L'art d'acheter une voiture d'occasion

Trucs et astuces
jeudi, 15 mars 2012
Un véhicule usagé peut vite se transformer en cauchemar si l’on ne se montre pas précautionneux lors de son achat et si l’on ne prend pas la peine d’effectuer quelques vérifications. C’est pourquoi avant de vous commettre pour telle ou telle occasion, lisez bien ce qui suit.

Et si vous vous sentez découragé à l’idée d’investir toute cette énergie avant d’acheter une voiture usagée, dites-vous bien que de l’énergie, il vous en faudra bien plus par la suite, si vous devez défendre votre cause devant les tribunaux…

Consultez le bulletin de votre commerçant

À l’Office de la protection du consommateur (OPC), la vente de véhicules usagés accapare, année après année, la seconde plus forte représentation de toutes les demandes de renseignements (7%), tout juste derrière les télécommunications et la téléphonie cellulaire (8%).

De quoi s’informent ou se plaignent les acheteurs d’automobiles usagées? De la qualité de la voiture ou des services livrés par le commerçant, mais aussi de fausses représentations ou d’omissions d’informations essentielles.

Ces plaintes, mais aussi les infractions qui pourraient être commises par un marchand en vertu de la Loi sur la protection du consommateur, sont réunies dans un « bulletin ». Ce profil du commerçant peut être consulté par le grand public : www.opc.gouv.qc.ca.

Un tel bulletin doit cependant être lu avec discernement. Un marchand sans plainte n’est pas nécessairement un modèle de bonnes pratiques commerciales. À l’opposé, un marchand qui transige beaucoup de véhicules usagés et qui se retrouve avec plusieurs plaintes à son profil n’est pas nécessairement un commerçant à problèmes. Surtout si la plupart des plaintes sont réglées à la satisfaction du client.

Mais encore : un commerçant affiche une bonne cinquantaine de plaintes, toutes non réglées? « Ça vous donne une bonne idée que si vous faites affaire avec ce marchand et qu’il y a un problème, vous ne réussirez pas à vous entendre, » dit Réal Coallier, porte-parole à l’OPC. Mieux vaut alors se tourner vers un autre marchand au profil plus reluisant…

Trop beau pour être vrai?

Trop beau pour être vrai? C’est que ça doit l’être et il faut se méfier. Par exemple, la voiture indique un bas kilométrage? Son compteur peut avoir été illégalement « reculé ».

Sachez que les Québécois conduisent en moyenne 20 000 kilomètres par an. L’odomètre d’une voiture âgée de cinq ans devrait donc, logiquement, indiquer plus ou moins 100 000 kilomètres. Il en affiche moins? Vérifiez deux fois plus qu’une, en exigeant de voir les factures d’entretien et en faisant inspecter la voiture (lire notre paragraphe sur l’inspection mécanique).

Aussi, certains véhicules souffrent toujours d’un lien financier avec leur ancien propriétaire, lien qui se retrouverait de votre responsabilité si vous faites l’acquisition dudit véhicule sans en avoir vérifié la « solvabilité ».

Pour ne pas vous retrouver avec les dettes de quelqu’un d’autre, vérifiez auprès du Registre des droits personnels et réels mobiliers (www.rdprm.gouv.qc.ca ou 1-800-465-4949) qu’aucun paiement, mensuel ou autre, ne vienne handicaper la transaction.

Le véhicule usagé que vous reluquez vient de l’extérieur de nos frontières? Méfiance : une bonne partie des « occases » qui entrent au Québec sont tout juste bonnes… pour la casse. En effet, des voitures accidentées sont importées au pays pour l’utilisation de leurs pièces, mais certaines se retrouvent néanmoins sur nos routes, retapées. Encore là, l’inspection mécanique peut vous sauver bien des maux de tête.

La cyber-arnaque automobile

Une BMW de moins de deux ans proposée dans Internet pour le tiers de sa valeur? C’est tentant, mais ça sent surtout l’arnaque. Et ça en est une, dit CAA-Québec. Ne tombez pas dans le panneau de ces nouveaux fraudeurs qui dénichent leurs victimes dans le cyber-espace automobile.

Le modus operandi est toujours le même : un prix nettement inférieur à la réalité du marché, une illustration de la voiture si léchée qu’on pense avoir affaire à une neuve, le tout affiché pour un très court laps de temps (généralement moins de 48 heures). Surtout, pas de coordonnées téléphoniques – ou s’il y en a, elles ne sont pas valides.

