Musée Ferrari à Maranello: Ferrari courtise l'Amérique!

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jeudi, 5 juin 2014
Montréal s'ébranle aux sons des F1? Parfait pour souligner les 60 ans de présence de Ferrari en Amérique. Et pour l'occasion, le célèbre musée de Maranello s'est refait une beauté - nous étions à l'inauguration de son exposition California Dreaming. (Photos: Nadine Filion)

Puisqu’il est (intensément) question de F1 cette semaine , commençons par vous plonger dans l’univers de la course automobile qui, incidemment, constitue le clou de toute visite à l’un des plus célèbres musées d’Italie: celui de Ferrari.

Situé à Maranello, au coeur du fief de Ferrari…

… le Musée Ferrari consacre un mythique amphithéâtre – le Hall des Victoires – à ses exploits en course automobile.

De tous les constructeurs, seul Ferrari a pris part à toutes les saisons de Formule Un depuis les débuts du “cirque”, en 1950.

Le constructeur au cheval cambré a engrangé un nombre record de trophées en F1 – avec 221 victoires, 15 titres de championnat du monde (pilotes) et 16 titres de championnat du monde (constructeurs).

Les années les plus fastes pour Ferrari en F1 sont celles de 1999 à 2008 – d’où cet hommage aux monoplaces concernées: de gauche à droite, la F399 (1999), la F1-2000, la F2001, la F2002, la F2003, la F2004, la F2007 et la F2008.

Et voici la motivation mécanique qui, pour cette même période, les propulsait.

Plus d’une centaine de trophées obtenus en F1 trônent au Musée Ferrari – à commencer par le tout premier, remporté à Silverstone le 14 juillet 1951 (avec la monoplace 375, pilotée par l’Argentin Froilan Gonzales).

Le Hall des Victoires de Ferrari regroupe le casque de tous ses champions du monde en F1 – qui sont au nombre de 9: Alberto Ascari (1952-1953), Juan Manuel Fangio (1956), Mike Hawthorn (1958), Phil Hill (1961), John Surtees (1964), Niki Lauda (1975, 1977), Jody Scheckter (1979), Michael Schumacher (2000-2004) et Kimi Raikkonen (2007).

L'Amérique, en particulier les États-Unis et, encore plus précisément la Californie, participent au succès de l’italienne Ferrari depuis maintenant 60 ans.

Voilà pourquoi le directeur du Musée Ferrari, Antonio Ghini, a voulu donner un relent d’Amérique à sa nouvelle exposition.

C’est donc sous le thème “California Dreaming” que le musée Ferrari s’est refait une beauté – nous avons eu l’occasion de le visiter le jour même de l’inauguration, en avril dernier.

À la place d’honneur, tout juste à l’entrée de l’exposition: la Ferrari 375 à moteur V12 spécialement transformée pour l’Indianapolis 500 de 1952, une épreuve à laquelle Enzo Ferrari avait décidé de participer avec…

… au volant, Alberto Ascari (champion de F1 en 1952 et 1953). Un bris de suspension a cependant freiné tout espoir de victoire.

Au menu de cette nouvelle exposition inaugurée en avril dernier: cinq grands thèmes californiens.

D’abord, une re-création du circuit Laguna Seca, virage “corkscrew” (le “tire-bouchon”) compris, où l’un des premiers bolides à s’exhiber est la Ferrari 312 T4 #12 pilotée par Gilles Villeneuve en 1979. Cette année-là, le bolide a mené Ferrari (et Jody Scheckter) en tête des championnats de F1 (pilote et constructeur).

S’exhibent également la Ferrari 312 B2 (#2), au volant de laquelle a pris place un certain (!) Mario Andretti. À ses côtés, une recréation (tous les exemplaires de l’époque ayant été détruits) de la Ferrari 156 (#6) qui a permis à Phil Hill d’engranger le titre de champion du monde en 1961.

La Ferrari Tipo 637 Formule Cart/Indy, développée en secret en 1986 et présentée l’année suivante, était une menace directe de la part d’Enzo Ferrari de se retirer du championnat de F1, si un (certain) Bernie Ecclestone poursuivait avec ses nouvelles règles sportives.

