Les Smart affrontent la tourmente polaire

Blog Live
lundi, 1 février 2010
Vous savez quoi? Je pense que personne ne savait vraiment dans quoi il s'embarquait, en décidant de conduire des Smart jusqu'à Inuvik. Pas nous, journalistes, pas même les gens de Smart/Mercedes. Et mine de rien, de pouvoir y aller et, surtout, d'en revenir en un seul morceau, constitue tout un exploit.

 

Pas facile, de rouler 780 kilomètres dans la tempête polaire. L'autoroute Dempster a montré de quel bois elle se chauffait aujourd'hui en nous envoyant poudrerie, lames de neige et visibilité réduite, voire carrément nulle. La dernière sortie de route de la veille nous a tous donné la frousse. Son auteur, Michael B., expliquait comment les roues de sa Smart ont été prises au piège de la neige compactée sur le bas-côté. "J'ai bien tenté de ne pas freiner et de ramener la voiture sur la chaussée, dit-il, mais on a frappé quelque chose et on s'est mis à faire des 360 degrés d'un bord à l'autre de la Dempster."

Le duo qui roulait derrière a eu encore plus peur, si c'est possible. "Nous les avons vu se mettre à tournoyer dans un nuage de neige et on s'est dit: Merde, on va les heurter de plein fouet et les envoyer à l'hôpital." Comment se fait-il que tout le monde s'en soit sorti sans égratignure? La chance, oui, mais aussi l'habileté des conducteurs qui ont mis en pratique ce que l'on enseigne dans les cours de conduite de performance: "Qu'importe ce qu'il arrive, n'arrêtez pas de conduire."

La peur est bonne conseillère. Au déjeuner ce matin, la douzaine de journalistes qui participent à cette aventure nordique ont décidé, de concert, de ralentir le tempo. Certes, c'est une longue journée de route qui nous attend, mais la sécurité prime et on veut tous revenir indemne. Le mot est donc passé: pas plus vite que 100km/h, moins si les conditions l'imposent. Je dois vous dire qu'en dix ans de carrière de journalisme automobile, c'est la première fois que j'entends mes collègues dire vouloir aller moins vite...

Et moins vite nous sommes allés. Les conditions météo, très changeantes dans cette région polaire, nous ont servi un cocktail de précipitations qui nous ont d'abord fait dire qu'on ne rentrerait pas à Dawson avant 22h du soir. Voire qu'on ne rentrerait pas du tout... À midi, en nous arrêtant au Eagle Plains, le seul hôtel à des centaines de kilomètres à la ronte, nous n'avions accompli qu'un tiers du trajet. On sentait un brin de découragement dans les troupes.

Mais la solidarité polaire étant ce qu'elle est, de bonnes âmes sont venues à notre rescousse. Les équipages chargés de déneiger la Dempster, qui ont travaillé si fort ces derniers jours de tempête, sont remontés en selle sur leurs immenses nivelleuses et ont dégagé à nouveau le passage. Il faut dire que si nos Smart sont vaillantes et ne montrent aucun signe de fatigue, sauf ces mécanismes de portière qui gèlent, elles ne peuvent quand même pas affronter des hordes de neige sur la route! Le chemin ainsi ouvert juste pour nous, nous pouvons rentrer en début de soirée à Dawson - Home sweet home, lancent alors les collègues avec soulagement.

La route est longue et ardue, mais le paysage est toujours aussi magnifique, même si on l'admire pour une seconde fois en moins de 24 heures. Les yeux ne s'en lassent pas; ces grands pics blancs qui disparaissent dans des brouillards de neige sont particulièrement impressionnants - pour un peu, on se croirait dans l'Himalaya! Bon, sans doute que j'exagère un peu...

La faune n'abonde pas, mais nous voyons quand même quelques bibittes à poil. La veille, nous avons aperçu trois caribous s'enfuir dans la plaine gelée. Aujourd'hui, nous croisons un grand lièvre blanc, un lynx et un loup. Et quel loup: celui-ci s'est jeté devant notre convoi et s'est mis à courir sur la route comme s'il avait le diable aux trousses. Ce qu'il pensait sûrement avoir, d'ailleurs. J'peux vous dire qu'un loup, c'est capable de courir à 55 km/h!

Si vous jetez un oeil aux photos prises en ce 1er février 2010, vous remarquerez que notre groupe compte quelques fous-malades qui ont tenu mordicus à se faire photographier en t-shirt et en petit caleçon à la limite du Cercle polaire. On vous le laisse, l'honneur de geler, messieurs, on vous le laisse...

Demain, dernier tronçon de route jusqu'à Whitehorse. Oh, un tout petit 530 kilomètres sur une autoroute civilisée, une "piece of cake", comme le disent les collègues anglophones. Nous rendrons alors les clés de notre Smart et reprendrons l'avion jusqu'à Montréal. Je commence déjà à me sentir nostalgique de ce coin de pays si blanc et si beau...

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.