Musée Mercedes-Benz : la nouvelle Étoile de Stuttgart

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lundi, 8 mai 2006
Stuttgart, Allemagne – À quelques pas d’où Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach ont développé le premier moteur à combustion interne, se dresse maintenant la nouvelle Étoile de Stuttgart: le Musée Mercedes-Benz.

Le plus vieux constructeur du monde n’a pas attendu à aujourd’hui pour se pourvoir d’un musée. Il présente ses collections automobiles depuis 1923, au cœur de son usine d’Untertürkheim, adjacente à son siège social germanique. Max-Gerrit von Pein, directeur de DaimlerChrysler Heritage, soutient que l’endroit est le musée corporatif le plus visité du monde – 500 000 visiteurs y ont franchi les tourniquets l’an dernier.

Mais les salles sont devenues trop petites, les planchers n’étaient pas conçus pour les lourdes icônes commerciales et il n’existait aucune possibilité d’expansion…. Il fallait donc un nouveau musée.

Tous pour UN... et aucun mur

La firme d’architectes néerlandaise UN Studio van Berkel & Bos (Amsterdam) a arraché le contrat de construction en janvier 2002. Sa proposition d’un édifice aux formes géométriques avant-gardistes et inspirées du trèfle, composé d’aluminium et de glaces – tiens, voilà des matériaux qui ne sont pas inconnus à l’automobile! – a complètement séduit.

Il a fallu deux ans et demi – et 35 000 plans – pour ériger cette structure si peu conventionnelle. Elle surplombe aujourd’hui la vallée Neckar, et les autoroutes qui mènent au centre-ville de Stuttgart. Les vignobles, en fond de panorama, se laissent aussi admirer par l’un des 1800 panneaux vitrés du building – s’ils sont tous de forme triangulaire, ils sont cependant tous uniques: pas un ‘carreau’ ne partage les mêmes dimensions…

À l’intérieur, aucun mur droit : tout est en angle, sauf les cages d’ascenseur. Quelque 630 kilomètres de câblage ont été nécessaires pour illuminer et sécuriser l’endroit – de quoi se rendre jusqu’à Paris. Les 120 000 tonnes de béton coulé recèlent 100 kilomètres de canalisation, où passent 33 000 litres d’eau chauffée, assurant un climat confortable à longueur d’année.

Les visiteurs pénètrent dans le sanctuaire d’un atrium haut de 42 mètres, éclairé par une diffuse lumière du jour qui tombe du toit. Ils empruntent un ascenseur qui a tout de la capsule spatiale et qui les débarque au 9e niveau, là où commence leur voyage dans le temps.

Un peu comme ces touristes qui doivent ‘spiraler’ dans la cuvette naturelle où se niche Stuttgart, les visiteurs du Musée Mercedes-Benz descendent doucement les rampes qui s’enroulent encore et encore autour de l’atrium, au point de perdre le compte des étages.

Légendes et Papemobile

Deux parcours s’entrecoupent ainsi, au gré des rétrospectives. Le premier, « Les Légendes », retrace chronologiquement les 120 ans d’histoire de Mercedes, époque par époque. Son plateau de départ accueille nulle autre que la toute première automobile (1886), ainsi que le premier moteur à combustion interne – encore aujourd’hui, la mécanique « Horloge Grand-Père » fait solennellement tic-tac, tic-tac.

Le périple se poursuit avec la naissance d’une marque (y trône la 40HP Mercedes-Simplex, la plus vieille Mercedes du monde encore existante), le développement du moteur diesel, le miracle d’après-guerre (qui, pour le constructeur allemand, a mené à la 300 SL), la sécurité et l’environnement.

Aux murs, des panneaux illuminés donnent la perspective des grands événements du siècle : le premier homme à atteindre le Pôle Nord, le Mont Everest; la première apparition d’Elvis Presley à la télévision, la Beatle Mania; les deux grandes guerres, Hiroshima, la chute du mur de Berlin; la création des Nations Unies, le premier homme sur la lune.

Le second parcours elliptique croise cinq « Collections », portant sur l’histoire commerciale de Mercedes, ses Voyageurs ou encore ses Héros. Le plateau « Célébrités » reçoit la Papemobile de Jean-Paul II et, tout à côté, la 500SL que Lady Diana s’est procurée en décembre 1991, au grand dam du gouvernement, des syndicats et des industries. Jamais princesse n’avait osé jusqu’à ce jour faire l’acquisition d’une automobile non britannique…

Flèches d'argent et laboratoires sur quatre roues

Parfois, le visiteur déambule dans la pénombre tranquille, ailleurs, il le fait dans la lumière du jour qui baigne une atmosphère sereine et apaisante.

La visite converge en une apogée de la course automobile, avec une F1 montée sur socle illuminé, mais surtout toutes ces Flèches d’argent immortalisées sur un ovale incliné, comme prêtes à s’élancer.

En tout, le Musée Mercedes-Benz exhibe 160 véhicules, dont quelques concepts qui ont récemment fait la manchette ces dernières années.

Ce dernier plateau « Fascination technologique » met en vedette les véhicules-laboratoire F400 Carving et F500-Mind, entre autres.

Un long corridor de 80 mètres relie le passé au présent et dirige la marche vers le Centre Mercedes-Benz, concessionnaire phare de la marque. Quatre étages de forme cubique, question de les démarquer du musée voisin tout en courbes et en virages, hébergent la gamme complète de Mercedes, de la petite Smart ForTwo à l’hallucinante SLR McLaren.

Ajoutez à cela un amphithéâtre de 500 personnes et une place paysagée pouvant en accueillir 30 000, et vous comprendrez pourquoi personne n’a encore été en mesure de (ou voulu?) chiffrer l’investissement requis pour ce Mercedes World.

La grande inauguration du Musée Mercedes-Benz a eu lieu le 19 mai 2006.

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