙ : Fairmont Le Château Montebello
QUI : Land Rover LR4 2010 (V8 de 5,0 litres, puissance de 375 chevaux et 375 lbs-pi, boîte automatique six rapports avec mode manuel, quatre roues permanents Terrain Response).
QUAND : Début mai à fin novembre
COMBIEN : À partir de 250$ l’heure (jusqu’à trois participants par véhicule)
POURQUOI : Pour apprendre les techniques de base de la conduite hors-route
MAIS ENCORE : Activités corporatives ou de groupe – avec programmes tels que Mission Impossible ou chasse au trésor géo-cache.

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