Je me rappelle encore ce Salon de Détroit de janvier 2007. En plein coeur de l’action des dévoilements et des présentations, Chevrolet avait convié les journalistes à prendre une pause autour d’une table, table à laquelle étaient conviés ses bonzes afin de nous parler d’une “tempête parfaite”.
Oui, oui, une tempête parfaite, telle une succession de coïncidence disparates et improbables qui s’allient pour aboutir d’un événement des plus inattendus. Et c’était ainsi que les ingénieurs de GM nous avaient expliqué leur nouvelle création “E-Flex”.
Cette même technologie qui, un jour de décembre 2010, allait devenir dans sa forme commercialisable une certaine… Chevrolet Volt.
Qui aurait alors cru que, quatre ans plus tard, la première hybride rechargeable présentée par un constructeur d’importance allait l’être par GM – pourtant l’objet du légendaire documentaire Who Killed the electric car?
Et qui aurait cru que celle que l’on considérait alors “l’hybride à l’envers” allait devenir la voiture branchée la plus vendue de la planète?
Marketing-ting-ting
Huit ans plus tard, au même grand rendez-vous automobile, GM persiste et signe dans l’électrification, cette fois en présentant sa Chevrolet Bolt, un prototype de voiture 100% électrique.
Bon, si vous discourez deux instants avec le vp d’aujourd’hui, Mark Reuss, celui-ci vous dira que la désignation n’est pas de lui. Non mais, imaginez la confusion qui régnera si, dans la même salle de montre, on retrouve une Chevrolet Volt et une Chevrolet Bolt…
Cela dit, il faut bien avouer que le coup de marketing est réussi. Et cette fois, plus personne ne met en doute la faisabilité, par GM, du projet, puisque la possibilité de parcourir 325 km sur seule puissance électrique, comme promis par la Chevrolet Bolt, n’est plus digne d’un film de science fiction.
Après tout, les Tesla S de ce monde le font déjà. Certes, elles le font moyennant une étiquette actuelle débutant sous les 80 000$ canadiens, mais les développements futurs de l’entreprise californienne entrevoient pour très bientôt un modèle “abordable”, soit autour des 35 000$ US.
Et justement, GM parle d’une Chevrolet Bolt qui soit accessible, avec un prix de départ de 38 000$ US. Après les mesures incitatives environnementales américaines de 7500$, ça laisse planer le spectre d’une 100% électrique au prix de l’actuelle Nissan Leaf, mais avec deux fois plus d’autonomie – et, qui plus est avec une recharge rapide possible en moins de 30 minutes.
Promesses à tout vent?
La rentabilité d’une telle voiture? Ça, ça sera une autre histoire. De fait, cette fois, la tempête pourrait bien ne pas être aussi parfaite, cette fois.
D’une part, il y a ces promesses d’aluminium, de fibre de carbone, de magnésium et même de nano-composites au hayon, que GM avance pour ce nouveau modèle qu’il pourrait commercialiser aussi rapidement que d’ici deux ans.
Certes, ces matériaux sont vertueux lorsque vient le temps de réduire l’ennemi numéro un de la consommation – le poids. Mais ils coûtent très cher à mettre en application sur les chaînes de montage.
D’autre part, il y a ces prix du carburant qui semblent ne pas vouloir revenir à des sommets donnant envie de ne plus jamais avoir à se pointer à une station-service.
Ajoutez à cela des intentions non seulement de conduite autonome, mais aussi de stationnement “à la valet”, comme chez Volvo, que GM a laissé flotter lors du grand dévoilement mondial, le 12 janvier dernier à Détroit…
… et vous comprendrez que la tempête parfaite pourrait ne pas survenir deux fois. Si elle le fait cependant, dites-vous bien que Chevrolet sera alors la seule famille automobile au monde à proposer une hybride rechargeable ET une voiture 100% électrique.