Ferrari n’ayant pas eu à mettre sa menace “Cart/Indy” à exécution, le moteur V8 qui avait été développé a été offert à Alfa Romeo. Ce dernier constructeur l’a glissé dans sa Lola T91/100, qu’il a fait piloter par Danny Sullivan – pour une 4e place à la saison 1991.

Tout à côté de la légendaire voiture #12, on retrouve la monoplace F60 de 2009 (“60” pour 60 ans de participation en F1), avec laquelle Kimi Räikkönen a remporté le Grand Prix de Belgique.

Cette année-là avait lieu la première année d’utilisation par Ferrari du système KERS (Kinetic Energy Recovery System).

Plus d’un demi-siècle de F1… en modèles réduits.

Aux devants, la Ferrari 330 P de 1964 avec son V8 – seuls trois exemplaires ont été construits. À l’arrière (à gauche), la “monstrueuse” Ferrari 712 CanAm de 1971 – le bolide accueillait un V12 de presque 7 litres, la plus importante cylindrée proposée par le constructeur à cette époque. À l’arrière (à droite), la Ferrari 333 SP de 1994 qui a marqué le retour de Ferrari, après deux décennies d’absence, dans des épreuves comme les 12 Heures de Sebring – des épreuves remportées en 1995, 1997 et 1998.

La Ferrari Dino 308 GT4, avec moteur V8 de 3 litres, a été dessinée par Bertone (l’une des rares Ferrari à avoir été infidèles à Pininfarina). Cet exemplaire unique, préparé par l’équipe nord-américaine NART de Luigi Chinetti (importateur de la marque aux États-Unis) a pris part aux 24 Heures LeMans en 1974.

Cette Ferrari F355 a participé, en 1995, au Challenge Ferrari Corse Clienti – un championnat réservé aux clients de la marque italienne et qui les fait s’affronter sur les plus grands circuits d’Amérique, d’Europe et d’Asie.

Admirez au passage ce moteur V8 bi-turbo de 3 litres (F40, 1987) qui produisait 478 chevaux bien comptés…

… et ce moteur V12 de 6 litres qui, avec ses 660 chevaux, était réservé aux très sélectes Ferrari Enzo (2002).

En second thème de l’exposition California Dreaming, on a droit à un hommage aux vedettes hollywoodiennes automobiles, comme cette Ferrari 512 (ici M – pour modifiée) qui fut la protagoniste dans le film LeMans, mettant en vedette Steve McQueen.

L’inscription David Piper, au capot, rend hommage au pilote anglais cascadeur qui, lors d’un grave accident en cours de tournage, a perdu une partie d’une jambe.

Parlant de Steve McQueen: cette Ferrari 275 GTB4 (V12 de 300 chevaux) a été propriété personnelle de l’acteur américain. Elle lui a été livrée en 1967 alors qu’il était en plein tournage du film Bullit, à San Francisco.

Un propriétaire subséquent avait transformé le coupé en “spider”, mais la division Ferrari Classiche a ramené la “berlinetta” à sa configuration originale. Et…

… Nouvelle de dernière heure: cette Ferrari 275 GTB4 sera vendue aux enchères (pour plus ou moins 8,5$ millions, disent les experts) à l’occasion du Concours d’Élégance de Pebble Beach, en août prochain. L’histoire ne dit pas quel bolide viendra remplacer l’espace “hollywoodien” qui deviendra ainsi vacant au Musée Ferrari…

Enzo Ferrari a légendairement déclaré: “La meilleure Ferrari que nous n’ayons jamais conçue… est la prochaine.”

Le tapis rouge d’Hollywood nous mène jusque sur Rodeo Drive, dans Beverly Hills, où trônent 60 ans de style Ferrari. Soit avec cette rutilante Ferrari SA Aperta (une édition limitée décapotée qui honore Sergio et Andrea Pininfarina – d’où le S et le A). Et, encore, avec cette Ferrari California T argentée, qui célèbre le retour de la technologie turbo au sein de la famille italienne.

D’une Ferrari California à l’autre: l’une des plus belles voitures du Musée Ferrari est cette 250 GT California Spider “passo corto”, produite fin des années 1950, début des années 1960.

