Lexus IS F: une bête qui s'apprivoise
lundi, 2 juin 2008
Ottawa, Ontario – Un V8 de 416 chevaux dans une Lexus? Oui, et dans une Lexus compacte, de surcroît. La série IS vient en effet de s’enrichir d’une version de performance qui veut faire des pieds de nez aux canons de la catégorie, les BMW M3 et Audi RS4. La IS F réussit-elle ? Presque, presque…

Fiche technique

MarqueLexus
ModelIS F
Année2008
MoteurV8 (5,0L)
TransmissionAutomatique 8 rapports

La première « F » chez Lexus, mais sans doute pas la dernière, est d’allure discrète et réservée. Mis à part une calandre exclusive, un capot renflé pour accueillir le gros V8, une garde au sol abaissée, des prises d’air latérales et un quatuor de diffuseurs arrière, l’on ne peut se douter que la berline nipponne recèle une version adaptée du V8 (5,0L) de la grande sœur LS.

À bord, le 0-100km s’effectue sous les cinq secondes (!), dans une grondement guttural tout à fait inattendu – et combien jouissif.

Les accélérations, on s’en doute, sont puissantes, même si elles doivent ébranler une masse qui fait osciller la balance à 2113 kilos. Ces accélérations sont livrées par une séquentielle qui fait monter ses huit (vous avez bien lu : huit) rapports au volant – la première boîte du genre au monde, nous assure Lexus.

Ceux qui crient au scandale parce que la IS F n’offre pas de boîte manuelle devront la mettre en sourdine : la séquentielle est ici un véritable chef d’œuvre de technologie, permettant le passage ultra rapide des vitesses (en 0,1 seconde, clame Lexus). En rétrogradation, elle vous simule même le « talon-pointe » d’une impulsion qui fait correspondre le régime avec le nouveau rapport, évitant ainsi tout freinage indésirable.

Sur le circuit de Calabogie en Ontario, la Lexus IS F a remarquablement montré de quel bois elle se chauffait. Sa plus grande vertu réside dans son système de stabilité qui, lorsque programmé en mode sport, accorde une grande intelligence de conduite même à ceux qui ne le méritent pas.

Des collègues masculins qui aiment partir en tête à queue lors d’une fâcheuse manœuvre (!) vous diront que le dispositif est trop agressif. Personnellement, je le considère comme la plus belle réussite de cette propulsion. Il permet un comportement routier prévisible, voire infaillible et les virages s’amorcent à vitesse plus élevée que pressenti – et plus que ne peuvent le supporter les pneumatiques. Dans l’ensemble, on se croirait au volant d’un bolide muni d’une traction intégrale, ce qui n’est pourtant pas le cas.

Par contre, j’admets que la direction n’a pas cette âme de coureuse qu’on lui voudrait. Certes, elle est précise, de bonne résistance et s’adapte aux différentes conditions de conduite, selon qu’on se les brasse en piste ou qu’on se balade en toute quiétude dans la campagne. Mais il lui manque un dynamisme enlevant, un petit zest de connexion avec la route – et vous savez pourquoi? Parce qu’elle est électrique. Une quasi-insulte pour une sportive!

Sinon, la Lexus IS F a tous les attributs pour se faire une vraie place au soleil. Sa suspension est d’une belle fermeté, ce qui ne l’empêche pas d’être une séduisante routière en situation régulière – lire sur nos chemins défoncés.

L’habitacle est digne d’une Lexus, donc raffiné et très confortable. L’insonorisation est grandiose, les sièges sport sont enveloppants – bien que les grands gabarits les trouveront peut-être trop étroits – et les commandes tombent sous la main, sans hésitation. J’ai aussi l’impression que le dégagement aux jambes arrière est plus généreux qu’ailleurs.

De fait, si la IS F se veut être une bête, elle en est une qui se laisse facilement apprivoiser. On ne me fera pas avaler que la clientèle d’une BMW M3 ou d’une Audi RS4 s’y penchera à tous les coups… mais ça sera tant pis pour eux : ils manqueront là une belle occasion de concilier sportivité, confort et équilibre.

 

POUR

416 chevaux

Grondement de moteur absolument jouissif

Habitacle raffiné et très confortable

Promet une consommation d’essence moindre que la concurrence

 

CONTRE

Direction qui manque de connexion

Banquette arrière qui ne se rabat pas

Quatre – et non cinq places

Pas de frein à main – qu’au pied, seulement

 

FICHE TECHNIQUE

Lexus IS F 2008

Berline compacte de performance

Moteur : V8 de 5,0 litres

Performances : 416 chevaux, 371 lbs-pi

Boîte : séquentielle huit rapports avec palettes au volant

Traction : propulsion

Roues : 19 pouces

Freins : Brembo, disques ventilés aux quatre roues

Sécurité : ABS, système de stabilité (avec mode sport), huit coussins gonflables

Vitesse maximale : 270 km/h

0-100km/h : 4,8 secondes (données du constructeur)

Consommation (ville/autoroute) : 13,1L – 8,5L

Concurrence : BMW M3, Audi RS4, Mercedes C63 AMG

Prix : à partir de 64 400$

 

« F » comme dans… Fuji

La lettre F est à Lexus ce que le M est à BMW, le R à Audi et le Z à Nissan : elle désigne la nouvelle division de performance du constructeur nippon. La première cuvée « F » vient enrichir la série IS avec, sous le capot, 416 chevaux. Notez que le logo stylisé s’inspire de la configuration du premier virage du circuit de course Fuji, là où le bolide a vu le jour.

 

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