Émissions: troquer les litres contre les grammes

Nouvelles
lundi, 12 avril 2010
Ce n’était pas un poisson d’avril. Au début du mois, le président des États-Unis, Barack Obama, a réellement annoncé un resserrement des normes sur les émissions polluantes automobiles. Le Canada a affirmé qu’il suivrait, en bon voisin harmonieux qu’il est.

Et le Québec, qui en décembre adoptait une réglementation encore plus sévère, a crié victoire.

Vrai que la décision est historique. Après les mandats élusifs de Bush, l’Amérique du Nord commence enfin à serrer la vis, automobilement parlant. D’ici 2016, veut veut pas, nos véhicules devront émettre 25% moins de CO2 – voire presque 40% moins chez nos voisins du Sud, qui roulent pas mal plus gros que nous.

C’est la Californie qui a montré l’exemple en restreignant les émissions automobiles de gaz à effet de serre (GES). Dans l’ensemble, les nouvelles normes continentales reprennent ce qu’elle a mis en place – et ce pourquoi elle s’est battue jusqu’en Cour suprême. Seule différence majeure: la Californie impose des seuils intermédiaires (année après année) plus agressifs. Quand même, l’ultime seuil nord-américain de 2016 recoupe le sien: un max de 250gCO2/mile (155g/km).

Il faudra vite s'y faire, à ces histoires de grammes de CO2 par mile ou kilomètre. Jusqu'à présent, on discourait en termes de consommation de carburant, à grands coups de litres aux 100km et de «mpg», mais il faudra désormais deviser en émissions de GES, comme ils le font déjà en Europe.

D’ailleurs, là-bas, la réglementation est plus stricte: le seuil pour 2016 est fixé à 130g/km pour les voitures. En ce moment, à peu près seules les voitures hybrides parviennent à le respecter.Selon les nouvelles normes nord-américaines, nos véhicules devront, en moyenne, émettre au plus 153g/km d’ici 2016.

D’ici là, l’étau se resserrera par le biais de seuils intermédiaires, ce qui forcera la démocratisation de technologies vertes. On pense au «stop and go» (qui fait s’éteindre le moteur aux arrêts), à l’injection directe et aux turbos, aux directions électriques, aux transmissions à variation continue, voire aux systèmes hybrides et autres propulsions électriques. On assistera aussi à une vague de motorisations diesel qui, pour la même quantité de carburant, roulent jusqu’à 40% plus loin que les moteurs à essence.

Sauver une année de carburant… ou presque

Ce 153g/km imposé pour 2016, soit l’équivalent d’une consommation de 6,5L/100km, c’est une amélioration de 25% versus ce que les véhicules neufs consomment actuellement au Canada. En 2008 (donnée la plus récente), les automobiles neuves vendues au Canada enregistraient du 7,1L/100km de moyenne et les camions légers, du 9,5L/100km.

Environnement Canada soutient qu’en forçant une réduction des GES automobiles, donc de la consommation, c’est 28 milliards de litres de carburant qui seront épargnés d’ici 2016. C’est majeur: cela représente, grosso modo, les trois-quarts de ce que les Canadiens se procurent à la pompe chaque année…

Le Québec persiste… mais donne le choix

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.