Véhicules d’occasion certifiés : une belle occasion (trop souvent) négligée

Trucs et astuces
lundi, 5 septembre 2005
Les véhicules certifiés, vous connaissez? La plupart d’entre vous diront non, si l’on se fie à la dernière étude de la firme J.D. Power and Associates. Et dire que les programmes de certification pourraient bien constituer la réponse aux maux de tête rencontrés sur le marché du véhicule d’occasion…

Tout a commencé dans les années ’90, avec cette flambée de la location automobile – la moitié des transactions de véhicules neufs impliquait une location à long terme (le tiers des transactions, aujourd’hui).

Comme peu d’automobilistes « locataires » rachètent leur véhicule au terme de leur bail (moins d’une personne sur quatre, voire sur dix selon la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec), le marché de l’occasion s’est enrichi de véhicules récents, affichant un bas kilométrage et ayant bénéficié d’un entretien consciencieux – tel que le stipulait le contrat de location.

L’occasion de l’occasion, quoi… Il n’y a pas si longtemps, ces véhicules prenaient la route des ventes aux enchères ou le chemin des grossistes. Récemment, les constructeurs automobiles ont mesuré tout le potentiel d’un tel marché – et les profits qui s’y rattachent. Après tout, leurs concessionnaires n’ont-ils pas accès aux plus beaux spécimens de l’usagé?

Une coïncidence…

La plupart des constructeurs automobiles ont voulu encadrer cette pratique et c’est pourquoi ils ont créé des programmes de « certification ».

D’un constructeur à l’autre, les détails de ces programmes diffèrent. Mais un dénominateur commun demeure : les véhicules certifiés sont des modèles récents (entre un et cinq ans, voire six ans) et profitent d’un bas kilométrage. Ils sont inspectés mécaniquement de long en large, remis à neuf et dotés de garanties supplémentaires, offertes gratuitement.

Plusieurs proposent l’assistance routière, des taux de financement avantageux, voire la possibilité d’un échange ou d’un remboursement si le client n’est pas satisfait.

Malheureusement, ces programmes sont peu connus. Une étude menée au printemps dernier (2005) par la firme J.D. Power and Associates rapporte que la grande majorité des acheteurs qui ont choisi un véhicule certifié ne l’ont pas fait parce qu’ils convoitaient le programme, mais uniquement parce que le véhicule correspondait à leurs besoins.

Le fait que le véhicule en question soit certifié n’était qu’une coïncidence. Même que deux fois sur trois, les consommateurs découvraient alors ce qu’était un programme de certification…

Des avantages… pour tous

Pourtant, les acheteurs retrouvent leur compte dans la certification et ce, à plusieurs niveaux. D’abord, ils évitent la coûteuse dépréciation liée aux premières années d’une voiture neuve – jusqu’à 15% la première année, environ 10% les années suivantes.

Aussi, ils sont en mesure de se procurer, pour un budget donné, un véhicule plus luxueux ou mieux équipé que s’ils avaient magasiné du côté du neuf. Ils peuvent également choisir de dépenser une somme moindre que ce qui avait été prévu.

Parce qu’ils font affaire avec un commerçant établi, les consommateurs se garantissent d’une protection de cautionnement versé par le concessionnaire. Ce dernier est également celui qui peut les renseigner sur les garanties encore applicables ou sur d’éventuels rappels.

Ceux qui ont vécu une mauvaise expérience en se procurant une « occasion » auprès de marchands indépendants ou qui craignent d’acheter « les problèmes des autres » vous diront que l’achat d’un véhicule usagé chez un concessionnaire procure la même paix d’esprit que l’acquisition d’un véhicule neuf.

Tous les avantages ne sont pas que du côté « client », cependant. Les concessionnaires y gagnent aussi au change. En effet, ils conservent dans leurs coffres des profits qui, autrement, seraient allés dans les poches des grossistes et autres intermédiaires.

Selon la firme canadienne Desrosiers Automotive Consultants, la valeur de la transaction moyenne d’un véhicule usagé chez le concessionnaire tourne, au Canada, autour des 18 000$, avec une marge de profit de 2000$.

Au Québec l’an dernier, il s’est vendu près de 450 000 véhicules usagés, comparativement à 396 450 véhicules neufs. Quelque 40% de ces ventes d’occasion ont été réalisées par les concessionnaires (20% par les marchands indépendants et les grossistes, 40% par des particuliers).

