Bilan de la SAAQ: voici les 13 circonstances où marcher peut vous tuer
NDLR: à moins d’avis contraire, les statistiques rapportées sont celles de la SAAQ pour la période 2011-2015. Merci à la SAAQ pour la fastidieuse extirpation des données que notre requête a imposée.
En 2016, 63 piétons ont été tués au Québec. C’est une hausse phénoménale par rapport aux 45 piétons morts l’année d’auparavant. Versus la moyenne des cinq années précédentes, c’est une inquiétante augmentation de 9%.
On aurait pu croire ce que sont les piétons le nez rivé à leur téléphone intelligent qui sont responsable de cette hausse de la mortalité.
Que non: ce sont les personnes âgées.
Est-ce parce que la population est vieillissante et qu’elle demeure active plus longtemps? Au contraire, est-ce parce que le piéton âgé voit et entend moins bien, marche moins vite et est plus à risque de ne pas se remettre d’un faux pas? Qu’il est susceptible d’être sous une médication qui diminue ses facultés?
Un peu toutes ces réponses. Car pour la période 2011-2016, si le taux s’est fixé, dans la Belle Province, à 0,7 victimes piétons décédées pour 100 000 habitants, il a été quatre fois plus élevé pour les personnes de 75 ans et plus: 2,9 (piétons morts par 100 000 habitants).
La situation est à peine plus reluisante chez les personnes âgées de 65 à 74 ans: ce groupe de piétons est le second plus à risque dans la Belle Province avec un taux de 1,2 mort par 100 000 habitants. C’est là deux fois plus de victimes piétons décédées que pour le groupe tout juste un peu plus jeune (le taux est de 0,6 pour les 55 à 64 ans).
En comparaison, le taux «n’est» que de 0,3 pour les enfants de 0 à 14 ans et pour les (jeunes) adultes de 25 à 34 ans.
La donne n’est pas que québécoise: pour l’ensemble des pays de l’Organisation de Coopération et du Développement Économiques (OCDE), plus de la moitié des piétons qui sont blessés sont âgés de 65 ans ou plus. Qui plus est, ils subissent des blessures plus graves et séjournent plus longuement à l’hôpital.
Autre statistique qui fait froid dans le dos: qu’importe l’âge, la probabilité de décès du piéton impliqué est pratiquement de 100% lorsque la vitesse d’impact avec une voiture est de 70km/h.
Cela dit, au Québec, la presque totalité (95%) des accidents avec dommages corporels impliquant au moins un piéton surviennent dans les zones routières de 50km/h et moins. Même qu’une fois sur dix, ils surviennent dans… un terrain de stationnement.
Donc, ça ferait «moins mal»? Que non: les études en sécurité routière montrent que la plage où la probabilité de décès augmente subitement est celle comprise entre 30km/h et 50 km/h. La probabilité de mourir dans un impact avec une voiture qui file à 30km/h est de 10%, mais elle grimpe exponentiellement à 75% lors d’un impact à 50km/h.
À quelle heure de la journée les marcheurs (tous âges confondus et pour toutes les régions du Québec) sont-ils le plus à risque? Entre 15h et 18h, dit la SAAQ, période où l’on enregistre le quart des accidents avec dommages corporels impliquant au moins un piéton.
Toujours selon les données 2011-2015 de la SAAQ, les piétons se font davantage tuer ou blesser les jours de la semaine que ceux du week-end. La journée la plus «sûre»? Le dimanche, avec presque deux fois moins d’accidents impliquant un piéton que pour n’importe quel autre jour de la semaine.
De fait, si l’on répartit par jour de la semaine, tous les accidents avec dommages corporels impliquant au moins un piéton, on obtient la proportion suivante: 14% le lundi, 15,8% le mardi, 15,7% le mercredi, 17,9% le jeudi (voilà donc le jour le plus risqué), 17,4% le vendredi, 10,5% le samedi et 8,7% le dimanche.
Les deux tiers des accidents avec dommages corporels impliquant au moins un piéton surviennent… par temps clair (à ne pas confondre avec la clarté du jour). Et c’est fort logique: il fait beau temps, on marche plus…
Tout à l’opposé, en pleine tempête de neige (ou de poudrerie ou de grêle), les accidents avec dommages corporels impliquant au moins un piéton ne comptent que pour 4,6% de ce type de tragédies recensées chaque année.
N’en demeure pas moins que les mois les plus dangereux pour les piétons québécois sont… non, pas ceux estivaux, mais bien ceux qui précédent l’hiver: octobre, novembre et décembre.
De fait, pour la période 2011-2015, dit la SAAQ, ce trimestre où l’on recule l’heure (lisez ici comment la noirceur qui tombe plus vite aurait des effets néfastes sur la sécurité routière) enregistre le tiers de tous les accidents corporels de l’année impliquant au moins un piéton.
En toute logique, c’est Montréal qui enregistre le plus haut taux annuel de piétons victimes, avec 63,5 victimes (blessées ou tuées) par 100 000 habitants.
Les autres régions les plus dangereuses pour les piétons sont Laval (37,4 victimes par 100 000 habitants), l’Abitibi-Témiscamingue (34,2 victimes par 100 000 habitants), la région de la Capitale (31,7 victimes par 100 000 habitants) et la Mauricie (29,7 victimes par 100 000 habitants).
Voici en détails le taux de mortalité piétonne par 100 000 habitants pour chaque région du Québec (colonne de droite).
On parle abondamment de facultés affaiblies au volant, mais qu’en est-il de l’état d’ébriété… en marchant? Là encore, c’est inquiétant: de tous les piétons décédés de 2010 à 2014 au Québec et dont le taux d’alcoolémie a été mesuré, le quart avait bu au-delà de la limite légale imposée aux conducteurs (80 mg/100ml).
De ce quart de piétons saouls qui sont morts, 76% affichaient une alcoolémie supérieure à 150 mg/100ml. Rappelons qu’aucune disposition au Code de la sécurité routière ou au Code criminel ne s’applique aux piétons en termes de facultés affaiblies.
Plutôt, ce sont les autorités municipales qui sont appelées à la rescousse, avec des amendes pour ivresse sur le chemin public ou désordre public. Mesure encourageante: la SAAQ rapporte certaines études indiquant que ce type de collisions se concentrent dans des secteurs urbains bien circonscrits, ce qui facilite d’éventuelles mesures de prévention.
En 2016, la route du Québec a fait l’équivalent de 4,2 décès pour chaque 100 000 habitants. Pour tous les détails de ce bilan routier 2016 de la SAAQ, lisez-nous ici.
Pour la période 2011-2016 au Québec, le taux s’est fixé à 0,7 victimes piétons décédées pour 100 000 habitants, mais il est quatre fois plus élevé pour les personnes de 75 ans et plus: 2,9 (morts par 100 000 habitants).
Voici le taux moyen de décès pour 100 000 habitants chez les piétons, selon l’âge (2011-2016).