Au volant: l’impatience, oui mais la rage... pas souvent

Dossiers
jeudi, 15 janvier 2004
Vendredi en fin d’après-midi, sur l’une des autoroutes encerclant la région montréalaise; plus qu’ailleurs et qu’à aucun un autre moment, vous courrez le risque d’être témoin – ou victime de l’impatience au volant. Mais de la rage au volant? Beaucoup moins souvent, voire à peu près jamais.

C’est la conclusion que la Sûreté du Québec tire de son programme « Quand l’impatience au volant conduit à l’agressivité, c’est dangereux ». En vertu de ce programme, qui a été lancé en septembre 2001 et a pris fin en mars dernier, les automobilistes étaient invités à dénoncer aux policiers provinciaux les agissements de conducteurs mettant en danger la vie ou la sécurité des usagers de la route.

Le principal but de l’exercice n’était toutefois pas d’en arriver à des arrestations ou à des constats d’infraction, dit Gilles Mitchell, porte-parole de la Sûreté du Québec. Non, il s’agissait plutôt d’«évaluer, localiser et déterminer les lieux les plus propices à causer l’impatience au volant, pour ensuite planifier localement des opérations de sécurité.»

Des solutions propres à chaque « point chaud » du réseau routier mis en lumière par le programme ont ainsi pu être planifiées. Par exemple, un tronçon de la route 132 a régulièrement été le théâtre de dénonciations pour dépassements sur voie d’accotement? Une patrouille de surveillance policière y a été dépêchée aux heures critiques.

L’autoroute, quatre fois sur cinq

Pendant toute la durée du programme, quelque 10 000 signalements d’impatience au volant (la Sûreté du Québec préfère éviter le terme « rage au volant ») ont été reçus. Le programme a surtout connu son heure de gloire à sa toute première année, lorsqu’il a été publicisé. Par la suite, soutient M. Mitchell, le nombre d’appels dénonciateurs a sensiblement diminué.

Les données compilées au terme du projet ont permis de déterminer que 83% des signalements provenaient de la région métropolitaine montréalaise – à peine 9% provenaient de la région métropolitaine de Québec.

Quatre fois sur cinq, ces appels dénonçaient des agissements observés sur le réseau autoroutier, c'est-à-dire sur les voies rapides plutôt que sur les voies secondaires. La grande majorité des appels étaient logés entre 16h et 19h et le vendredi s’est fait le champion de l’impatience au volant, puisqu’il a été le théâtre d’un appel sur trois.

La plus grande proportion des dénonciations, soit plus du tiers, rapportait des manœuvres dangereuses de louvoiement. Les véhicules suivant de trop près ont représenté 19% des appels.

Surtout, pas beaucoup de signalements multiples. Le programme prévoyait que pour ceux faisant l’objet d’appels répétés, une visite à domicile serait rendue par des policiers munis de dépliants sur l’agressivité au volant et… d’une balle anti-stress.

De l’aveu de M. Mitchell, aucune visite du genre n’a dû être organisée – tout au plus quelques lettres de mises en garde ont été envoyées à des conducteurs particulièrement impatients.

Des accusations pour méfaits, entrave au travail d’un agent de la paix, voies de fait et même agression armée ont été portées dans 11 cas – 26 autres incidents étaient encore sous enquête au moment d’écrire ces lignes.

Troquez l'impatience pour le calme...

Êtes-vous impatient au volant? Si vous collez au pare-chocs du véhicule qui vous précède, ne cédez pas le passage lorsque requis, faites un appel de phares au véhicule qui roule trop lentement devant vous, klaxonnez de façon abusive, zigzaguez entre les véhicules ou encore dépassez sur l’accotement de droite, il y a fort à parier que vous êtes quelqu’un d’impatient, voire d’agressif au volant.

Pourtant, la route, ça se partage. Elle n’appartient à personne, aussi pressés les automobilistes puissent-ils être. Voici donc quelques trucs pour vous aider à demeurer calme derrière le volant.

  • Ne conduisez pas lorsque vous êtes fatigué ou tendu;
  • Empruntez les routes les moins achalandées;
  • Évitez les conversations tendues avec les autres passagers ou votre interlocuteur au téléphone cellulaire;
  • Tenez compte des conditions routières et écoutez les bulletins de circulation pour     mieux planifier vos déplacements;
  • Vous êtes pris dans un bouchon? Vous sentez vos nerfs vous lâcher? Écoutez une musique de relaxation ou CD d’humour. Rien ne vaut la douceur ou l’humour pour vous détendre…

Et n’oubliez pas; un conducteur peut effectuer des manœuvres qui vous semblent exaspérantes, mais celles-ci ne sont généralement pas volontaires. Surtout, elles n’ont probablement pas pour principal objectif de vous faire enrager.

Accordez donc le bénéfice du doute…

 

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