Le parfait Nez Rougeur: un "vingt", pas du vin!

Dossiers
mercredi, 23 décembre 2009
Histoire vécue à Opération Nez Rouge : un client éméché revient sain et sauf à son domicile. Particulièrement satisfait du raccompagnement qui lui a été offert, il remet tout guilleret aux bénévoles un billet de vingt dollars… et une bouteille de vin.

Et voilà que le plus sérieusement du monde, en cette fin de nuit un peu trop festive pour lui, le raccompagné se met à expliquer que le «vingt», c’est pour l’enveloppe de Nez Rouge et que le vin – «non, non, ce n’est pas un pot-de-vin!» – constitue un signe d’appréciation pour les gentils bénévoles. Bénévoles à qui, d’ailleurs, il fait promettre de ne pas boire la bouteille tout en conduisant «parce que, dit-il, c’est très, très dangereux»…

Vous vous en doutez, les gens d’Opération Nez Rouge ont eu toute la misère du monde à conserver leur sérieux et à mettre diplomatiquement fin aux précisions bien intentionnées, mais combien nébuleuses du grisé.

Dans Opération Nez Rouge, comme dans toute chose, il y a les «quoi faire» et les «quoi ne pas faire». Un billet de vingt dollars, c’est bien. Une bouteille de vin? Mieux vaut la conserver pour une occasion prochaine… où le retour à la maison n’impliquera évidemment pas une séance de conduite automobile!

1,5 million de raccompagnements plus tard…

Que se passe-t-il quand un dynamique professeur de mathématiques soucieux de la sécurité routière se met à la recherche de financement pour l’équipe de natation (le Rouge et Or de l’Université Laval) qu’il entraîne?

Il se passe qu’Opération Nez Rouge voit le jour. C’était en 1984 et cette année, on célèbre une 26e campagne, répartie sur 61 organisations au Québec et 44 autres à travers le Canada.

Eh oui, Opération Nez Rouge s’est nationalisée au fil des années et seules les provinces de l’Île du Prince Édouard et de Terre-Neuve, de même que le Yukon, n’offrent toujours pas le service.

Pour ceux qui aiment les statistiques, sachez que depuis les débuts d’Opération Nez Rouge, plus d’un million et demi de raccompagnements ont été effectués au pays par un grand total de 787 940 présences bénévoles.

Pour ceux qui aiment les histoires drôles maintenant, sachez qu’il s’en passe toujours une verte ou une pas mûre lors des soirées Nez Rouge. Comme cette fois où un homme ivre a oublié d’indiquer aux bénévoles qu’il fallait aussi raccompagner sa femme…

La dame en question a attendu patiemment dans le stationnement du bar qu’on vienne la récupérer, mais l’histoire ne dit pas si, par la suite, elle a demandé le divorce!

Êtes-vous un bon Nez Rougeur?

Il y a les bons Nez Rougeurs et il y a les mauvais. Et même saoul, il y a moyen de figurer à la première catégorie, pour le plus grand bonheur de tout le monde.

D’abord, le fait d’appeler Opération Nez Rouge afin d’être reconduit à la maison constitue déjà un premier pas. « Celui qui nous téléphone a compris qu’il ne fallait pas conduire : bravo! » dit Aurélie Levy, responsable des communications de l’organisation-mère à Québec.

Aussi, le parfait Nez Rougeur se montre patient. S’il téléphone à l’heure de pointe nocturne où tout le monde veut rentrer, il risque de devoir attendre son raccompagnement pendant plus de cinq ou dix minutes.

Par contre, lorsque l’équipe Nez Rouge se pointe sur place, le parfait raccompagné se dépêche de la rejoindre. Son « dernier verre, mon minou », il l’a déjà pris et sa tournée des Au Revoir qui n’en finissent plus, il l’a déjà effectuée…

Le bon Nez Rougeur se souvient de l’endroit où il a garé sa voiture, mais aussi du modèle qu’il conduit. Et, tant qu’à y être, de la couleur de sa carrosserie. « Les bénévoles ne veulent pas reconduire le mauvais véhicule! » lance la porte-parole.

Jasez-en!

