Les plus vieux se rappelleront que la Nissan Micra s'est offerte au marché canadien dans les années 1980 (de 1984 à 1992, pour être plus précise), avant d'être remplacée par une certaine Nissan Sentra.

Après deux décennies, le retour de la Nissan Micra au Canada le printemps dernier (mais pas aux États-Unis) nous ramène une 4e génération de la micro-voiture à la silhouette sympatiquement rondouillette et aux composantes que l'on connaît bien, puisque son moteur et sa plateforme d'assemblage sont ceux de la Nissan Versa Note.

Mais avec des taux d'intérêt plus élevés que pour la moyenne de l'industrie, la Nissan Micra coûte davantage que ne le laisse supposer son petit paiement mensuel. Du coup, la raison financière devrait vous pousser vers des modèles plus grands (aux taux d'intérêt nettement plus intéressants) ou, carrément, vers le marché de l'occasion.

Qu'on se le dise dès le départ: même si elle s'affiche sous les 10 000$, la Nissan Micra n'en a pas les airs bon marché. Au contraire, sa planche de bord, en reprenant le thème extérieur des rondeurs, est fort agréable au coup d'oeil. Ses commandes sont simples, logiquement disposées et l'assemblage n'a rien de cheap.

Certes, les plastiques de revêtement sont durs et l'insonorisation laisse à désirer - c'est là son plus grand défaut, un défaut qui se fait résolument entendre en vives accélérations et à vitesse d'autoroute. Mais bon, c'est le lot de toutes les voitures dites "écono-box" et la chose n'est pas pire ici qu'ailleurs.

Les sièges avant ne sont certes pas les plus rembourrés qui soient, mais après avoir roulé 550 km "d'une traite", notre dos ne criait pas au secours du chiropraticien. De même, la visibilité est bonne, mais avouons qu'il n'y a pas grand chose tout autour pour nous cacher la vue...

Côté dimensions, la Nissan Micra figure au rand des mini-voitures, telles les Chevrolet Spark, Fiat 500 (que quatre places, cependant), Mazda2 et Mitsubishi Mirage. Le dégagement à la banquette arrière est donc limite avec son petit 860mm aux genoux.

Mais puisqu'il s'agit d'une configuration à hayon (hatchback, en bon français), le cargo est des plus raisonnables; avec ses 820 litres jusqu'aux sièges avant, il réussit le très canadien test du sac de hockey. De même, la hauteur d'à peine 1cm de moins que pour la Nissan Versa Note ne handicape pas le dégagement aux têtes. Et mine de rien, la boîte à gants est l'une des plus généreuses de la catégorie.

Cela dit, ne cherchez pas de volant télescopique; celui-ci ne s'ajuste qu'en hauteur - ce que d'ailleurs ne fait pas le siège conducteur. Avant de vous commettre pour cette (rare) voiture qui n'offre pas ces ajustements, vérifiez que vous êtes en mesure d'y trouver une confortable position de conduite. Ne rêvez pas non plus à un toit ouvrant - c'était attendu - et encore moins à des sièges chauffants - là, c'est un peu plus dommage...

Ce qui est intéressant avec la Nissan Micra, c'est que la technologie essentielle n'y manque pas. Si l'on y met le prix, on peut se gâter de la caméra de recul (un équipement qui deviendra de série pour tous les véhicules dès l'année-modèle 2018), des rétroviseurs chauffants, de la climatisation et du régulateur de vitesse, mais aussi de l'écran de bord (4,3 pouces) et de la connectivité Bluetooth.

Vrai qu'on ne peut pas lui accoler les alertes aux changements de voie, aux angles morts, aux collisions et à la circulation transversale, toutes des aides à la conduite qui se démocratisent aujourd'hui à vitesse grand V.

Aussi, certains déploreront l'absence d'un système de navigation, mais permettez-nous d'être d'avis contraire: ceux qui magasinent une voiture dans ces prix-là n'optent sûrement pas pour un gizmo qui ajoute plusieurs centaines de dollars à la facture. De toute façon, il n'en coûte presque rien d'installer un socle à la planche de bord et d'y insérer son cellulaire - vive Google Maps...

C'est certes un petit quatre cylindres (1,6L) d'à peine 109 chevaux qui propulse la Nissan Micra, mais la voiture n'en souffre pas trop, merci à son poids-plume. De fait, avec ses 72 kilos en moins que pour la Nissan Versa Note, elle règle vaillamment le compte du 0-100km/h en 11,5 secondes, versus les 11,4 secondes de sa "grande" soeur (selon les tests menés par l'Association des Journalistes automobiles du Canada).

