Véhicules usagés: 7 mythes tenaces et comment ne pas s'y faire prendre

Trucs et astuces
vendredi, 22 septembre 2017
Bas kilométrage... Mécanique A1... Un seul propriétaire... N'a jamais roulé l'hiver... Ces clichés qui collent au marché des voitures d'occasion peuvent conduire dans une bien mauvaise direction.

#1) Bas kilométrage: question de perspective

Le mythe de la recherche d’une voiture à «bas kilométrage» est têtu. Et ceux et celles qui
y succombent manquent de belles occasions automobiles qui leur auraient coûté plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de dollars de moins.

Vrai que dans les années 1980, les voitures qui avaient passé les 150 000 kilomètres au compteur étaient généralement dans un état mécanique et physique si lamentable qu’il valait mieux les mettre au rancart que de tenter de les vendre – ou de les acheter.

Mais comme le rappelle Dennis Desrosiers, président de la firme canadienne DesRosiers Automotive Consultants, l’espérance de vie des véhicules modernes a doublé à 300 000 kilomètres. Même que les modèles les plus récents, lorsque bien entretenus, peuvent dépasser les 350 000 kilomètres et ce, sans encombre.

C’est donc dire qu’avec 150 000km sous le capot, les véhicules d’aujourd’hui sortent à peine de l’adolescence. Alors, le «bas kilométrage», c’est à mettre en perspective avec l’ère moderne.

#2) Un seul propriétaire: oui, mais… lequel?

Un véhicule qui n’a eu qu’un seul propriétaire peut être une bonne occasion: il devrait alors être facile d’en recenser l’indispensable historique tant sur le plan des accidents, des réparations et de l’entretien.

Encore faut-il que cet unique propriétaire l’ait bien entretenu, son véhicule. S’il peut fournir les factures de vidanges d’huile, de réparations et autres preuves de son souci mécanique, c’est parfait.

Mais si la chronologie des factures ne concorde pas ou si lesdites factures n’existent pas, le véhicule d’un seul propriétaire est peut-être le gage que… personne d’autre n’en a voulu.

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#3) Mécanique A1: que du baratin

L’indication A1 que l’on lit si souvent dans les petites annonces ne veut… absolument rien dire.

Que ce soit bien clair: il n’y a jamais eu de classification automobile officielle qui décrive d’une note et/ou d’une lettre la condition mécanique des véhicules.

Par contre, une certification A1 a bel et bien été créée pour… les navires dans les années 1770, par la britannique Lloyd’s Register qui, encore aujourd’hui, a pignon sur rue à Londres. C’est pour venir en aide aux armateurs et assureurs, qui cherchaient à l’époque à gérer leurs risques financiers que la société de classification maritime a décrété le «A» pour les bateaux irréprochables et le «1» pour leurs gréements en parfait état.

Sinon, la catégorisation automobile A1 n’est rien d’autre qu’une interprétation, à taux variable, de la condition mécanique d’un véhicule. Une condition, qui plus est, estimée par un propriétaire non seulement en conflit d’intérêt mais qui, bien souvent, n’a aucune formation en mécanique.

#4) Elle n’a pas roulé l’hiver? Oups…

Une voiture qui n’a pas roulé l’hiver n’est pas nécessairement une bonne affaire, surtout si son propriétaire l’a fait hiberner dans la congère de neige.

Certes, le compteur affichera peu de kilomètres, mais ce sera là une bien mince consolation lorsque des composantes mécaniques comme les freins, les roulements de roue (les bearings), le silencieux et quoi encore demanderont à être remplacées beaucoup plus vite que prévu.

Peut-être aussi que le propriétaire… a menti. Mais alors, ça voudra dire une exposition non déclarée du véhicule au calcium et autres intempéries hivernales.

Tant qu’à y être, ça pourrait aussi vouloir dire un compteur reculé et à à ce sujet, rappelons que les Québécois conduisent en moyenne 18 000 kilomètres par année. Une voiture âgée de huit ans devrait donc, logiquement, afficher plus ou moins 144 000 kilomètres.

Et de toute façon, rappelle Sylvain Légaré, analyste en consommation automobile chez CAA-Québec: «Un véhicule, c’est fait pour rouler. Sinon, c’est comme de demander à quelqu’un qui sort d’un séjour prolongé à l’hôpital… de courir le marathon.»

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#5) Elle a toujours dormi dans le garage? Re-oups

On jure avoir fait dormir chaque hiver, dans un garage bien chauffé, le véhicule usagé envisagé? Petits problèmes de corrosion à l’horizon, et qui risquent de survenir plus vite que prévu.

Car un peu comme pour une bouteille d’eau que l’on sort du frigo afin d’étancher sa soif lors d’une canicule, la voiture qui quitte le froid de l’hiver pour s’abriter dans un endroit chauffé comme un sauna souffrira de condensation.

Et qui dit condensation, dit humidité et, donc, accélération du processus de rouille.

Qui plus est, l’air chaud aura activé l’oxydation du sel de route qui, alors, s’attaquera plus rapidement aux panneaux, aux éléments sous-châssis et s’incrustera plus avant dans les interstices.

Pour en apprendre davantage sur les scénarios catastrophes reliés au garage trop chauffé, lisez-nous ici.

#6) Femme propriétaire: et alors?

De toujours, le mythe de la femme propriétaire donne à penser que le véhicule a été mieux entretenu, mieux conduit, mieux bichonné…

… Pas vrai du tout, clament en coeur les experts interrogés pour ce reportage. Sylvain Légaré, de CAA-Québec et Serge Grenier, de la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec vous le diront: de bonnes occasions, il s’en trouve autant chez les hommes propriétaires… que de très mauvaises occasions, il s’en trouve chez les femmes propriétaires.

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Ce qui compte, c’est plutôt la manière dont il/elle a pris soin de son véhicule. Si l’habitacle et la carrosserie sont particulièrement bien conservés, l’auto a de bonnes chances d’avoir aussi été bien entretenue par l’automobiliste consciencieux – masculin ou féminin.

Attention quand même de ne pas tomber dans le piège du camouflage: une voiture «bien propre» à l’intérieur n’est pas systématiquement signe d’une mécanique en bon état ou d’un châssis sans faille. Et c’est là que l’inspection prend toute son importance.

#7) On oublie ça, la famille!

Devant les embûches qui jonchent la transaction d’occasion, on peut être tenté de rester en famille et de jeter votre dévolu sur le véhicule dont le beau-père a pris soin comme la prunelle de ses yeux.

Attention: «La transaction avec les proches a son revers de médaille, prévient Sylvain Légaré, de CAA-Québec. Si un problème survient par la suite, mécanique ou autre, ça peut provoquer un froid dans les relations. Qui est responsable? Qui doit payer? Et… jusqu’à combien?»

Si l’on souhaite quand même aller en ce sens, la solution est de s’entendre sur papier. Les paroles s’envolent, mais les écrits restent… et peuvent éviter bien des malentendus familiaux.

Un contrat d’achat et vente de véhicule entre particuliers élaboré par CAA-Québec est disponible en ligne pour les membres de l’Association.

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