Ceux tentés par de telles propositions et qui sont entrés en contact avec le vendeur recevaient rapidement un courriel… pour se faire dire que ledit vendeur était en déplacement à l’étranger, mais qu’un intermédiaire pouvait faciliter la transaction. Toujours, on invitait l’éventuel acheteur à verser un acompte par le biais d’un site de paiement sécurisé.

Et v’lan! Le dépôt disparaît sans demander son reste.

CAA-Québec a émis quelques mises en garde pour se prémunir de telles pratiques frauduleuses: ne jamais transférer d’argent en guise de promesse d’achat et ce, même si la transaction s’effectue par le biais d’un site sécurisé. Car rien n’indique que le vendeur est réellement propriétaire d’une voiture à vendre…

Surtout, on demande à voir le véhicule, à en faire l’essai et à le faire inspecter. S’il s’agit d’une fraude Internet, le présumé vendeur n’ira pas plus loin et, heureusement, le processus s’arrêtera là.

L’inspection mécanique: indispensable!

On ne le dira jamais assez : dans le processus d’achat d’un véhicule d’occasion, la meilleure précaution qui soit, c’est l’inspection mécanique.

Malheureusement, trop d’acheteurs passent outre cette étape. Dommage, car elle peut révéler des bobos cachés, des odomètres reculés, des réparations plus importantes (et plus éminentes!) que prévu, voire le fait que le véhicule ait été accidenté et reconstruit.

Une bonne inspection mécanique devrait passer par une vérification de la carrosserie et un essai routier, mais aussi par une évaluation des systèmes électriques, le démontage des roues et l’examen des freins. Des ordinateurs de pointe devraient être utilisés afin d’analyser, entre autres, la performance du moteur.

Les centres de vérification technique de CAA-Québec (1-877-626-0310) offrent une inspection complète en 180 points et parce qu’ils n’effectuent aucune réparation, ils ont l’avantage d’émettre des diagnostics objectifs.

Devant un diagnostic peu reluisant, un acheteur pourra ajuster à la baisse le prix qu’il est prêt à débourser pour un véhicule d’occasion ou, carrément, décider d’aller voir ailleurs.

Ne soyez pas gêné : essayez!

Gêné d’exiger un essai routier? Ne le soyez pas : cette étape fait partie intégrante du processus d’achat, tant dans le neuf que dans l’usagé. Passer outre revient à se marier… sans avoir au préalable rencontré son/sa partenaire de vie!

Un bon essai routier s’effectue sur un parcours varié : route, autoroute et ville. Idéalement, on roulera dans un environnement familier afin de se concentrer sur le comportement de la voiture – et non sur la signalisation routière.

Il s’agit d’être attentif aux bruits et aux odeurs de la voiture, question de déceler ce qui pourrait clocher. Aussi, la tenue de route est-elle stable? Les accessoires fonctionnent-ils correctement? Les rapports de transmission se passent-ils sans anicroche?

Oui, mais à quel prix?

Vous avez jeté votre dévolu sur une voiture usagée pas trop rouillée, de bonne condition mécanique et relativement bien équipée. Oui, mais… combien, pour tout ça?

Dans le marché d’occasion, difficile d’en arriver à un prix juste. Trop de facteurs entrent en ligne de compte : la fiabilité de la marque, l’année-modèle, le kilométrage, une possible balance de garantie (pensez vous informer de la chose auprès du constructeur), voire dans quelle région s’effectue la transaction (la loi de l’offre et de la demande veut qu’on vende moins de camionnettes en ville qu’en campagne)…

Reste que la condition mécanique et l’entretien général sont de bons gages, parfois au-delà du kilométrage enregistré au compteur. Pas de rouille et toutes les factures d’entretien à l’appui? La voiture se vendra plus cher qu’une autre, même si elle a davantage roulé.

Certains éléments sont indéniablement une valeur ajoutée : la transmission automatique, la climatisation et le bon état des pneumatiques, par exemple. À l’opposé, de trop nombreuses réparations ou un historique d’accidents font baisser le prix.

Indicateurs pour indicateurs, reste que c’est en consultant les petites annonces et les sites Internet que l’on peut cibler une fourchette de prix pour tel ou tel véhicule usagé.

Achat d’un particulier

Les paroles s’envolent, mais les écrits restent. Et bien qu’un contrat ne soit pas obligatoire lors d’une transaction entre particuliers, un document écrit reste un bon moyen d’éviter les malentendus.