Mine de rien, le processus en concessionnaire signifie également pour ce dernier une clientèle additionnelle aux services de pièces et de main-d’œuvre. Cette clientèle, si elle est satisfaite, a toutes les chances de revisiter la salle de montre, un de ces jours.

Qui sait, cette fois s’y procurera-t-elle un véhicule neuf?


Qui offre quoi?

Tous les constructeurs automobiles n’offrent pas un programme de certification. Si GM, Ford, Volvo et BMW, Toyota, Volkswagen et Jaguar le font, ce n’est pas le cas de Kia, Mazda, Nissan/Infiniti et Subaru.

Pour ces marques, le consommateur peut alors se rabattre sur «Occasion en or» de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec. Cette bannière s’apparente à une certification de base et, jusqu’à présent, plus du tiers des concessionnaires membres de la province (350 sur 850) ont décidé d’y adhérer.

General Motors

Avec sa bannière Optimum, le géant de l'automobile offre pour ses véhicules certifiés une assistance routière et une garantie minimale, notamment du groupe propulseur pendant trois mois ou 5000 kilomètres. Les véhicules, qui ont moins de cinq ans et dont l’odomètre indique moins de 100 000 kilomètres, sont inspectés en 150 points. Le client insatisfait de sa nouvelle acquisition peut l’échanger dans les 30 jours ou avant les 2500 premiers kilomètres.

Volvo

Volvo ne certifie que les véhicules de moins de quatre ans et indiquant moins de 120 000 kilomètres à l'odomètre. Une inspection mécanique en 130 points a lieu au préalable. La garantie originale du véhicule (quatre ans/80 000 kilomètres) s’étire à cinq ans/160 000 kilomètres. L’assistance routière est aussi offerte.

Ford

Le programme "Qualité certifiée" existe chez Ford depuis 1998. Sous cette bannière, les véhicules de moins de cinq ans et ayant moins de 100 000 kilomètres au compteur sont revendus après une inspection mécanique en 115 points. Les certifiés bénéficient d'une garantie de six mois / 10 000 kilomètres et de l'assistance routière. Le principe "satisfaction garantie ou argent remis" s'applique: les clients ont trois jours ou 500 kilomètres pour se faire rembourser s'ils ne sont pas satisfaits.

BMW

Une BMW certifiée: voilà l’occasion ou jamais d'acquérir un véhicule de la marque allemande, même lorsque les fonds requis pour un modèle neuf ne sont pas disponibles. Les certifiées de BMW ont moins de cinq ans et 100 000 kilomètres à l’odomètre, en plus d’être inspectées en 87 points.

La garantie originale, de quatre ans / 80 000 kilomètres, s’étire à six ans / 120 000 kilomètres. L’assistance routière est proposée tout au long de cette période. Les consommateurs non satisfaits ont cinq jours / 300 kilomètres pour échanger leur acquisition ou se faire rembourser.

Toyota/Lexus

Les certifiés de Toyota sont inspectés en 100 points et profitent de 12 mois de garantie / 20 000 kilomètres sur le groupe motopropulseur (moyennant une franchise de 50$ à chaque visite). Ils bénéficient de l'assistance routière, d’un plein d’essence et d’un premier changement d’huile (avec filtre) gratuits. Ils n'ont pas plus de six ans et n'indiquent pas plus de 140 000 kilomètres au compteur.

Le client non satisfait peut procéder à un échange sept jours (ou moins de 1500 kilomètres) après avoir pris possession de son acquisition. Chez Lexus, le groupe propulseur est couvert pendant deux ans / 40 000 kilomètres et l’assistance routière est offerte pour une période d’au moins deux ans.

Volkswagen/Audi

Volkswagen propose des véhicules certifiés de moins de cinq ans et avec moins de 120 000 kilomètres. Ceux-ci ont subi une inspection en 112 points, ce qui leur vaut une garantie limitée de deux ans / 40 000 kilomètres. L’assistance routière est offerte pendant cette période.

Du côté de Audi, l’inspection touche 300 points. La garantie limitée s’étire sur deux ans / 160 000 kilomètres après que la garantie du constructeur soit expirée, mais commande une franchise de 50$.

