Chevrolet Volt: L'hybride à l'envers

Dossiers
vendredi, 19 janvier 2007
Qui sait? Peut-être que le réalisateur de “Who killed the electric car?” devra se remettre à l’ouvrage et produire une autre documentaire. Celui-là s’intitulerait… «GM ressuscite la voiture électrique». Reportage lauréat du Prix Wakefield Castrol 2007 - excellence en journalisme automobile

GM a profité du Salon de l’auto de Détroit pour présenter sa Volt, un concept environnemental qui a volé la vedette.

Pas nécessairement de par son style, quoique les lignes puisées dans le giron de Cadillac, appliquées à un coupé ‘hatchback’ à l’allure sport, sont réussies.

Non, le Volt a suscité les réactions de par sa technologie E-Flex. Avec un ‘E’ comme dans ‘électricité’ et un ‘Flex’ comme dans ‘flexibilité en carburant’ : essence, diesel, éthanol ou même, un jour peut-être, hydrogène.

E-Flex : si logique

Je pourrais vous abrutir de détails techniques, mais faisons simple – parce qu’après tout, le E-Flex de la Chevrolet Volt est si logique, qu’on se demande pourquoi personne n’y avait encore pensé.

La Volt, c’est une hybride comme on les connaît, mais à l’envers. Au lieu d’être propulsée par un moteur à essence, lui-même secondé par un moteur électrique, la voiture est uniquement mue par un moteur électrique (160 chevaux).

En manque d’énergie? Un petit moteur trois cylindres turbo (1,0L) puise à même le réservoir de 54 litres de carburant, non pas pour propulser le véhicule, mais bien pour actionner un générateur qui, à son tour, renfloue les batteries.

Celles-ci, contrairement aux hybrides actuellement sur le marché, sont rechargeables à même la traditionnelle prise résidentielle de 110 volts. L’opération demande six heures; l’autonomie sur seule énergie électrique est alors de 40 miles. C’est dire que la Volt peut quotidiennement rouler moins de 64 kilomètres sans jamais avoir à visiter une station d’essence.

Pour les trajets journaliers un peu plus long, disons d’une centaine de kilomètres, le moteur à combustion doit venir à la rescousse; GM promet alors une consommation d’essence de 1,5L/100km. «Comparativement à une voiture qui consomme 7,8L/100km, voilà qui représente une économie annuelle de 2200 litres de carburant,» dit Tony Posawatz, directeur de ligne de véhicules.

Ou, si vous préférez, de 2200$ par année.

Encore une fois, pourquoi personne n’y avait pensé?

«The Perfect Storm»

En fait, on y avait déjà pensé. GM, entre autres, avec son EV1 lancé en 1996 – ce même EV1 qui tient la vedette du documentaire «Who Killed the electric car».

Ce n’est toutefois qu’après le Salon de Détroit de l’an dernier que le E-Flex a réellement vu le jour.
Rappelez-vous : Bob Lutz, vice-président de GM, admettait alors que sa compagnie avait manqué le bateau, côté hybrides. Et que le leadership environnemental et technologique de Toyota était inestimable. GM se devait de prendre le taureau par les cornes.

Curieusement, la bête ne dormait pas très loin : «J’aimerais vous dire qu’on a pensé et repensé au E-Flex, mais ce n’est pas ce qui est arrivé, dit Bob Lutz. Pour tout vous dire, nous travaillons depuis des années sur toutes sortes de programmes : moteurs électriques, piles à combustible…»

«Et tout à coup, c’est un peu comme si nous avions reculé d’un pas et avions regardé l’ensemble,» renchérit Nicholas Zielinski, chef ingénieur pour les systèmes avancés d’intégration.

Se sont alors mises en place, comme les pièces d’un casse-tête, des technologies déjà développées par GM. Notamment le système de traction électrique de l’Equinox Fuel Cell, ou encore la future plateforme globale des compactes Cobalt/Astra – l’architecture idéale pour une application urbaine comme celle de la Volt.

Le E-Flex venait de naître.

«J’appelle ça la ‘Perfect Storm’!» rigole l’ingénieur Zielinski.

400 bouteilles recyclées

Le Volt aura néanmoins permis d’explorer encore plus avant. Une collaboration avec la division Plastique de General Electric (GE) a accouché de panneaux en composite qui recyclent 400 bouteilles d’eau miniatures, et qui se font jusqu’à 50% plus légers que l’acier.

Le concept fait donc osciller la balance sous les 1500 kilos, soit plus ou moins le poids d’un Chevrolet HHR. Ce n’est pas mal, si l’on tient compte des piles qui, à elles seules, pèsent 181 kilos (ou 400 livres de beurre...).

Trop beau pour être vrai?

Trop beau pour être vrai? Pour le moment, oui.

GM l’avoue, la technologie n’est pas au point. Et la plus grande difficulté réside dans les piles.
Celles au lithium installées dans la Volt «n’assurent actuellement qu’une autonomie de 15 à 25 kilomètres, alors que nous demandons à nos fournisseurs d’en arriver à une autonomie de 64 kilomètres,» dit Larry Burns, vice-président Recherche et Développement chez GM.

Aussi, il faudra veiller à que ces piles ne produisent pas une chaleur trop élevée – sinon, il faudra concevoir un système de refroidissement. Enfin, GM veut que ces batteries survivent à 4000 recharges, et durent dix ans.

Combien de temps avant de telles percées? Et si celles-ci étaient irréalisables? «Nous faisons face à une possibilité d’échec, que j’estime à 10%,» admet Bob Lutz.

Une chose est sûre, cependant : «Nous ne ferions pas ces considérables investissements en recherche si nous n’étions pas confiants d’y parvenir,» conclut le vice-président de GM.

Questions/réponses avec…

Nick Zielinski, ingénieur en chef, systèmes avancés d’intégration, GM

Q. : Qu’est-ce qui propulse la Chevrolet Volt?
R. : Le cœur de la propulsion est un moteur électrique de 120 kilowatts (160 chevaux, 236 lbs-pi). Nous avons récupéré ce moteur du programme de développement sur le Chevrolet Equinox Fuel Cell.

Q. : Quelle est la vitesse maximale du Volt?
R. : 196 km/h (120mph), pour un 0-100km/h en 8,5 secondes.

Q. : Parlez-nous un peu de ce générateur qui monte à bord…
R. : À 53 kilowatts, ce générateur est suffisamment puissant pour recharger les batteries, même si le véhicule est en route.

Q. : Que se passe-t-il si les piles sont épuisées?
R. : Après 64 kilomètres, l’autonomie électrique étant épuisée, le moteur à combustion se met en branle et commence à recharger les piles. Une demi-heure plus tard, les piles ont retrouvé 80% de leur charge et le moteur à essence peut s’éteindre. Et ainsi de suite, pour environ 1045 kilomètres d’autonomie avant d’avoir à faire le plein en carburant.

Q. : Quel est votre plus grand rêve, avec ce Volt
R. : Que le moteur à essence soit remplacé par des piles à combustible, et le réservoir d’essence, par un réservoir d’hydrogène de 4 kg. Le Volt n’émettrait alors jamais d’émissions polluantes.

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.