Nissan Rogue 2014: Confort rassurant, conduite sans épices
-
Il a fallu patienter six ans avant que ne se pointe la 2e génération du Nissan Rogue. Et six ans, dans l’industrie automobile, c’est long. On était donc en droit de s’attendre à une révolution, plus qu’à une évolution.
Que non: on poursuit avec le même quatre cylindres de 2,5 litres, jumelé sans surprise à la sempiternelle boîte CVT, une motorisation qui ne bénéficie toujours pas de l’injection directe – pourtant réputée réduire efficacement la consommation en carburant.
Pas plus de vigueur sous le capot non plus: on en reste à 170 chevaux (et 175 lb-pi), ce qui est dans la basse moyenne de la catégorie. Qui dit peu de puissance doit se racheter avec un poids-plume, mais ce n’est pas le cas ici: le nouveau Nissan Rogue a “engraissé” d’une cinquantaine de kilos, alors que la tendance des dernières années est plutôt à la diète.
C’est peut-être pourquoi notre consommation en carburant sur l’autoroute n’a pas été très reluisante, comme vous le verrez plus loin. Sinon, nous n’aurons que de bons mots (ou presque…) pour cette nouvelle arme japonaise chez les utilitaires compacts – l’un des segments de marché les plus populaires en sol canadien.
-
Intérieur
De dehors, le Nissan Rogue 2014 a l’élégance – et la ressemblance familiale avec cette calandre en V, mais… pas le caractère. On a mixé des éléments des Ford Escape, Hyundai Santa Fe et même Subaru Forester, dans un ensemble certes agréable au coup d’oeil, mais qui ne se démarque pas. Tellement qu’un conducteur de Nissan Rogue de 1ère génération n’a pas reconnu que notre “carosse” était la nouvelle génération de son véhicule…
Dedans, c’est la belle logique qui prime: les commandes sont logiquement disposées et faciles d’accès, même lorsqu’il s’agit de rejoindre l’écran tactile de navigation – et nous répétons au passage que le système GPS de Nissan est l’un des plus user-friendly de toute l’industrie.
Pour avoir roulé sur l’autoroute 401 dans un sens, puis dans l’autre, nous vous confirmons: c’est la grande classe, ces sièges avant s’inspirant de la philosophie Gravité Zéro, lancée il y a deux ans avec la Nissan Altima. Même qu’on a peut-être droit là aux baquets les plus confortables de la catégorie.
Certes, quelques plastiques rugueux sont disséminés ici et là dans la cabine, mais sinon, la qualité des matériaux est au rendez-vous et leur assemblage, serré. Le coup d’oeil en est un qui tire sur le haut de gamme – mais il est vrai que nous étions à bord du Nissan Rogue SL Premium à traction intégrale, qui commande un prix d’étiquette de 33 098$.
Un bon mot pour le dégagement intérieur, tant aux têtes qu’aux jambes et tant à l’avant qu’à l’arrière, qui s’établit dans la très bonne moyenne des autres véhicules concurrents. Le cargo est vaste, avec ses 1982 litres une fois la banquette rabattue. Lorsque relevée, cette dernière accepte de s’avancer et se reculer – et ses dossiers de s’incliner. Bravo aussi pour le très pratique “Divide N’ Hide”, dont les tablettes amovibles permettent de compartimenter le rangement.
On aime que les versions les mieux nanties du Nissan Rogue 2014 offrent le hayon à ouverture électrique (c’est qu’on devient paresseux, avec le temps…). Par contre, les sièges avant chauffants nous ont paru trop timides – et tant ceux-ci que le système de chauffage ont fait preuve d’irrégularité, nous forçant à constamment les ajuster. Dommage aussi que la banquette ne puisse chauffer les popotins des passagers arrière – comme le font de plus en plus de produits coréens, doit-on le préciser.
-
Technologie
Il y a des constructeurs automobiles qui lancent des technologies de connectivité à tout vent – et au diable si c’est intuitif – et il y a ceux qui l’ont d’abord pensée. Et repensée. C’est le cas de Nissan (et de Chrysler, soit dit en passant) qui fait monter à bord de son nouveau Rogue des technologies utiles et faciles à apprivoiser.
On aime en particulier cette caméra de recul avec visualisation du périmètre qui, comme à vol d’oiseau, nous permet de bien voir les environs en mode recul. Une circulation transversale imprévue – ou non vue – s’amène? Ça fait bip pour nous alerter – et ça aussi, on aime. Et on apprécie grandement ce Nissan Connect qui lit nos messages alors qu’on roule – la seule façon, si vous voulez notre avis, de solutionner le problème des textos au volant.
Comme à la génération précédente, la traction intégrale peut se verrouiller (sous les 40km/h), de manière à placer les quatre roues au garde-à-vous en conditions plus corsées. Si vous voulez (encore) notre avis, tous les véhicules qui se disent utilitaires devraient offrir la chose. Seul hic: la commande d’activation est placée très bas à gauche du volant et il faut quitter les yeux de la route pour la trouver.