Jaguar

Les véhicules certifiés de Jaguar ont moins de cinq ans et ont roulé moins de 100 000 kilomètres. Ils sont inspectés en 140 points et étirent la garantie originale de deux ans / 80 000 kilomètres (pour un total de six ans / 160 000 kilomètres). L’assistance routière est proposée tout au cours de cette période, de même que les changements d’huile et de filtre.

L’an dernier, la firme IntelliChoice a à nouveau décrété que le programme de certification de Jaguar était le meilleur de tous ceux offerts par les constructeurs de véhicules de luxe. Cette reconnaissance a été raflée quatre fois par le constructeur britannique au cours des cinq dernières années.

DaimlerChrysler

Pour leurs véhicules «certifiés», qui ont moins de six ans et indiquent moins de 160 000 kilomètres au compteur, les marques Chrysler et Dodge n’offrent malheureusement aucune garantie autre que celle originale, si cette dernière est encore valide.

Par contre, un client non satisfait de son acquisition a trois jours / 500 kilomètres pour la reconduire à son concessionnaire.

Occasion en Or ( de la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec)

Pas de limite d’âge ou de kilométrage pour les « Occasions en Or », pas de garanties supplémentaires autre que celle prévu par la Loi sur la Protection du Consommateur*. Par contre, la bannière promet des taux de financement préférentiels, de même que l’assurance d’un kilométrage exact et l’engagement qu’aucun lien financier n’entrave le véhicule.

Le programme permet également les échanges (pour un véhicule d’occasion équivalent ou supérieur) dans les 10 jours / 1000 kilomètres.

* La Loi sur la Protection du consommateur prévoit, pour les véhicules d’occasion, une garantie légale de six mois / 10 000 km pour les modèles de moins de deux ans / 40 000 km, de trois mois / 5000 km pour les modèles de moins de trois ans / 60 000 km et d’un mois / 1700 kilomètres pour les modèles de moins de cinq ans / 80 000 km.


Quelques conseils, quand même...

Faire l’acquisition d’un véhicule usagé chez le concessionnaire ne signifie pas pour autant que vous deviez faire confiance aveuglément lors d’une transaction. Voici quelques conseils qui pourraient vous éviter bien des soucis, une fois la vente consommée…

L’inspection : une nécessité

Le concessionnaire vous assure que le véhicule a rigoureusement été inspecté? Mettez toutes les chances de votre côté et offrez-vous une inspection mécanique effectuée par un garagiste indépendant ou un centre technique du CAA. L’opération vous coûtera entre 50$ et 150$, mais elle vaut son pesant d’or, surtout si elle permet de déterrer un vilain vice caché...

Bas kilométrage? Méfiez-vous!

Les Québécois conduisent en moyenne 20 000 kilomètres par an. L’odomètre d’une voiture âgée de cinq ans devrait donc, logiquement, afficher plus ou moins 100 000 kilomètres. S’il en indique moins, soit vous avez là une excellente affaire… soit vous êtes en train de vous faire rouler. Le marché de l’usagé est gangrené par une pratique illégale qui consiste à « reculer » le compteur. L’opération prend quelques minutes, et voilà que le prix du véhicule augmente soudainement de plusieurs milliers de dollars – le prix, mais pas la valeur…

Ne soyez pas celui ou celle qui souffrira de cette fausse cure de rajeunissement : demandez à voir les factures d’entretien et recherchez les étiquettes de vidanges d’huile. Méfiez-vous des marchands qui se disent dans l’impossibilité de vous les fournir; c’est sans doute qu’il y a anguille sous roche.

Ne payez pas la dette des autres

Certains véhicules usagés souffrent d’un lien financier avec leur ancien propriétaire. Si vous en faites l’acquisition, vous vous retrouverez avec les dettes de quelqu’un d’autre. Évitez le piège et vérifiez auprès du Registre des droits personnels et réels mobiliers qu’aucun paiement, mensuel ou autre, ne grève votre achat. Infos : www.rdprm.gouv.qc.ca

« Volé », M. l’Agent?

Vous aurez beau jurer aux policiers que vous ne saviez pas qu’il s’agissait d’un véhicule volé, ceux-ci le saisiront néanmoins. Vous n’aurez plus qu’à dire adieu à votre investissement. Évitez de telles mauvaises combines en vous renseignant auprès du Service anti-crime des assureurs. Infos : www.icpb.ca

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.