Si vous êtes comme nous, vous détestez qu'un journaliste commence son topo par une définition de dictionnaire. Mais mea cupla: cette fois, nous ne pouvons passer à côté, tellement le nouveau prototype de Ford porte bien son nom.
Atlas, dans la mythologie grecque, c'est d'abord le titan condamné par Zeus à supporter sur ses épaules le poids de la voûte céleste. Et atlas, dans le monde médical, c'est la première vertèbre cervicale, celle logée dans le cou qui supporte la tête.
Vous voyez le lien avec le fait que, pour celui qui le fabrique depuis 65 ans, le F-150 est le pain, le beurre... et même l'argent du beurre? C'est pourquoi même si le 12e - 12e! - passage générationnel du "pick-up" n'est pas prévu avant l'année-modèle 2015, Ford commence déjà à tester le marché.
SuperChief, sept ans plus tard
Qu'on se le dise tout de suite: si le Ford Atlas vous sonne une cloche, côté visuel, c'est parce qu'il reprend quelques thèmes "futuristiques" du prototype SuperChief, présenté à Détroit en 2006 et qui présageait alors du F-250.
On a ainsi droit au même museau imposant qui hurle "Mon truck est plus gros que le tien", au même chrome qui étincelle jusqu'à l'aveuglement, aux mêmes roues surdimensionnées (des 24 pouces pour le SuperChief, des 22 pouces pour l'Atlas) qui semblent prêtes à affronter même la planète Mars.
Il avait du J Mays sous le SuperChief à l'époque et, sept ans plus tard, il y a encore du J Mays sous l'Atlas Concept, puisque le vice-président Design pour Ford est toujours en poste. Remarquez toutefois qu'on attribue l'Atlas plus particulièrement au styliste Gordon Platto.
Gordo, pour les intimes, bosse chez Ford depuis 20 ans et on le dit passionné de motocyclettes "vintages". C'est notamment à lui qu'on doit... le design "corbillard" du Lincoln MKT.
Six rapports... ou dix?
En 2006, le SuperChief misait sur l'économie de carburant (malgré un V10 suralimenté...) en discourant hydrogène et éthanol. En 2013, l'Atlas Concept met tout autant l'accent la frugalité, mais en passant plus spécifiquement par des percées aérodynamiques.
Pour l'heure, on ne parle que d'un moteur Ecoboost (lire: turbo et injection directe) de prochaine génération, sans rien confirmer, pas même s'il s'agira d'un V6 comme actuellement ou d'un éventuel V8. Évidemment, on ne sait rien non plus de la capacité de remorquage.
Tout au plus, Ford parle d'une boîte automatique six rapports, mais il ne faut pas oublier qu'à l'automne dernier, lui et GM se sont entendus pour développer, pour leurs utilitaires (et sans doute leurs camionnettes) pleine grandeur, une transmission automatique à... dix rapports.
Une chose est sûre, cependant: le groupe motopropulseur de l'Atlas Concept est bonifié du dispositif stop-and-start qui le fait s'éteindre aux arrêts. Voilà une excellente nouvelle - et souhaitons qu'elle rejoigne le Ford F-150 2015.
Aérodynamisme poussé
Les obturateurs de calandre qu'on accorde au prototype Atlas, on connaît déjà - sur la Ford Focus, entre autres.
Mais les obturateurs de roues, c'est du nouveau. Voyez, sur nos photos, comment les lames de jantes demeurent "ouvertes" à basse vitesse, question d'aérer les freins occupés à ralentir la masse en mouvement. Alors que sur l'autoroute, histoire de réduire la turbulence de l'air, elles se referment, merci à des batteries qui se rechargent par récupération d'énergie, comme pour les véhicules hybrides.
Autre avancée aérodynamique: une jupe sous le pare-chocs avant s'abaisse à grande vitesse, améliorant la diffusion de l'air sous le véhicule. Évidemment, cette espèce d'aileron de bas de caisse se rétracte à basse vitesse et lorsque la garde au sol a besoin d'être optimisée.
Dans la catégorie "fallait y penser"...
D’autres innovations montent à bord du Ford Atlas Concept, notamment la caméra qui retransmet les images 3D en 360 degrés, comme à vol d’oiseau. Mais ça, ce n’est pas nouveau; Nissan propose la chose dans de plus en plus de ses modèles.
Quand bien même: dans la catégorie “fallait y penser”, il y a pour l’Atlas Concept cette marche s’extirpant du hayon que l’on abaisse… et qui, nouvellement, demeure solidement en poste lorsqu’on remonte le panneau. Du coup, la structure se transforme en un socle pour accueillir les longs madriers ou les échelles dont l’autre extrémité aura été appuyée sur la cabine.
Conséquence? Les longs items ne sont plus un handicap de chargement dans la boîte.
Oh, il y aussi ces rampes de chargement qui s’extirpent vite-fait-bien-fait de leur rangement, dissimulé sous la boîte. Idéal pour ceux qui veulent faire monter des VTT ou encore de petits équipements motorisés.
Pas pour vous, mais quand même...
Tous ceux qui conduisent des camionnettes vous diront qu’ils savent, en deux temps trois mouvements, “piner” une remorque ou la faire se stationner en mode recul. N’est-ce pas?
Mais bon; pour ceux qui sont… menteurs? Non, disons juste moins habiles dans ces manoeuvres, Ford a concocté pour son Atlas Concept deux technologies qui pourraient faire marque.
D’abord, il y a ce dynamic hitch assist, qui affiche à l’écran des indices visuels permettant d’aligner plus facilement les parties qui doivent s’emboîter. Puis, il y a ce trailer back-up assist, qui fonctionne selon le principe du stationnement automatisé déjà connu chez Ford (et chez Toyota).
Sauf que cette fois, il tient compte de la remorque située à l’arrière.
Imaginez: le conducteur repère un espace approprié et tout ce qu’il a à faire, c’est d’appuyer sur une commande. Le dispositif met en branle la manoeuvre de stationnement et sans même que l’automobiliste touche au volant ou à l’accélérateur, il pilote le véhicule et sa remorque dans la case désignée.
Ford dit que c’est une première dans la catégorie des camionnettes, mais nous irions jusqu’à dire que… c’est une première tout court.