Petit coup d’oeil à l’intérieur de la Ferrari 250 GT California Spider…

Remarquez, cette Ferrari 330 America, qui a été produite en moins d’une centaine d’exemplaires pour l’Amérique, ne donne pas sa place non plus, côté style. Et à sa gauche, on retrouve…

… la Ferrari 512 BB de 1976 – BB pour Berlinetta Boxer – avec son V12 de 5 litres produisant près de 350 chevaux.

Cette Ferrari 275 GTB4 NART Spider est l’une des Ferrari de production les plus rares: seules 10 unités ont été fabriquées pour le marché américain, à la demande de Luigi Chinetti, l’importeur d’alors. Tout récemment, l’un de ces rares exemplaires s’est vendu aux enchères pour 25$ millions.

À gauche, la Ferrari 365 GTB4 “Plexi” en l’honneur des phares de plexiglass – une configuration qui ne respectait pas les normes américaines de sécurité et qui a donc dû céder sa place aux phares “pop-up”. À droite, avec son toit amovible “targa”, la Dino (en l’honneur du fils d’Enzo Ferrari, décédé à l’âge de 24 ans d’une grave maladie génétique ) 246 GTS, telle que produite entre 1972 et 1974.

Les grands classiques, quatrième thème de l’exposition California Dreaming, sont réunis sur une re-création du 18e trou du célèbre golf de Pebble Beach (avec en prime, des effluves de pelouse fraîchement tondue embaumant l’air), où se tient le tout aussi célèbre Concours d’Élégance.

Voici ce qui doit être la Ferrari la plus hideuse – et la plus curieuse – jamais conçue: la Colani Testa D’Oro 1989, dessinée par Suisse Lutz “Luigi” Colani, qui tentait alors une interprétation personnelle (pour le moins unique…) de la Testarossa.

Avec son moteur 12 cylindres à plat de près de 750 chevaux, le prototype (vu ici de l’arrière) a établi un record de vitesse pour voitures avec convertisseur catalytique (351 km/h à Salt Lake Flats dans l’Utah, en 1991).

Aux devants, la “fictive” 212 Export S “Burano” qui a pris part au Mille Miglia de 1955… afin que les images puissent être intégrées au film “The Racers”, mettant en vedette Kirk Douglas. À ses côtés, l’une des Ferrari 400 Superamerica de production limitée réservée au marché américain – chacune était personnalisée d’équipements exclusifs, au goût de l’acheteur.

Aux devants, la Thomassima III de 1969 (traduction: “Le Max pour Thomas”), la création la plus célèbre du “customizer” américain Tom Meade. Au centre, la Ferrari 166 Inter Berlinetta Touring, telle que produite entre 1948 et 1950. Et à l’extrémité, la Ferrari Modena, avec la toute première monocoque de la famille entièrement faite d’aluminium (1999-2005).

Ferrari 500 Superfast… Quel bel exemple de pléonasme! Seules 36 unités de la voiture grand tourisme, qui coûtait autant que deux Rolls Royce, ont été produites (entre 1964 et 1966). Le chah d’Iran en aurait acheté deux…

Le dernier thème de l’exposition California Dreaming se veut un reflet de la Silicon Valley, où Ferrari en met plein la vue avec ses dernières technologies – et sa toute dernière LaFerrari.

Dénudée de toute carrosserie, la Ferrari F12 Berlinetta montre ses composantes mécaniques, notamment son V12 de 740 “cavallinos”.

La Ferrari FF, premier bolide de la famille à s’offrir avec la traction intégrale.

Le V8 bi-turbo de 560 chevaux qui se glisse dans la Ferrari California T marque le retour de la turbocompression sous les capots du constructeur italien. Une technologie qui n’a pas été offerte au sein de la famille depuis les années 1990, avec la Ferrari F40.

Une Ferrari ne serait pas une Ferrari sans ses freins carbone-céramique…

Le futur de Ferrari? En attendant, terminons la visite avec, en rafale, des clichés de la Ferrari LaFerrari et ses presque 1000 chevaux, bolide mis à l’honneur sous l'énigmatique éclairage d'une salle privée…

 

 

 

 

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