Stratégie SkyActiv: Mazda repense tout un siècle de conventions automobiles

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mercredi, 4 avril 2012
Comment faire lorsqu’on est un petit constructeur comme Mazda qui doive réduire la consommation de ses véhicules, mais qu’on n’a pas les moyens des grands développements hybrides ou électriques? On repense tout, de A à Z, dans une stratégie désignée SkyActiv. Et du coup, on découvre peut-être le Graal du bon vieux moteur à combustion interne…

Tout repenser de A à Z a signifié, pour Mazda, revoir rien de moins que 100 ans de manières de faire, tant en motorisations qu’en transmissions, en châssis qu’en carrosserie, en suspensions qu’en direction.

Les idées les plus folles ont été mises sur la table du SkyActiv, avec pour objectif d’optimiser chacun de ces éléments. Et tant pis si on virait carrément sans dessus dessous un siècle de conventions automobiles.

Faire ‘plus mieux’ avec moins

C’est un fait : Mazda n’a pas les moyens financiers des grands comme Toyota – qui se targue de dépenser un million de dollars à l’heure en recherche et développement.

Mais en essayant de faire ‘plus mieux’ avec moins, le petit constructeur japonais (Mazda vend annuellement sept fois moins de véhicules que Toyota) a peut-être découvert comment faire tout aussi efficacement – qui plus est, à moindre coût.

Un ‘comment’ qu’à leur tour, les grands risquent de vouloir copier…

Tous attendent…

Certes, il reste encore à vérifier la véritable économie en carburant annoncée du SkyActiv (Mazda promet une réduction de 15% à 20%), de même que la souplesse des groupes motopropulseurs, leurs émissions, leur fiabilité à long terme – entre autres choses.

On ne pourra le faire qu’avec le premier véhicule Mazda 100% SkyActiv, c’est-à-dire l’utilitaire CX-5 (le remplaçant du Tribute), qui débarque cette année en Amérique du Nord.

Mais déjà, l’intérêt est grand, notamment de la part des experts tels Lindsay Brooke, rédacteur en chef du magazine américain Automotive Engineering International (AEI) : « C’est brillant de la part de Mazda de s’être demandé ce qui pouvait encore être tiré du bon vieux moteur à combustion interne.

Et une chose est sûre : tous les autres constructeurs attendent de pouvoir acheter une Mazda SkyActiv, de la faire rouler sur dynamo, puis de la démonter pièce par pièce, afin de réellement constater de quoi il en retourne. »

Le SkyActiv de Mazda: vers l’abolition des frontières entre les moteurs diesel et à essence

Le SkyActiv de Mazda révise d’abord les suspensions, les transmissions (manuelle et automatique), la direction (électrique), la carrosserie et le châssis.

Et si nous n’avions que deux mots pour résumer la principale amélioration commune de ces organes, nous dirions simplement : plus légers. Ce qui est déjà une excellente nouvelle en soi, puisque le poids est l’ennemi à battre lorsqu’on veut réduire la consommation en carburant.

Mais ça, à peu près tous les constructeurs automobiles y travaillent ardemment.

Là où le SkyActiv se fera surtout connaître, c’est pour ses motorisations à essence et diesel qui, sans réduction de cylindrée, sans même les coûts additionnels d’un turbo pour le premier ou d’un traitement particulier à l’échappement pour le second, devraient consommer de 15 à 20% moins de carburant.

Deux moteurs, le même taux de compression

Comment est-ce possible? En grande partie parce que tant le moteur diesel (2,2 litres) que celui à essence (2 litres) partagent un même taux de compression : 14 :1.

Vous avez bien lu : le même taux de compression. Si celui-ci est très bas pour un moteur diesel (de fait, il s’agirait du moteur diesel au plus bas taux de compression du monde), c’est très élevé pour un moteur à essence – digne d’une mécanique de course, en fait.

(Notez qu’en Amérique du Nord, le moteur à essence SkyActiv se contentera d’un taux de 13 :1 afin de pouvoir s’abreuver à de l’essence régulière; un taux de 14 :1 aurait commandé du Super).

Le Graal?

Contrôle de l’injection, de l’allumage, de l’ouverture des valves… la plus haute précision est de rigueur pour éviter les problèmes (de cognements ou d’instabilité de combustion), mais Mazda soutient avoir réussi.

C’est d’autant remarquable qu’en partageant autant de points communs, les deux moteurs pourront être fabriqués sur la même ligne d’assemblage, réduisant de façon importante les coûts de production.

De fait : « Mazda est le premier constructeur à tenter de réunir les avantages des deux moteurs et ça pourrait bien être une révélation pour plusieurs dans l’industrie automobile, affirme M. Brooke. Car c’est un pas vers un avenir où, peut-être, il n’y aura plus qu’une seule mécanique qui pourra carburer indifféremment à l’essence ou au diesel. Et ça serait alors un peu comme le Graal automobile… »


Au-delà d'un taux de compression unique partagé par le moteur à essence et celui diesel, le SkyActiv de Mazda, c'est aussi...

  • Une boîte de transmission manuelle plus légère et plus compacte;
  • Une boîte automatique six rapports (un de plus) à prise directe dans toute la plage des vitesses;
  • Un châssis et une carrosserie de 8 à 14% plus légers;
  • Un système d'échappement 4-2-1 qui empêche les gaz de revenir dans la chambre de combustion;
  • Une réduction de 20 à 30% du frottement interne des moteurs (diesel et à essence);
  • Un turbocompresseur à deux étages (moteur diesel);
  • Une réduction annoncée de la consommation en carburant de 15 à 20%.

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