Bon, tout n’est pas tout à fait exact dans cette introduction.

D’abord, je ne suis pas au volant de la S60 “Drive-Me”. Je suis plutôt assise côté passager, puisque le siège conducteur doit être occupé par un responsable formé à la conduite autonome.

Mais sinon, il pleut vraiment des cordes (voyez nos photos…).

Et la Volvo, eh bien, elle roule vraiment toute seule.

À 70km/h.

Sur la voie rapide qui encercle Göteborg, sa ville natale (et la deuxième ville en importance de la Suède).

Bienvenue à bord du projet “Drive-Me” de Volvo, qui veut que notre commentaire d’introduction devienne réalité en 2017.

(Et à ce moment-là, la connectivité automobile permettra assurément que je publie instantanément ce texte sur Autofocus.ca, de même que toutes les photos et les vidéos qui l’accompagnent…)

Ah, la conduite automatisée (self-driving car). Interrogez les gens autour de vous et voyez comment tout le monde a son opinion, bonne ou mauvaise:

Lu sur des forums Internet: “J’ai hâte de pouvoir prendre un verre de trop et de laisser ma voiture en auto-pilote me ramener à la maison.”

Entendu au salon de coiffure: “Il n’en est pas question, je veux garder le contrôle de mon véhicule – je ne fais même pas confiance au cruise control!”

Attrapé sur un vol d’Air Canada: “J’adorerais me laisser conduire au travail; je pourrais dormir une heure de plus… dans ma voiture.”

Mais: “Quoi? M’enlever le plaisir de conduire? Je ferais tout aussi bien de prendre un taxi.”

Personnellement, l’auteur de ces lignes rêve du jour où elle travaillera tout du long de la 401 sans devoir prendre le train ou l’avion.

Et vous? Notre boîte de commentaires (ci-dessous) et notre page Facebook est toute disposée à savoir ce que vous-mêmes en pensez, de la conduite automatisée.

Beaucoup d’embûches parsèment le chemin qui mène à ces rêves – ou à ces cauchemars.

Plusieurs tentent néanmoins l’aventure: Mercedes, Nissan, Volkswagen, Ford, Tesla et même Google, dont les voitures autonomes ont déjà parcouru plus d’un million de kilomètres sans accident.

Mais c’est à Volvo, le constructeur de la sécurité s’il en est un, que revient la palme du tout premier projet-pilote d’envergure au monde: le Drive-Me mettra en circulation, dès 2017, une centaine de voitures autonomes sur une cinquantaine de kilomètres de voies rapides encerclant Göteborg.

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Pour le prix mensuel de n’importe quelle autre Volvo louée, chacun des 100 volants Drive-Me seront confiés à des clients disposés à louer pendant deux ans des Volvo pas comme les autres, munies qu’elles seront d’une horde de boîtes noires et d’émetteurs.

Ceux-ci relaieront au constructeur suédois, seconde après seconde, l’expérience menée dans la vraie vie à chaque fois que les “conducteurs” engageront la commande appelée (attention… roulements de tambour…): “auto-pilote”.

L’objectif est d’engranger le plus de données possibles… et de s’assurer que personne n’ait l’idée de rouler en autonome ailleurs que sur les segments autorisés par Volvo.

Note aux automobilistes qui circuleront dans la région: ne faites aucune manoeuvre brusque et n’appelez surtout pas le 911 si vous voyez des conducteurs de Volvo en train de lire ou de consulter l’Internet sur leur téléphone intelligent…

Vous dites que c’est loin, l’an 2017? Pas quand il faut avoir réglé quelques petits détails du genre:

  • la voiture autonome doit savoir reconnaître qu’un piéton s’apprête – ou pas – à traverser, pour s’immobiliser en conséquence;
  • elle doit pouvoir s’insérer dans n’importe quelle circulation et en ressortir, respectueuse de tous les codes de sécurité que la terre peut porter;
  • en conditions hivernales, elle doit tenir compte de la chaussée glacée et accorder ses distances de suivi et de freinage;
  • dans les zones de construction, elle doit diminuer sa vitesse et comprendre la signification des cônes oranges.

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Pour le moment, Volvo n’en est pas encore là et la S60 “Drive-Me” requiert qu’un conducteur prenne le contrôle en circulation urbaine.

Mais sinon, “notre” S60 équipée d’une horde de technologies (la plupart camouflée dans le coffre arrière et qu’on n’a pas voulu nous montrer, secret industriel oblige) s’est pilotée d’elle-même.

Elle s’est pilotée d’elle-même pendant une vingtaine de kilomètres sur la route E6, en dépit d’une visibilité limite.

Surpris que même l’ondée, qui avait justement choisi ce moment pour s’abattre sur la ville portuaire, ne viennent pas couler notre randonnée autonome?

Ne le soyez pas: à bord, tous les moyens sont bons pour maintenir le cap, à commencer par des capteurs de lignes de démarcation, des détecteurs de barrières, des radars et des LIDAR (télédétection par laser).

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Maintenant, vous voulez savoir ce que ça fait, d’ainsi se faire conduire par… personne?

Rien.

Rien de très loin versus ces régulateurs de vitesse intelligents, ces avertisseurs d’angles morts et de changements de voie, ces alertes aux collisions et ces freinages automatisés qui se démocratisent depuis quelques années déjà.

Tout au plus, la S60 Drive-Me a tendance à se chercher entre les lignes de démarcation et notre technicien-pilote, constamment aux aguets, a dû corriger à plusieurs reprises.

Pour tout dire, on a trouvé la balade relativement tranquille. C’est que le système est programmé pour religieusement respecter les limites de vitesse. Et là où nous roulions, la limite s’affichait à 70 km/h.

Nous étions bien les seuls à l’honorer… Remarquez, si c’est le prix à payer pour pouvoir vous écrire ces lignes derrière un volant, je suis 100% partante.

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Là où vraiment, nous avons fait entendre des “waow”, c’est à la démonstration du stationnement automatisé.

Ici, on ne parle pas de ces dispositifs déjà existants qui font que votre Toyota ou votre Ford se stationne tout seule, avec vous au volant.

Non: on parle d’un vrai système qui vous laisse débarquer à destination, puis qui envoie votre voiture se garer toute seule dans un stationnement à proximité, sur la simple pression de la touche “Stationne-toi” à votre téléphone intelligent.

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Il est temps de reprendre la route? Vous enfoncez la touche “Viens me chercher” et la voiture s’ébranle, quitte le stationnement et vient vous ramasser.

Avouez qu’à l’idée de votre voiture, qui se promène sans personne à bord et qui effectue toutes les manoeuvres nécessaires pour vous déposer et vous récupérer à votre lieu de rendez-vous, vous aussi, vous dites: waow.

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Bien sûr, avant de vivre pareille situation à la James Bond, il faudra non seulement que la conduite automatisée soit 100% au point, mais que les infrastructures soient aménagées pour faire le lien entre nos téléphones intelligents et les cases disponibles. Entre autres.

Pas demain la veille? Sachez que les autorités suédoises en transport et en urbanisme ont déjà commencé à saliver à l’idée d’accueillir davantage de véhicules dans des stationnements aux cases plus étroites et à hauteur de toit réduite – puisque personne n’aura à y ouvrir de portière et à ensuite y déambuler. Qui sait, peut-être pourront-elles même parvenir, comme elles en rêvent, à complètement éliminer le stationnement sur rue?

Pour notre part, nous salivons à l’idée d’une ville où plus aucun véhicule ne tournerait en rond pour dégoter un espace où se garer…