C'est peu rapide? En tout cas, ça l'est pas mal plus que pour la Mitsubishi Mirage qui, avec son trois cylindres de 74 chevaux, peine à régler la marque en 13,2 secondes.

Parce qu'elle est assemblée sur la même plateforme que pour la Nissan Versa Note (elle est d'ailleurs fabriquée à ses côtés, dans l'usine mexicaine d'Aguascalientes), la Nissan Micra se comporte de manière familière: rien d'exotique, mais la tenue de route est respectable.

Étonnement, elle se laisse moindre prendre par les bourrasques du vent autoroutier qu'attendu de la part d'une si courte sur patte. Mais justement, ses 15cm d'empattement en moins versus la Versa Note la font réagir davantage - et pas toujours souplement - sur les cahots québécois.

Si la direction (une électrique, évidemment) est sans âme, reste qu'elle permet un tout petit rayon de braquage, rehaussant d'autant la maniabilité en situations urbaines. La boîte manuelle (cinq vitesses) n'est proposée que sur la version de base (S), l'optionnelle est une automatique à quatre rapports qui fait un boulot honnête et qui - fiou - nous évite la catastrophe CVT.

Mais... la technologie "transmissionnelle" est désuète et ça s'entend en accélérations vives. Surtout, ça n'aide pas la frugalité en essence. Notre moyenne autoroutière sur un demi-millier de kilomètres s'est établie à un très ordinaire 6,5L; rien pour rentrer dans le livre des records Guinness.

Même qu'on se serait attendu, de la part de si petite, à du 5,5 litres. Mais non: la Nissan Micra consomme sensiblement autant que la Nissan Versa Note... et que la Nissan Sentra. Dire que la nouvelle Toyota Corolla, plus grosse et plus puissante, nous a livré, en conditions similaires, un beau 5,0L...

Si l'on s'en tient à la Nissan Micra "de base, de base", on obtient beaucoup pour les 9998$ demandés: une solide petite qui ne fait pas "bon marché", livrée de surcroît avec le système audio et même le chauffe-moteur (après tout, on vit au Canada!).

Vrai qu'il faut alors tout faire manuellement: le passage des vitesses, l'ouverture des glaces, l'ajustement des rétroviseurs. Mais les concurrentes Chevrolet Spark et Mazda2, qui s'offrent de série avec le groupe électrique, demandent 2 000$ de plus - voire 3500$ de plus, en ce qui concerne la Fiat 500.

Mais quand même: le premier hic, avec la Nissan Micra, survient si vous considérez la boîte automatique: on vous force alors vers le climatiseur et, par conséquent, vers une facture qui grimpe drastiquement à 13 300$. Une haute marche qui représente le tiers du prix de base de la voiture... Vous grimpez dans l'échelle des versions? Attendez-vous à y mettre le prix. Notre variante RS, avec ses ajouts cosmétiques "sport", touchait les 20 000$, une fois les taxes et frais de transport/préparation ajoutés.

Le second hic, c'est que les actuelles propositions de financement et de location de la Nissan Micra misent sur des taux d'intérêt plus élevés que pour la moyenne de l'industrie. Afin de réellement profiter de la petite étiquette, il faut... la payer comptant. Sinon, les paiements mensuels se rapprochent dangereusement de ceux de la "grande" soeur Nissan Versa, puisque cette dernière se conjugue à des taux beaucoup plus séduisants.

Résultat: pour aussi peu qu'un extra de 30$ par mois, on serait fou de ne pas envisager une voiture d'un tiers de mètre plus longue, offrant 13% plus de dégagement aux genoux arrière et, surtout, deux fois plus d'espace cargo (banquette rabattue).

Les petits chiffres cachent plus grand, soit. Mais l'agressive stratégie marketing de Nissan fonctionne: si vous saviez combien d'acheteurs d'une nouvelle voiture, recherchant l'économie d'acquisition, nous questionnent sur la Nissan Micra...

Notre réponse? Restez-en à une version "de base de base" et payez-la comptant - ou trouvez-vous un financement plus séduisant. Sinon, reluquez des modèles qui s'offrent à des taux plus avantageux ou, encore, magasinez du côté de l'usagé. Au moins, la cruelle dépréciation aura été assumée par les propriétaires précédents.