Révolution tranquille dans le diesel: dans trois ans, le diesel sera "propre"

Dossiers
lundi, 28 avril 2003
Le Canada a choisi d’harmoniser sa réglementation avec celle des États-Unis en ce qui a trait à la teneur maximale en soufre du carburant diesel. C’est pourquoi dès 2006, le carburant diesel vendu de ce côté-ci de la frontière, tout comme celui vendu au Sud, ne devra pas contenir plus de 15 mg/kg de soufre.

À l’heure actuelle, le diesel écoulé sur le marché canadien contient en moyenne 320 mg/kg de soufre – même que cette teneur varie selon les régions, de 270 mg/kg dans l’Ouest à 410 mg/kg au Québec et dans les provinces maritimes.

En abaissant ce niveau à 15 mg/kg, le gouvernement s’assure d’un carburant 95% plus propre. Les retombées positives vont d’une meilleure économie d’essence à des émissions de gaz à effet de serre plus faibles, en passant par des avantages significatifs pour l’environnement et la santé publique.

Tout a commencé le jour où l’américaine Environnement Protection Agency (EPA) a déterminé qu’une haute teneur en soufre dans le carburant diesel diminuait considérablement l’efficacité des systèmes technologiques des véhicules devant limiter les émissions polluantes. Ces systèmes sont rendus nécessaires par des normes antipollution plus rigoureuses qui entreront en vigueur pour les véhicules d’année-modèle 2007.

D’où la nécessité d’un carburant diesel à teneur limitée en soufre.

Déjà, en Europe, où près de la moitié des véhicules de tourisme roulent au diesel, des mesures ont été prises afin de « purifier » le carburant. Ainsi, l’union européenne entend en réduire la teneur en soufre à 50 parties par million dès 2005 et à 10 parties par million en 2010. Le Japon prévoit également abaisser sa limite à 50 parties par million à compter de 2007. (NDLR : 50 parties par million équivalent à 50 mg/kg).

Aux États-Unis, la nouvelle limite de 15 mg/kg devra être respectée à compter de 2006 – juin pour la production, septembre pour la vente. Une période de transition de quatre ans est cependant prévue. Jusqu’en 2010, 20% du diesel vendu sur le territoire américain pourra donc quand même dépasser la teneur maximale en soufre.

Au Canada, il a été décidé qu’aucune période de transition ne serait accordée. Le gouvernement, qui a adopté son Règlement sur le soufre dans le carburant diesel le 31 juillet 2002, a jugé que les industries visées avaient suffisamment de temps pour planifier et entreprendre les changements nécessaires, que ce soit au niveau des immobilisations ou de l’exploitation.

Combien cette « révolution du diesel » coûtera? Difficile à dire. En 2000, au Canada, 13 compagnies exploitaient vingt raffineries produisant du carburant diesel et empruntaient un réseau de distribution d’environ 13 000 points de vente.

Cette année-là, quelque 20,2 milliards de litres de diesel ont été produits ou importés au Canada. Selon les régions, le diesel comportait des teneurs en soufre qui différaient : 270 ppm dans l’Ouest, 350 en Ontario, mais 410 ppm au Québec et dans les provinces maritimes…

Selon les estimations d’Environnement Canada, l’industrie canadienne du raffinage du pétrole devra assumer, pour se conformer aux nouvelles normes, des coûts d’investissement de 2,3 milliards de dollars et des coûts d’exploitation annuels de 159 millions de dollars.

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