États-Unis: To buy or not to buy? Partie 2

Trucs et astuces
samedi, 22 septembre 2007
La force du dollar canadien pousse de plus en plus d'acheteurs canadiens à reluquer de l'autre côté de la frontière et la pression sur les concessionnaires québécois s'intensifie.

Comparons les prix : 65 000$CN pour une Volvo S80 AWD au Canada, 50 000$US aux États-Unis; 100 900$CN pour un Land Rover Range Rover au nord des frontières, 77 000$US au sud; 34 000$CN pour une Subaru Impreza WRX au pays de la feuille d’érable, 25 000$US en sol américain. Devant des écarts de prix pouvant atteindre 30%, la question se pose : devrions-nous acheter nos véhicules chez le voisin? La réponse n’est pas simple.

Historiquement, la faiblesse du huard a fait en sorte que nos automobiles ont toujours coûté moins cher qu’aux États-Unis. La firme canadienne DesRosiers Automobile Consultants a estimé, au tournant du millénaire, que la moyenne des prix canadiens était de 3 167$ sous la moyenne des prix américains (taux de change ajusté).

L’écart était encore plus marqué pour les véhicules de luxe et pendant des années, les Américains ont allègrement magasiné de ce côté-ci de la frontière. « Il y a tout juste trois ans, dit Denis Bellemare, directeur régional pour Mercedes-Benz Canada, je me battais pour que mes voitures restent au pays! »

Depuis deux ans cependant, le huard s’est apprécié au-delà des 85 cents américains. Il a même dépassé les 95 cents américains le printemps dernier. Du coup, la vapeur s’est renversée. Denis DesRosiers, grand manitou de la statistique automobile, a évalué pour la première moitié de 2006 que le véhicule moyen canadien coûtait 17% de plus que le véhicule moyen américain – soit 5860$. Et c’est sans compter les frais de transport et de préparation, qui sont ici de deux à trois fois plus élevés.

Sans surprise, de plus en plus de Canadiens reluquent de l’autre côté de la frontière. À l’Association pour la protection des automobilistes (APA), le président George Iny dit recevoir des appels à ce sujet à toutes les semaines : « Les gens vérifient les prix sur Internet et se rendent compte d’une bonne différence. »

Même phénomène chez CAA-Québec : « Nous répondons à beaucoup plus d’appels de cette nature, surtout depuis le printemps, » dit Sophie Gagnon, directrice des relations publiques. Les 700 demandes d’information de l’an dernier sont sur le point d’être dépassées puisque le service aux membres enregistre déjà 600 requêtes cette année.

Les importations de véhicules en sol canadien ont substantiellement augmenté, ces dernières années. Pour les huit premiers mois de 2007, 10 074 véhicules d’année-modèle 2007 (neufs ou avec très peu de kilométrage au compteur) ont franchi la frontière du sud au nord, contre 13 699 en 2006, rapporte le Registraire des véhicules importés. (Le RVI est mandaté par Transport Canada afin de gérer le programme national d’inspection, de certification et d’enregistrement des véhicules importés).

Comparativement au million et demi de véhicules neufs vendus annuellement au pays, l’importation représente une part très minime du marché. C’est que la transaction n’est pas à la portée de tous les Canadiens et pour le moment, elle intéresse essentiellement les acheteurs de véhicules haut de gamme.

En effet, chez Albi Mazda de Mascouche, l’un des plus importants concessionnaires du pays, le président Denis Leclerc soutient : « Je ne me rappelle pas une seule visite où les gens nous ont parlé d’aller aux États-Unis. »

Même discours chez le Groupe Park Avenue, sur la Rive-Sud de Montréal : « Je n’ai pas noté le phénomène chez nos bannières Honda, Nissan, Toyota et Volkswagen, dit le président Norman Hébert. Je l’ai cependant noté chez nos concessionnaires BMW, Audi et Infiniti. »

Chez Porsche, la tendance est encore plus lourde : « La compétition américaine en est une directe et on se le fait dire en pleine face, affirme Michel Larin, directeur général du Centre Porsche Lauzon à Laval. Nous avons vendu 230 Porsche neuves à notre dernière année fiscale, mais si le dollar canadien avait été plus bas, nous aurions facilement enregistré quelques dizaines de ventes de plus. »

La situation est tout autre chez Scotti Jaguar/Land Rover, soutient le directeur des ventes Lucien Laberge : « Nous ne sommes pas réellement touchés, puisque 95% de nos clients louent leur véhicule. Acheter aux États-Unis exige plutôt des clients canadiens qu’ils paient comptant. »

Payer comptant, donc ne pas profiter des taux de financement promotionnels, encore moins des possibilités de location. Voilà qui constitue la plus grande embûche à l’achat automobile en sol américain.

Mais pour économiser plusieurs milliers de dollars, certains trouveront que ça en vaut la peine...

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