Votre voiture autonome, Nissan veut la... téléguider!

Dossiers
lundi, 16 janvier 2017
L'idée de Nissan est loin d'être folle: avant que nos voitures soient suffisamment intelligentes pour se conduire seules en toutes circonstances, pourquoi pas un opérateur pour les téléguider? Super... quand ça marche.

SAM: OnStar à l’extrême

C’est un peu le principe d’OnStar, mais poussé à l’extrême: un technicien répond à distance aux problèmes soulevés par l’automobiliste. Mais là où la technologie de GM se résume à donner des indications routières, voire à alerter les urgences en cas de déploiement d’un coussin gonflable, Nissan veut aller beaucoup plus loin:

Nissan veut littéralement prendre le contrôle de votre voiture.

C’est ce que le constructeur japonais appelle son Seamless Autonomous Mobility (la mobilité autonome en continu) – ou SAM.

Et pourquoi pas? Après tout, les voitures autonomes devront, pendant une plus ou moins longue période de transition, cohabiter avec des véhicules encore conduits par des humains. Et d’ici à ce que tous les scénarios possibles et impossibles soient programmés en intelligence artificielle, y compris les bogues informatiques eux-mêmes, il faudra bien palier aux obstacles qui se dessinent sur la route… sans chauffeur.

À cet épineux problème, Nissan répond par: l’humain.

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C’est super…

L’humain, donc, mais pour piloter à distance, un peu comme la NASA l’a fait avec son Rover sur la planète Mars.

D’ailleurs, c’est de la NASA que provient la technologie, c’est même à l’un des centres de recherche de l’agence spatiale américaine, dans la Silicon Valley, que l’expérience devait se dérouler en primeur mondiale.

En direct, évidemment.

Nous nous trouvons alors à près de 800 kilomètre de là – plus précisément à Las Vegas, au Consumer Electronics Show (CES). Devant une foule médiatique réunie autour du podium, pointant caméras et appareils-photos, un commentateur explique les différentes opérations projetées sur l’écran géant.

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… quand ça marche

Nous voyons ainsi une Nissan Leaf autonome s’avancer sur le campus de la NASA, pour soudainement s’arrêter, indécise: une zone de construction avec ses inévitables cônes oranges lui bloque le chemin.

Un automobiliste comme vous ou moi aurait établi un lien visuel avec le travailleur de chantier, qui aurait signalé à quel moment contourner l’obstacle, vous laissant empiéter sur la voie en sens inverse.

Sauf qu’une voiture autonome ne commettra pas d’elle-même pareille infraction; elle risque d’être immobilisée là, de longues minutes, à attendre une solution…

… une solution qui, selon la philosophie Nissan, passe par communication satellite.

En théorie, le technicien au centre de commande, érigé pour l’occasion sur la scène du CES, n’aurait eu qu’à analyser la situation, au vu des images et des données livrées par les capteurs de la voiture en fâcheuse position.

Il n’aurait ensuite eu qu’à lui «peinturer» une route, puis la relâcher en temps voulu.

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La voiture ne sait pas ou elle est!

Mais voilà: même les communications satellites aussi puissantes que celles de la NASA ne sont pas infaillibles. La connexion ne s’est pas établie avec notre centre de mobilité à distance et la pauvre Nissan Leaf est restée en plan…

… jusqu’à ce que le responsable du projet chez Nissan, Maarten Sierhuis (un ancien scientifique de la NASA, notez bien), vienne spontanément excuser la situation en ces termes:

«Le logiciel fonctionne bien, mais pour une raison qui nous échappe, la liaison satellite ne s’établit pas. Et sans cette liaison, la voiture… ne sait pas où elle est.»

À la décharge de Nissan, rappelons qu’on a déjà perdu des avions comme ça, ces dernières années…

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La bonne nouvelle, c’est qu’après une quinzaine de minutes – le temps d’un café pour vous et moi, mais une éternité pour les gens de Nissan – la communication satellite s’est rétablie.

On a pu voir le technicien brosser un nouveau trajet pour que non seulement la voiture dédiée à notre exercice retrouve son autonomie – et son chemin jusqu’à destination, mais aussi pour que les autres véhicules sans chauffeur appelés à négocier le même obstacle, ce jour-là, profitent de cette «route retracée».

Évidemment, les choses auraient été beaucoup plus rapides si le conducteur «d’urgence» à bord de la Nissan Leaf avait repris le volant pour solutionner ce qui, au demeurant, n’est pas une phénomène routier extraordinaire, mais bon: l’expérience n’aurait alors pas eu la même portée…

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