-
Conduite
Nissan fait tout un plat de ses nouveaux dispositifs tels le contrôle actif en virage, mais la vraie beauté de ces aides à la conduite, c’est qu’elles oeuvrent et manoeuvrent dans la plus complète transparence afin de maintenir le cap.
Et maintenir le cap, le Nissan Rogue 2014 le fait en tout confort. Pour ce, on remercie ces sièges Gravité Zéro dont il est question plus haut, mais aussi le réglage actif de la suspension. Celui-ci met à profit une horde de capteurs pour contrôler les rebonds de la suspension et les mouvements supérieurs de la caisse. C’est si discrètement efficace que ce n’est qu’en se glissant derrière des volants concurrents qu’on réalise que “Ah oui, il est vraiment confo et stable, ce Nissan Rogue”.
Par contre, pas de conduite épicée. Le Nissan Rogue 2014 est anesthésié par une direction électrique sans âme (y’a sûrement moyen de donner plus de résistance à ce gouvernail, non?) et une transmission CVT que nous avons qualifiée dans nos notes… d’horrible.
Sur l’autoroute à vitesse constante, ça va. Mais dès qu’il est question d’accélérations, la vigueur s’éveille (malheureusement) davantage à l’oreille que dans les faits et ça lire tant et aussi longtemps qu’on ne retire pas son pied de la “pédale en long”, sans pour autant nous propulser plus vitement. Et malheureusement, aucune boîte manuelle ne vient soulager l’affliction.
Vous savez où le Nissan Rogue 2014 est à son meilleur? Dans les conditions hivernales. Évidemment, nous parlons ici d’un Nissan Rogue équipé de la traction intégrale, comme il nous a été donné de lancer sur la piste glacée de Mécaglisse, près de Saint-Donat. Tous les systèmes d’aides étaient certes engagés et nous étions chaussés de pneus à crampons, mais reste que l’utilitaire a assuré – et plus encore. Dites-vous cependant que s’il n’avait pas été en mesure de le faire, Nissan ne nous aurait sûrement pas conviés à tenter l’expérience…
-
Valeur
Bon, qui dit petite puissance et CVT à souffrir, doit bien dire petite consommation en carburant, right? Car il faut bien compenser quelque part, non?
Eh bien… un gros bémol là-dessus, pour le moment du moins. Notre Nissan Rogue 2014 à traction intégrale était certes en période de rodage (avec plus ou moins 2000km au compteur), mais sur l’autoroute 401, par beau temps hivernal et à diverses positions au régulateur de vitesse, il a consommé… de 10% à 20% de plus que ses comparables. Il faudra voir ce qu’il en sera avec un exemplaire AWD dont l’odomètre dépasse les 5000km, mais pour l’heure, nous ne pouvons que dire qu’en conditions similaires, notre Nissan Rogue a “bouffé” presque autant… que son grand frère équipé d’un V6, le Nissan Pathfinder.
Devant cette gourmandise, le petit réservoir de 55 litres du nouveau Nissan Rogue (c’est cinq litres de moins qu’auparavant) a exigé qu’on le remplisse plus souvent qu’à son tour. Sachez que dans la catégorie, le réservoir le plus généreux est celui du Chevrolet Equinox, avec 71 litres.
Cet aspect “consommation” oblitéré, le Nissan Rogue, avec un prix de départ de 23 498$ (en version S, ajoutez 2000$ pour la traction intégrale), est l’un des utilitaires compacts japonais (bon, fabriqué au Tennessee) à l’étiquette la plus basse.
Sa version la plus intéressante, côté équipements/prix, est cependant celle en milieu de peloton: à partir de 26 748$, la variante SV fait monter à bord des gâteries comme le toit panoramique, la clé intelligente, l’ajustement électrique du siège conducteur et même une troisième rangée. Eh oui, le Nissan Rogue 2014 ose la 3e rangée (chez les utilitaires compacts, il n’y a plus que le Mitsubishi Outlander qui fait de même).
-
Conclusion
Le mot de la fin? Pour la conduite épicée, passez tout droit à la case Nissan Rogue et allez directement aux Ford Escape ou Volkswagen Tiguan (même s’il est en fin de cycle, celui-là).
Mais pour une conduite posée, rassurante et en tout confort, de même qu’un habitacle bienveillant doté d’à peu près tout ce qui se fait de technologies intelligentes et intuitives, le nouveau Nissan Rogue a définitivement voix au chapitre.
-
Avantages et inconvénients
- + Capacité hivernale
- + Commandes simples
- + Confort
- + Espace intérieur
- + Rapport équipement/prix
- + Technologies
- + Traction intégrale
- + Aspect pratique
- - Consommation élevée
- - Direction
- - Mécanique
- - Agrément de conduite
- - Pas de boîte manuelle
- - Performances