Fiat pour... Fix it again, Tony?
Immanquablement, les Baby Boomers se rappelleront l’expérience passée de Fiat de ce côté-ci de l’Atlantique. Tout comme ils se remémoreront la sarcastique traduction de Fabbrica Italiana Automobili Torino en : Fix It Tony, Again…
Fiat s’est retirée de notre continent en 1983, sur fond de controverse quant à la qualité et la fiabilité de ses produits. Un vieux journaliste automobile canadien se souvient encore de cette Fiat qu’il a rendue après seulement une demi-heure d’essai: trois commandes lui étaient restées entre les mains…
Le temps a passé – 28 ans cette année – mais malheureusement pour la marque de Turin, les choses n’ont pas évolué autant que souhaité. Les sondages 2010 de J.D. Power sur la satisfaction des acheteurs d’automobiles en France, au Royaume-Uni et en Allemagne placent encore le constructeur italien aux dernières positions du palmarès... quand ce n’est pas carrément à la dernière position.
Par contre, et toujours selon ces mêmes enquêtes-clients, la Fiat 500 a réussi un tour de force en France, l’an dernier: se classer en tête des ‘City Car’, devant les Renault Twingo et Toyota Aygo.
Le pot de yaourt
Malgré la poigne du fer, ces dernières années, du charismatique Italo-canadien Sergio Marchionne, Fiat n’a toujours pas (re)trouvé ses lettres de noblesse.
Olivier Pagès, rédacteur en chef adjoint du portail automobile français Caradisiac.com, le confirme: «Fiat souffre encore de ses anciens modèles qui ont rencontré beaucoup de problèmes de fiabilité. Le constructeur a résolu ces problèmes, mais la confiance des clients est longue à retrouver.»
La bonne nouvelle, du moins pour l’Amérique du Nord?
Fiat n’est pas uniquement vue comme un constructeur qui veut s’implanter dans l’un des plus importants marchés automobiles de la planète; elle est aussi vue comme… le sauveur de l’américaine Chrysler.
Qui plus est, la compagnie nous envoie son meilleur produit: la Voiture européenne de l’année (2008) qui, depuis, s’est écoulée en 600 000 exemplaires sur le Vieux Continent.
Olivier Pagès, en direct de son bureau de La Garenne-Colombes, raconte encore: «Dès ses débuts, la Fiat 500 a rencontré le succès et apporté un gain de sympathie pour la marque. Beaucoup de gens se rappellent avec émotion la 1e génération, que l’on surnommait le pot de yaourt. Ce succès s’accompagne de la renaissance d’Abarth, la filière sportive du groupe. Tout cela a donc dépoussiéré l’image du constructeur italien.»
Prise 2 pour Fiat en Amérique
Certes, avec son look à la fois sympathique, différent des autres sous-compactes et rétro, son habitacle hautement personnalisable (une dizaine d’intérieurs offerts) et son prix sous les 16 000$ (autrement dit, le look d’une MINI au prix d’une Yaris), la Fiat 500 (construite au Mexique avec le Dodge Journey) devrait être promise au succès en Amérique du Nord.
À tout le moins à sa première année, alors qu’elle surfera sur le phénomène «nouveauté».
D’ailleurs, l’intérêt est prononcé de la part des consommateurs, ce qui n’a rien d’étonnant. Mais ce qui surprend, c’est le fait que cet intérêt se manifeste autant chez les hommes que chez les femmes, chez les jeunes que chez les Baby Boomers.
Les Canadiens (et surtout les Québécois, les plus grands amoureux de petites voitures du continent) ne manqueront pas de faire belle réception à la sous-compacte. Est-ce que les États-Unis lui feront tout aussi belle fête? On veut bien le croire : au port de San Diego, où nous avons garé nos Fiat 500 d’essai, un jeune homme dans la trentaine nous a dit vouloir se procurer la version Abarth dès son arrivée sur le marché, l’an prochain.
Sa mère n’attendra pas aussi longtemps : elle devrait se procurer une Fiat 500 dès qu’elles seront mises en vente, soit au cours des prochaines semaines.
Une (autre) icône automobile
Entre nostalgie et ‘hip hop’, la Fiat 500 sera-t-elle le dénominateur commun qui fera le pont entre les générations? Peut-être.
Mais reste que ces dernières années, les «icônes» automobiles ont moins eu la cote. La MINI s’échange annuellement au Canada à moins de 5000 unités et si la marque connaît une croissance (6% l’an dernier), c’est parce qu’on n’en compte plus les variantes, lancées les unes à la suite des autres afin de maintenir l’intérêt.
La Smart ForTwo? Attendue avec frénésie aux États-Unis alors que les prix de l’essence atteignaient des records, elle n’est plus que l’ombre d’elle-même avec des ventes en chute de 60% l’an dernier chez nos Voisins du Sud (en baisse de 25% au Canada).
Par ailleurs, la Volkswagen New Beetle n’a-t-elle pas été rapidement – et négativement –perçue comme un ‘chick car’? Et on sait ce qu’il est advenu du PT Cruiser : après dix ans et plus de 1,3 million d’unités, Chrysler en a tiré la ‘plogue’.
Le rétro : encore ‘in’?
Révolue, la tendance rétro? Il faudra voir. Mais Laura Soave, directrice pour Fiat en Amérique du Nord (une Italienne transfuge de Volkswagen, soit dit en passant), croit que la 500 connaîtra un sort plus réjouissant :
« Primo, nous ne visons pas les volumes de la Honda Civic – plutôt un volume annuel de 50 000 unités, avec une capacité de production pouvant atteindre le double. Et deuxio, nous ne ferons pas l’erreur de Smart, qui a uniquement misé sur l’aspect ‘économie d’essence’ et qui n’a pas relancé les affaires avec d’autres modèles. »
Pour tout dire, et si les choses vont bien, le rythme Fiat pourrait être aussi endiablé que celui de MINI : le cabriolet 500 est attendu ce printemps, la variante Abarth suivra en début 2012 (pensez 170 chevaux…) et on attend même une 500 électrique. Le duo Fiat/Chrysler s’est en effet mis d’accord pour que la filiale italienne soit le leader du groupe, en termes d’électrification automobile.
Oh, et 2013 devrait voir l’arrivée d’une Fiat de catégorie ‘B’ à quatre portières, sans doute un ‘wagon’. L’ébauche de ce dernier est à un stade suffisamment avancé pour que Laura Soave commente, quoique brièvement : « Ce ‘people mover’ moderne aura l’ADN de Fiat. »
Qui sait ce que Fiat pourra ensuite nous réserver?
De l’audace qui paiera?
À défaut de pouvoir prédire l’avenir de Fiat sur notre continent, tout au moins devons-nous en célébrer l’audace – l’audace d’un style qui frappe, mais aussi d’un retour en Amérique du Nord.
Certes, les plus vieux se rappelleront sans doute de Fiat comme étant le Fix It Tony, Again. Mais les plus jeunes, eh bien, ceux-là n’étaient pas encore nés lorsque Fiat s’en est retournée dans son fief italien.
Et pour eux, une Fiat 500 produite par le groupe qui possède aussi les Ferrari, Maserati et Alfa Romeo de ce monde, c’est donc ben cool…