Reculer l'heure équivaudrait à... plus de morts sur nos routes

Dossiers
vendredi, 30 octobre 2015
La pratique de reculer l'heure permet peut-être de sauver de l'énergie, mais elle aurait des conséquences néfastes (et fort coûteuses) sur la sécurité routière - particulièrement pour les cyclistes et les piétons.

C’est du moins ce que soutiennent plusieurs organismes britanniques, qui se sont donné le mot cette semaine pour sonner l’alarme. Selon leurs recherches, des centaines de vies pourraient être sauvées sur les routes chaque année si, à l’automne, on ne reculait pas l’heure.

Rappelons que le fait de reculer nos horloges d’une heure – ce que nous faisons depuis un siècle maintenant et que nous referons dans la nuit de samedi (31 octobre) à dimanche – a pour principal objectif de réduire les consommations en énergie, comme l’explique notre collègue de Sympatico, Marie-Josée Turgeon.

Mais des voix commencent à s’élever pour que ladite pratique soit abolie et qu’on en reste à l’heure d’été, même en hiver.

En Angleterre, des associations comme GEM Motoring Assist et des porte-parole pour la sécurité routière comme l’ancien policier Keith Hellawell ont analysé les statistiques du Département de Transport britannique sur les victimes de la route.

Ils y ont découvert que les cyclistes et les piétons, particulièrement les écoliers, sont davantage blessés ou tués dans les mois d’octobre, novembre et décembre qu’à n’importe quel autre mois de l’année.

HeapMedia341396

On aurait pensé qu’étant beaucoup plus nombreux sur le réseau en été, c’est plutôt en juillet et en août que ces usagers de la route auraient été le plus en danger. Que non, disent les experts: ils le sont davantage dans les mois suivant le recul de l’heure, pour la simple et bonne raison que lorsqu’ils sortent du bureau ou de l’école, il fait déjà noir.

Et c’est tout à fait logique: l’obscurité défavorise les conducteurs, qui mettent alors plus de temps à voir et, s’il y a lieu, à réagir. Qui plus est, a confié l’économiste David Gerard au magazine Time, les automobilistes doivent du jour au lendemain composer avec une visibilité abruptement réduite aux heures de pointe où, quelques jours plus tôt, il faisait pourtant clair. Tous n’adaptent alors pas leur conduite, comme ils le devraient, en roulant plus lentement et en se montrant plus attentifs.

Conséquence notée aux trois derniers mois de l’année: le nombre d’accidents mortels ou entraînant des blessures graves est moitié plus élevé en fin d’après-midi qu’au matin, dit GEM Motoring Assist.

L’association de sécurité routière ajoute que les données sont encore plus marquées pour les élèves: trois fois plus d’entre eux sont blessés en retournant à la maison qu’en se rendant à l’école. (Notez qu’à partir de janvier la situation semble graduellement rentrer dans l’ordre, entre autres parce que les journées «rallongent».)

HeapMedia341394

Au Québec, aucune statistique du genre ne vient étayer – ou pas – la théorie. La SAAQ recense bien le nombre de victimes par type d’usagers de la route, puis le nombre de victimes (toutes catégories confondues) pour chaque mois de l’année, mais aucun recoupement n’est fait plus avant.

À la lumière (excusez le jeu de mots…) des données britanniques, on devrait sérieusement se pencher sur la question. Et peut-être choisir de se donner plus d’éclairage en fin d’après-midi, moment où les automobilistes, cyclistes et piétons sont majoritairement plus fatigués qu’au petit matin…

… quitte à sacrifier cette heure supplémentaire de sommeil qui nous attend le week-end prochain.

Les conseils du changement d’heure:

Automobilistes, portez une attention particulière aux usagers de la route plus vulnérables que vous, particulièrement autour des écoles. Cyclistes et piétons, portez des vêtements plus clairs, voire avec des bandes réfléchissantes.

CAA-Québec recommande également un polissage professionnel des phares automobiles – il faut savoir que des lentilles usées laissent passer jusqu’à 15 fois moins de lumière. Les tests menés par l’organisme ont démontré (vidéo) que des phares abîmés retranchent jusqu’à 60 mètres de visibilité – et que le conducteur d’une voiture qui en souffre mettra, à 40km/h, six secondes supplémentaires pour réagir.

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.