Aussi, le parfait Nez Rougeur est reconnaissant du service rendu parce qu’il sait que l’organisation repose entièrement sur des bénévoles. Et que ceux-ci donnent de leur temps pendant la période annuelle la plus achalandée qui soit…

Sa reconnaissance passe évidemment par un beau sourire et, s’il est en état de le faire, par une belle discussion avec ses raccompagnateurs au cours du trajet qui le ramènera à bon port. « Les bénévoles apprécient beaucoup ce contact humain, ce moment de partage avec quelqu’un qu’autrement, ils n’auraient sans doute jamais rencontré, » rapporte Mme Levy.

S’il ne se sent pas bien, le bon Nez Rougeur se félicite d’avoir laissé un sac pour mal des transports dans le vide-poche ou une pochette de siège de son véhicule. « Des choses comme ça, ça arrive, admet Mme Levy. Mais les bénévoles ne s’en formalisent pas. Après tout, ça fait partie de la soirée et… ce n’est même pas leur voiture! »

Un p’tit « vingt » pour la route?

Le parfait Nez Rougeur sera si content d’avoir été ramené sain et sauf à la maison qu’il voudra glisser un pourboire dans l’enveloppe Nez Rouge. Lorsqu’il aura dégrisé, il se rappellera que tous les dons sont remis en totalité à des organismes jeunesse et de sport amateur de sa région.

De quoi aider à mieux vivre l’inévitable mal de bloc…

Le raccompagné se demande combien il devrait laisser? Sachez que la moyenne des dons est de 20$. Mais : « La vocation première de Nez Rouge n’est pas la campagne de financement, rappelle Mme Levy. Son objectif premier est de rendre les routes plus sécuritaires. Nous préférons mille fois quelqu’un qui utilise nos services sans verser un sou que celui qui donne gros mais qui, la fois suivante, prend le volant en état d’ébriété… »

Le bon raccompagnateur… compose le 1-866-Desjardins

S’il y a le bon Nez Rougeur, il y a évidemment le bon raccompagnateur. Celui-ci s’illustre d’abord et avant tout par son envie de participer à l’Opération, même si ce n’est que pour une soirée ou même une moitié de soirée.

«Les grosses fins de semaine s’en viennent et nous avons besoin du plus grand nombre possible de bénévoles, dit Mme Levy. Plus on en a, et plus on peut faire de raccompagnements.»

Pour s’informer et s’inscrire, ne serait-ce que pour trois heures de bénévolat d’ici la fin de l’Opération (31 décembre), un seul numéro : 1-866-Desjardins. Sachez d’ailleurs que c’est le même numéro à composer pour obtenir un raccompagnement.

Peu patients? Oubliez ça!

Ceci dit, vous n’êtes ni patient, ni tolérant? Mieux vaut alors oublier toute participation à Opération Nez Rouge. En effet, l’organisation tient à sa réputation et elle demande à ses bénévoles d’être calmes et polis en toutes circonstances.

Le client tient mordicus à finir son verre avant d’être raccompagné? Patience! Profitez-en pour faire le tour des autres convives et leur rappeler qu’une fois la soirée terminée, Nez Rouge sera content de les raccompagner, eux aussi.

Prévoyez le coup de la fatigue…

Mine de rien, une soirée complète de bénévolat à l’Opération Nez Rouge représente une période continue sans sommeil de plus de 18 heures. Les bénévoles sont là pour assurer la sécurité automobile des gens qui ont trop bu, ça serait bien dommage d’échanger quatre trente sous pour une piastre si ces mêmes bénévoles s’endormaient au volant…

L’organisation suggère donc une petite sieste en fin d’après-midi ou en début de soirée, tout juste avant de prendre le « service ». Voilà de quoi faire la guerre aux heures les plus creuses dictées par son horloge biologique.

Oh, avons-nous besoin de souligner que le parfait raccompagnateur ne consomme jamais d’alcool, la journée de sa participation?

En tête de palmarès : la sécurité

Il se peut qu’un raccompagnement pose problème. Ça arrive, un accrochage ou un accident. Mais on peut prévoir bien des désagréments en s’assurant que les véhicules disposent du carburant nécessaire pour effectuer le trajet prévu.

Toujours, la sécurité des usagers de la route doit figurer en tête de palmarès. Trop de passagers pour le nombre de ceintures de sécurité? On ne démarre pas, c’est aussi simple que ça.

