Les rappels automobiles: mieux vaut prévenir que guérir!

Trucs et astuces
lundi, 5 mai 2003
Une petite visite à la section des rappels automobiles du site Internet de Transports Canada constitue une vision apocalyptique; la liste des défauts de fabrication reliés à la sécurité des véhicules qui s’y trouve est à la fois hétéroclite et interminable – plus de 30 800 pages! C’est à se demander si les constructeurs ne savent plus assembler convenablement une automobile...

Rassurez-vous : plus les années passent et plus les véhicules gagnent en qualité. Par contre, il est vrai que les rappels sont de plus en plus nombreux.

Le Canada en a enregistré 158 il y a dix ans, presque la moitié moins qu’en 2002. L’an dernier, 228 campagnes de rappels ont été déclenchées et elles ont touché 2,1 millions de véhicules… c’est plus que les 1,7 million de véhicules neufs vendus au cours de la même période!

Depuis le début des années 1970, la Loi canadienne sur la sécurité automobile oblige les constructeurs à aviser les propriétaires d’un défaut de fabrication pouvant affecter la sécurité de leurs produits. Contrairement aux États-Unis, les autorités gouvernementales canadiennes ne contraignent pas les constructeurs à procéder aux réparations nécessaires.

Néanmoins, la plupart des travaux commandés par un rappel sont effectués sans frais pour le consommateur. Le client s’attend à un tel traitement et le client a toujours raison, n’est-ce pas?

Une arme commerciale?

Autrefois sujet tabou, les rappels sont devenus depuis quelques années une pratique courante qui ne fait plus rougir personne. En fait, le constructeur qui se vante de ne jamais procéder à des opérations de rappels est celui qui devrait le plus vous effrayer!

Souvenez-vous de ce scandale Mitsubishi qui a éclaté il y a trois ans: pendant près d’un quart de siècle, le constructeur japonais a dissimulé plus de 64 000 plaintes de clients pour défaut, préférant réparer subrepticement plutôt que de se lancer dans une vaste et coûteuse campagne de rappels.

Le hic, c’est que les dégâts perpétrés à l’image de la marque aux trois diamants ont sans doute coûté beaucoup plus cher…

Le rappel se transforme peu à peu en arme commerciale. «Les constructeurs veulent que les consommateurs aient confiance en leurs produits, dit David Adams, de l’Association canadienne des constructeurs de véhicules. Ils veulent faire la ‘bonne chose’». Et la «bonne chose», c’est prendre les devants avec des interventions préventives.

C’est que le risque est grand, surtout aux États-Unis où, à la suite d’un accident, des fortunes en dommages et en intérêts peuvent s’échanger devant les tribunaux. Un rappel, ça coûte cher au constructeur, mais jamais autant qu’un procès perdu! Ainsi, dans la saga des pneus Firestone,

Ford n’a pas hésité à remplacer quelque 13 millions de pneumatiques dont étaient équipés ses utilitaires Explorer et ce, sans aucune requête formelle des autorités. Mieux vaut prévenir que guérir…

Une croissance exponentielle

Si les rappels se font plus nombreux, c’est aussi parce que les ventes de voitures ont connu des sommets record ces dernières années. Et parce que la sophistication des véhicules – et par conséquent le nombre de pièces qui les composent – s’accroissent à une vitesse folle.

David Adams explique encore: «Les véhicules qui sortent des chaînes de montage sont toujours mieux équipés. Télématique complexe, systèmes pour contrer les émissions polluantes, dispositifs de sécurité tels que les coussins gonflables… Chaque fois que vous ajoutez une composante, vous augmentez de façon exponentielle les risques qu’un problème de fabrication survienne.»

Surtout, la concurrence féroce incite les constructeurs à passer toujours plus rapidement de la phase développement à la phase production. Les délais de conception sont écourtés et les fruits ne sont pas toujours aussi mûrs qu’on le souhaiterait.

Ajoutez à cela des consommateurs de plus en plus exigeants pour qui le «zéro défaut» est devenu la norme et vous obtenez un bon portrait de la situation.


Toutes les chances de votre côté

Il ne faut pas craindre les rappels, même s’ils touchent l’aspect «sécurité» - et non confort des véhicules. François Asselin, porte-parole pour la sécurité routière à Transports Canada, soutient:

«Il y a certes eu accroissement des rappels au cours de la dernière décennie, mais cela ne signifie pas nécessairement que les automobiles sont moins sécuritaires.»

Dennis Desrosiers, président de la firme Desrosiers Automotive Consultants, renchérit: «Il y a en fait peu de rappels, s’ils ne sont pas exécutés, qui mettent en péril la vie du consommateur.»

Le moteur d’essuie-glace souffre d’un défaut de fabrication? Il peut certes affecter votre visibilité mais il ne constitue pas une menace directe.

Un rappel doit néanmoins être pris au sérieux. Il est signifié par une lettre du constructeur indiquant la nature du problème, ses conséquences sur la sécurité et la solution à préconiser. La loi ne prescrit pas de temps limite pour apporter les correctifs mais plus vite le problème est réglé, mieux tout le monde se sent.

Malheureusement, dans les cinq années qui suivent un rappel, seuls 75% des véhicules touchés subissent les réparations nécessaires. C’est que tous les propriétaires de véhicule n’ont pas le souci, s’ils déménagent, de communiquer leur nouvelle adresse à leur concessionnaire.

Ou encore, s’ils achètent un véhicule d’occasion, d’en divulguer le numéro de série au constructeur.

Un conseil, donc: veillez à tenir votre adresse à jour de façon à ce que le constructeur puisse facilement vous rejoindre.

Comme citoyen responsable, il vous incombe également d’aviser Transports Canada si vous soupçonnez un quelconque défaut de fabrication (1-800-333-0510). L’organisme gouvernemental est ainsi à la base de 10% de tous les rappels, les autres étant «volontaires», c'est-à-dire lancés par les constructeurs eux-mêmes.

Un dernier conseil: visitez au moins une fois l’an le site Internet de Transports Canada (www.tc.gc.ca). Ce faisant, vous pourriez découvrir que votre automobile fait l’objet d’un rappel et ainsi éviter de défrayer de votre poche une réparation pour laquelle le constructeur s’est pourtant porté garant…

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