Les Dabbawallah: les ancêtres de la livraison à domicile...

Blog Live
vendredi, 27 novembre 2009
Ce matin, nous quittons Mumbai sur les ailes de Jet Airways pour rejoindre, dans le sud de l'Inde, la ville de Cochin. Nous entamons la dernière partie de notre périple et si l'on se fie au programme, la dizaine de jours qu'il nous reste sera beaucoup plus "relax". Ce ne sera pas de refus...

Les esprits ont encore le goût de l'aventure, mais les corps sont fatigués. Hier, la majorité du groupe est allée souper au Café Léopold de Mumbai, un établissement de cuisine internationale prisé par les touristes et qui a d'ailleurs été l'une des cibles des attentats, il y a un an. Après ma journée passée sur la route vers Pune et avec les gens de Tata, j'ai plutôt choisi de faire du cocooning à la chambre: gros bain chaud, brassage de valises, pizza dégustée dans le fond du lit...

Notre voyage, aussi fantastique soit-il, n'a rien d'une vacance. Le tempo est presto, mais c'est voulu: on souhaite tout voir et personnellement, je serais bien restée une journée de plus à Mumbai. J'aurais ainsi pu admirer les Dabbawallah, ces ancêtres de la livraison à domicile.

Je n'ai pu les voir à l'oeuvre, occupée que j'étais avec la Nano (quand même!), mais presque tous les membres du groupe ont assisté à leur livraison-spectacle et ça vaut vraiment la peine de vous en parler.

Commençons par vous raconter qu'à l'époque coloniale, les Britanniques qui ne voulaient rien savoir de la bouffe indienne (ben voyons, j'comprends pas pourquoi!) se faisaient livrer à leurs bureaux la nourriture qui leur était préparée à domicile. Dites-vous que dans le temps, les fours à micro-ondes n'existaient pas pour réchauffer les restants de la veille...

Les Indiens ont trouvé l'idée si géniale qu'ils ont développé un système très élaboré de "popotte roulante". Un peu avant l'heure du midi, les Dabbawallah vont chercher l'équivalent de 100 000 repas chez les banlieusards, repas qui sont gardés au chaud dans de rondes gamelles en acier. Celles-ci sont codifiées de couleurs, puis installées sur de longues perches de bois portées à l'épaule. Ainsi chargés, les Dabbawallah pédalent jusqu'à la gare la plus près, où d'autres de leurs collègues prennent le flambeau jusqu'aux points centraux. Et la redistribution se continue jusqu'à ce que le repas chaud, cuisiné maison, rejoigne le bureau du travailleur à temps pour sa pause du lunch.

On dit que l'erreur est très rare, sinon ça pourrait être catastrophique. Pour rien au monde, un juif ne voudra le porc destiné à un Hindou qui, lui, ne voudra pas d'un ragoût de boeuf (rappelez-vous: ici, la vache est sacrée...), alors que les Jaïns ne voudront pas de viande du tout...
 
On dit que le service (qui ne comprend pas la nourriture) coûte l'équivalent de 15$US par mois. On dit aussi que ce système de distribution est l'ancêtre de la livraison des pizzas (et autres mets) à domicile. Et ça crée de l'emploi d'une bien belle façon. Soit, soit, soit. Mais je m'interroge: pourquoi aujourd'hui, à l'ère des micro-ondes et des thermos, les travailleurs ne transportent pas eux-même leur repas du midi?!?

Nous atterrissons en début d'après-midi à Cochin (aussi appelée Kochi). La différence d'avec le Nord de l'Inde est tout de suite perceptible. D'abord, il fait diablement chaud et humide - on ressent 39 degrés Celsius. Moi, j'adore... La nature est luxuriante et tropicale, les palmiers foisonnent. On dirait aussi qu'il y a moins de monde au pouce carré - peut-être parce que c'est l'heure de la sieste et que tous se sont éclipsés du plus chaud moment de la journée?

On dit aussi que dans cette région du Kerala, les habitants sont parmi les plus éduqués de tout le pays. Qui dit plus éduqués, dit évidemment plus de moyens financiers. Voilà qui explique sans doute ce foisonnement d'affiches commerciales annonçant saris soyeux, bijoux scintillants, ameublements haut de gamme et autres objets de luxe. Des placards publicitaires vantent également différents programmes d'éducation professionnelle: santé, ingénierie, à l'étranger... Une publicité informe même sur de possibles consultations afin de régler... des problèmes sexuels. Bref, l'impression générale est que les gens d'ici sont moins pauvres qu'ailleurs, qu'ils ont dépassé le stade des besoins primaires et qu'ils peuvent donc se soucier d'autre chose que de se trouver un toit pour la nuit et de quoi se mettre sous la dent.

Cochin, la ville la plus cosmopolite de la région, est en fait une succession de petites îles et de péninsules; la mer d'Oman n'est donc jamais bien loin. Au hasard d'une marche de santé, nous en longeons la rive à même un parc de verdure qui, en cette chaude fin de vendredi après-midi, accueille de nombreuses familles et des couples d'amoureux. Nous rentrons à temps pour le repas du soir, qui reflète bien la diversité du Kerala. En effet, fruits de mer, poissons et aliments frais figurent au buffet - oh! quel bonheur que de manger autre chose que des mets épicés qui baignent dans une sauce peu ragoûtante!

D'ailleurs, c'est dans cette optique que nous nommons Vedette du Jour nos compagnons Réjeanne et Michel. Le couple a longuement arpenté les allées du MegaMart, qui trône tout près de notre hôtel. Notre premier supermarché indien... D'ailleurs, vous auriez dû voir le groupe de Québécois tout heureux de trouver des sachets de soupe aux tomates Knorr!

Demain, on visite Cochin. En attendant, au plaisir de lire vos commentaires, comme toujours!

P.S. Stéphane et Johanna, allez-y mollo sur le camembert et le saucisson... Vous nous rendez jaloux!!!

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