Ruée automobile vers les États-Unis?

Dossiers
lundi, 8 août 2011
Vous reluquez dans Internet de nouveaux véhicules et constatez – oh surprise – que leur prix est pas mal moindre aux États-Unis. Que faites-vous: vous vous ruez de l’autre côté de la frontière? Erreur: si vous êtes comme la majorité des Canadiens, vous n’y pensez même pas.

Entre les véhicules neufs canadiens et les véhicules neufs américains, il y a un indéniable écart de prix – quoiqu’il soit très difficile, voire impossible de dire de combien.

Car c’est comme de comparer des pommes et des oranges, et pour cause : les modèles sont souvent moins garnis chez nos voisins du Sud. Ainsi, la Toyota Sienna AWD Limited américaine demande presque 10 000$ de moins que celle canadienne, sauf qu’elle n’offre pas le système de navigation, le système de divertissement DVD, les tapis de sol et les essuie-glace sensibles à la pluie – des équipements pourtant de série sur la Sienna canadienne.

Même chose chez Mercedes : l’utilitaire ML550 4Matic (année-modèle 2011) débute à 57 590$ aux États-Unis, contre 69 700$ au Canada. Sauf qu’avant de décrier cet écart de 21%, il faut savoir que la variante canadienne comprend, de série, le revêtement de cuir, le système de navigation et la suspension à air – équipements pour lesquels, sur la version américaine, il faut débourser davantage.

Un dixième des USA

Difficile de départager, donc. Et pour obtenir un vrai portrait de la situation, il faut y aller cas par cas.

Une constante demeure, cependant : parce que le marché canadien ne représente qu’un dixième du marché américain, les constructeurs ne peuvent y offrir autant de variantes – ni les bas prix proposés à un marché dix fois plus populeux.

D’où ces véhicules qui, au Canada, ciblent les « packages » les plus populaires. Qu’on aime ou pas, on les a plutôt « full equip », nos automobiles.

En moyenne 17% plus chers

Historiquement, et jusqu’à il n’y a pas si longtemps, la faiblesse de notre huard faisait en sorte que les automobiles coûtaient moins cher au Canada qu’aux États-Unis.

Dennis DesRosiers, notre grand gourou canadien de la statistique automobile, estimait au tournant du millénaire que la moyenne des prix canadiens était de 17% (soit 3167$) sous la moyenne des prix américains (taux de change ajusté).

Ces dernières années toutefois, la donne a drastiquement changé.

En 2006, alors que notre dollar commençait à flirter sans pudeur avec la parité, DesRosiers a évalué que le véhicule moyen canadien coûtait… 17% de plus que le véhicule moyen américain (5860$). Et moyenne oblige, les plus grands écarts se trouvaient chez les véhicules de luxe.

Plus récemment, soit au printemps 2011, la Banque de Montréal estimait que l’écart entre nos véhicules neufs et ceux des États-Unis était encore de 16%.

Prix ajustés

Certes, les prix canadiens pour certains modèles de véhicules ont diminués, ces dernières années.

Ainsi, celui de la Subaru Legacy a été réduit de 15% depuis 2007. Et pour 2011, Porsche Canada a annoncé une (autre) réduction moyenne de ses prix de 5% – la grande championne étant la Panamera S, qui coûte 11 900$ de moins (maintenant à 103 200$).

Mais le huard qui ne cesse de grimper maintient l’écart.

Et trop souvent, c’est à notre détriment.

Pas de ruée – et on se demande pourquoi

Est-ce dire qu’on assiste à une ruée folle pour importer des véhicules américains au Canada?

Pas vraiment.

Il y a quatre ou cinq ans non plus, aux premiers indices de parité, ce ne fut pas la ruée folle.

Vrai que les importations ont alors augmenté : de 55% en 2006, de 68% en 2007. Mais si ces pourcentages impressionnent, dans les faits, le nombre de véhicules importés ne représente qu’une infime, vraiment infime partie de tout ce qui se vend annuellement au pays.

En effet, l’année 2010 n’aura vu transiter des États-Unis vers le Canada que 75 104 véhicules de tourisme neufs et usagés – excluant les autobus, remorques et camions commerciaux.

C’est à peine une ondée (1,7%) dans un marché canadien qui, bon an mal an, vend 4,3 millions de véhicules neufs et usagés.

Un processus qui fait peur

Une ruée n’est d’autant pas au rendez-vous qu’il y a eu la crise financière pour ralentir le phénomène. En 2009, on a enregistré moitié moins d’importations vers le Canada qu’en 2008 – 2008 a été, jusqu’à ce jour, l’année record avec 239 929 véhicules importés (tous genres confondus, y compris les véhicules commerciaux).

Depuis, les importations n’ont pas repris toute leur vigueur. Qu’est-ce qui freine les automobilistes d’aller acheter au Sud?

Pour tout dire, toutes les raisons sont bonnes. Plusieurs craignent le processus d’importation en lui-même, d’autres veulent profiter des taux d’intérêts promotionnels offerts par leur concessionnaire. Car, doit-on le souligner, celui ou celle qui achète aux États-Unis doit payer comptant; pas de crédit possible.

Plus simple qu’il n’y paraît

En réalité, disent toutefois les experts, peu d’obstacles parsèment la route de ceux qui veulent acheter leur véhicule aux États-Unis pour l’importer au Canada. Il leur suffit d’être bien renseigné sur la procédure à respecter.

Voilà pourquoi l’Agence des services frontaliers du Canada donne des séances d’information de deux heures (prochaines séances : le 14 septembre à Québec, le 21 septembre et le 5 octobre (en anglais) à Montréal. Infos : 1-800-959-2036).

Dominique McNeely, porte-parole pour l’Agence, rapporte qu’après ces rencontres traitant spécifiquement de l’importation automobile par des particuliers, les participants n’ont qu’une phrase à la bouche : le processus est pas mal plus simple qu’ils ne le pensaient.

195$ plus… taxes

Combien ça coûte, importer un véhicule? Vous serez surpris : 195$ plus les taxes à la consommation – des taxes que, de toute façon, il aurait fallu payer.

Et, évidemment, ça prend un minimum d’investissement en temps.

Sinon, la démarche peut se faire sans heurt et elle permet, bien souvent, d’épargner des milliers de dollars.

Vous en doutez? Pour vous en convaincre, lisez notre « ABC du parfait importateur particulier. »

Et pour bien faire les choses, lisez aussi nos mises en garde...

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