Volks: La Jetta devient le modèle d'entrée de gamme

Nouvelles
mardi, 16 mars 2010
Jeu de chaise musicale entre la Golf et la Jetta, qui devient le modèle d’entrée chez Volkswagen Canada; véhicules qu’on aimerait accueillir au pays de la feuille d’érable, mais pour lesquels il faut faire son deuil; objectifs internationaux aussi colossaux que devenir le #1 mondial d’ici 2018… Décidément, Volkswagen les prend grosses, ses bouchées.

Genève, Suisse - Au 80e Salon de Genève, Volkswagen n’y est pas allé de main morte. Le constructeur #1 en Europe, fort de ses neuf marques, de sa nouvelle allégeance Porsche et de sa récente participation dans Suzuki, a rappelé son intention de devenir #1 mondial – oui, oui, devant GM et Toyota – d’ici huit ans (2018). Il occupe actuellement le troisième rang mondial.

L’année 2010 sera particulièrement prolifique pour lui avec 70 (!) nouveaux modèles présentés par le biais de l’une ou l’autre de ses filiales : Volkswagen, mais aussi Audi, Seat, Skoda, Bugatti, Bentley, Lamborghini, sa division commerciale de camions et Scania.

Une première électrique (!) en 2013
À Genève, Volkswagen a aussi assuré qu’il sera le premier constructeur à commercialiser des voitures électriques, soit la e-Up! au début de 2013, suivie cette même année de la e-Golf et de la e-Jetta. Il affirme que cinq ans plus tard, 3% de toutes ses ventes seront «électriques».

Le hic, c’est que Volkswagen n’est pas seul dans cette course à l’électrique. Les Toyota et GM de ce monde bataillent ferme pour être les premiers à produire qui une Prius branchée, qui une Volt «plug-in» et il n’y a qu’un pas (un grand, certes) avant d’en venir à une production 100% électrique.

Aussi, Volkswagen arrive tard sur le marché de l’hybridation. Au cours de la dernière décennie, Toyota a déjà lancé sept modèles hybrides – et un 8e a été annoncé en territoire suisse: la petite Lexus CT 200h.
De son côté, Volkswagen n’en est à lancer que son premier modèle hybride – le Touareg Hybrid, qui devrait être suivi par la Jetta, puis la Passat.

Ce trop géant voisin…
Au-delà de ces obstacles, vous savez ce qu’est le plus grand handicap de Volkswagen Canada? C’est d’avoir pour voisin un géant de pays appelé les États-Unis et qui ne rame pas toujours dans la même direction.
Voilà pourquoi la branche canadienne du constructeur allemand en a été quitte, en 2008 et 2009, pour débaptiser sa Golf et la renommer de son ancienne désignation.

Rabbit-Golf-Rabbit…  Ce jeu de chaise musicale vient heureusement de prendre fin avec la 6e et nouvelle génération de la sous-compacte. Volkswagen le Groupe a dit : enough is enough, ce sera la Golf pour l’ensemble de la planète et l’Amérique devra s’y faire.

Volkswagen Canada ne le dira pas à voix haute, mais il en a quand même soupiré de soulagement…

La Jetta devient le modèle d’entrée de gamme
Un autre jeu de chaise musicale se dessine pour Volkswagen Canada. Cette fois cependant, c’est lui qui le mène, ce jeu.

En effet, l’arrivée de la nouvelle génération de la Jetta lui permettra de faire de la berline le nouveau modèle d’entrée de gamme au Canada.

Vous avez bien lu : la Jetta sera moins coûteuse que la Golf.

Le grand patron canadien, John White, explique ce repositionnement: «Nous voulons proposer la nouvelle Jetta dans une gamme de prix plus étendue. À 21 775$, l’actuel modèle s’amène certes bien équipé, avec les vitres électriques et le moteur cinq cylindres. Mais il nous fait rater l’entrée du marché.»

Et d’ajouter: «Nous avons de grandes attentes en termes de volume pour cette nouvelle Jetta à l’allure européenne et si l’on veut concurrencer les Toyota Corolla et Honda Civic, il nous faut pour elle une offre plus flexible.»

Plus flexible comme dans… un prix d’étiquette réduit de presque 5000$, semble-t-il.

Pas question cependant de chevauchement entre les générations, comme ce fut le cas avec la gamme City exclusivement canadienne, apparue en 2007 et qui est en train de disparaître.

En effet, une seule Jetta (de nouvelle génération) sera proposée, mais parce qu’elle sera (encore) assemblée en Amérique du Nord, elle pourra se décliner en des versions plus bas de gamme – lire: avec moins d’équipements. Voilà qui ne peut être le cas avec la Golf qui, importée d’Allemagne, a été conçue en stratégie mondiale pour s’offrir «full equip». Autrement dit, aucune flexibilité de prix ou d’équipements là.

Les détails en juillet
Mais comment en arriver à une berline compacte qui coûte moins cher qu’une sous-compacte? «Nous ne sommes pas encore prêts à dévoiler notre stratégie, c’est quelque chose que nous ne révélerons qu’en juillet prochain,» dit John White.

On pourrait cependant mettre un p’tit 2$ sur le fait qu’au-delà de l’actuel moteur cinq cylindres de 2,5 litres, la nouvelle Jetta pourrait retrouver l’ancienne motorisation quatre cylindres de 115 chevaux…

On surveille…
Quoi surveiller dans un proche avenir chez Volkswagen Canada? Le nouveau Touareg qui débarque à l’automne, suivi d’une version hybride pour l’année-modèle 2012.

Puis, la nouvelle Jetta et, ensuite, la berline intermédiaire qui sera assemblée à la nouvelle usine américaine de Chattanooga. Déjà, quelques sketchs conceptuels ont été relâchés et on se doute bien que la nouvelle voiture remplacera la Passat.

L’année 2011 verra s’amener la 2e génération de la New Beetle, mais il faudra faire son deuil de la nouvelle camionnette Amarok présentée à Genève (oui, oui, un pick-up allemand!) et qui sera pourtant distribuée en Amérique du Sud. Il faudra également faire une croix sur la petite Polo, version GTi ou pas.

En effet, quand les Américains (encore eux…) disent non à un produit, le Canada doit se faire à l’idée qu’il ne pourra en assumer seul les coûts d’adaptation et de distribution pour notre marché.

Non, pas de Polo
D’ailleurs, le grand responsable des ventes et du marketing mondial de Volkswagen rencontré à Détroit en janvier dernier, Christian Klinger, confirmait sa non-intention d’amener la Polo en Amérique du Nord.
Il justifiait sa décision en énumérant toutes les sous-compactes qui envahissent le continent cette année: Ford Fiesta, Mazda2, Chevrolet Spark…

La tarte commence à se subdiviser un peu trop et cela, M. White le comprend bien : « Le marché de la sous-compacte au Canada est en croissance, mais ce segment va devenir très congestionné, dit-il. Il y aura beaucoup de joueurs dans une catégorie qui n’est pas si grande que ça.»

Et de conclure: «Il faut aussi se rappeler que le retour sur l’investissement est difficile avec les petites voitures. Leurs prix sont très bas, il est donc difficile de faire de l’argent avec elles.»

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