CAA-Québec propose à ses membres un contrat-type (www.caaquebec.com). On y consigne notamment l’identification des deux parties et la description du véhicule, les problèmes connus et les réparations imminentes. Le véhicule a été reconstruit à la suite d’un accident? On le mentionne également.

Profitez de ce document pour détailler les modalités de transaction : montant de l’acompte, date du transfert de propriété et si le paiement complet s’effectuera en virement de fonds, chèque certifié, argent comptant.

Dans le cas d’une transaction entre particuliers, le vendeur n’a pas à fournir de garantie pour le véhicule usagé qu’il cède. Reste qu’en vertu de la Loi, l’acheteur est protégé par une garantie dite « de qualité » qui s’applique contre les vices cachés.

Les faux particuliers : évitez de tomber dans le panneau

Les faux particuliers sont des vendeurs de véhicules d’occasion sans permis et sans caution. Ils tentent de vous faire croire qu’ils se défont de leur propre voiture, mais ils vous donnent rendez-vous dans un stationnement tout ce qu’il y a de plus anonyme.

Vous ne savez donc pas où ils habitent, ce qui peut poser problème une fois la transaction complétée, car ils s’évanouiront dans la nature et vous n’aurez plus aucun moyen de les retracer. Le numéro de téléphone? Plus souvent qu’autrement, il n’y aura plus de service…

Surtout, en se faisant passer pour de vrais particuliers, les faux évitent d’avoir à vous offrir les garanties prévues par la Loi sur la protection du consommateur. Heureusement, on peut éviter de tomber dans leur panneau.

D’abord, lors du premier contact téléphonique, évitez de mentionner la marque ou le modèle du véhicule annoncé. Si, à votre « Bonjour, j’appelle pour l’auto à vendre », on vous répond : « Quelle auto? » c’est sans doute que vous avez affaire à un faux particulier qui a plus d’un véhicule à vendre et qui tente discrètement de savoir lequel vous intéresse.

On peut aussi se servir de l’application sur certains sites Internet pour identifier d’autres autos vendues par le même annonceur. Et on peut demander depuis combien de temps le vendeur possède le véhicule – un faux particulier se fait vague à ce sujet et, de plus, il détient rarement les preuves d’entretien.

Lors du rendez-vous où l’on vous permet d’examiner la voiture, demandez à voir le permis de conduire du vendeur, notez l’adresse qui y figure et vérifiez qu’elle est bien la même que celle sur le certificat d’immatriculation du véhicule usagé.

Méfiez-vous des gens qui disent vendre un véhicule pour un proche. Un faux particulier voudra vous faire croire qu’il vend la voiture de sa mère, mais si ça se trouve, il en est peut-être à la trentième voiture « de sa mère » vendue depuis le début de l’année…

Enfin, refusez tout net si l’on vous propose « d’enregistrer » le véhicule à votre place.

Elles roulent, et roulent, et roulent…

Les voitures assemblées aujourd’hui roulent de plus en plus longtemps. Et selon les marques et les genres, un véhicule d’occasion peut trimballer son monde pas mal plus longtemps qu’autrefois.

Il n’y a pas si longtemps, faire l’acquisition d’une voiture vieille de huit ou neuf ans, c’était faire l’acquisition d’un bolide sur le point de trépasser. Mais les véhicules d’aujourd’hui ne sont, à cet âge-là, qu’en milieu de vie et ils ont encore plusieurs longues et bonnes années à offrir.

À preuve : il y a une décennie, moins du tiers des voitures, achetées neuves 15 ans auparavant, roulaient encore, dit DesRosiers Automotive Consultants. Aujourd’hui, près de la moitié des voitures achetées neuves il y a 15 ans sont encore sur la route.

La donne varie cependant selon que l’on ait affaire à un véhicule américain ou importé (voitures et camions confondus). Ainsi, les GM, Ford et Chrysler de ce monde affichent aujourd’hui un «taux de longévité» de 46% après 15 ans, une nette avancée versus les 35%  enregistrés avant le tournant du millénaire. Mais l’écart est encore plus grand chez les marques importées (asiatiques et européennes); le nombre de leurs véhicules qui, après 15 ans, circulent encore est de 56%, soit plus d’un véhicule sur deux.

Et c’est encore plus marquant pour certains produits. Sans surprise, ce sont les camions (avec un sur cinq qui roule encore après plus de 20 ans) et les marques de luxe qui présentent les meilleurs taux de «survivance».

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.