Et surtout, on respecte les limites de vitesse, les arrêts et les feux de circulation…

Avant de partir…

Un appel de raccompagnement est entré? Une petite minute : l’équipe ne doit pas se lancer à l’aveuglette. Elle doit d’abord s’assurer, à l’aide des cartes routières disponibles à leur centrale Nez Rouge, de l’exactitude du point de rencontre – et de la façon de s’y rendre le plus rapidement possible.

Où est mon « char » ?

Une fois sur place, le chauffeur et le partenaire doivent récupérer le client… et son véhicule. Patience, si l’état d’ébriété avancé fait qu’on ne se souvienne plus trop-trop de l’endroit où – hic! – l’on s’est garé…

Il est tombé quelques flocons? Il faut déneiger l’automobile du raccompagné, y compris ses phares avant et arrière. Au passage, un p’tit coup d’œil à la carrosserie permettra de juger si tout est en ordre – et de noter des accrochages précédents pour lesquels Nez Rouge ne voudra pas être tenu responsable.

J’habite, j’habite, j’haaabite…

Puisqu’une escorte motorisée doit suivre le raccompagnement – et ramener les bénévoles! – il est primordial qu’elle sache où elle s’en va. D’ailleurs, il serait bien que toute l’équipe sache, elle aussi, où elle s’en va…

Le client a de la difficulté à se rappeler de son lieu de résidence? On jette un œil à son permis de conduire et voilà qui devrait régler le problème.

On en profite pour noter sur un bout de papier l’immatriculation du raccompagné, que l’on remet à l’escorte motorisée, de façon à ce que celle-ci… suive le bon véhicule.

Pas devant la borne fontaine, SVP !

Question de bien mener l’opération jusqu’au bout, l’équipe Nez Rouge veillera, une fois à destination, à stationner le véhicule de son client dans un endroit autorisé.

Une fois les portières bien verrouillées, elle remet les clés au raccompagné. Question de s’assurer que ladites clés ne soient pas l’objet d’une recherche désespérée au lendemain de la veille, elle patiente une petite minute avant de redemander au client s’il les a bien récupérées.

Si la réponse est oui, il y a de bonnes chances pour que la mémoire s’en souvienne, elle aussi, au petit matin.

C’est gratuit!

Le service Nez Rouge est gratuit et jamais, au grand jamais, les bénévoles ne doivent solliciter d’argent. Par contre, nombreux sont les raccompagnés qui glissent un petit quelque chose dans l’enveloppe Nez Rouge. L’équipe s’assure alors que tout l’argent va directement à l’organisation – qui, elle, remet l’intégralité de ces dons à des organismes locaux de jeunesse ou de sport amateur.

Depuis les débuts de Nez Rouge il y a 25 ans, 18,5 millions de dollars ont ainsi été amassés. Uniquement l’an dernier, les coffres des associations ainsi soutenues ont reçu 1,2 million à travers le pays.


Comment ça marche

Chaque équipe Nez Rouge est constituée de trois membres :
- une escorte motorisée, qui suit dans le véhicule de l’équipe. Il/elle doit avoir 18 ans ou plus.
- un chauffeur et un partenaire, qui prennent place à bord de l’automobile du raccompagné. Le premier doit avoir 21 ans et plus, le second doit être en âge d’entrer dans les bars.

OPÉRATION NEZ ROUGE en quelques chiffres
Raccompagnements à travers le Canada depuis 1984 : 1 506 421
Présences bénévoles : 787 940
L’an dernier : 49 816 bénévoles ont contribué à la cause à travers le pays (37 953 au Québec).
Nombre de « Nez Rouge » au Canada : 105 (dont 61 au Québec)
Objectif premier : assurer la sécurité routière en cette période où les soirées sont souvent trop arrosées (du 4 au 31 décembre)
Objectif secondaire : tous les dons sont intégralement remis à des organismes locaux pour la jeunesse et le sport amateur


Opération Nez Rouge 2009
Du 4 au 31 décembre, de 19h à 3h du matin (en réalité, les lignes téléphoniques restent ouvertes un peu plus longuement…). Numéro à composer pour devenir bénévole ou demander un raccompagnement : 1-866-Desjardins.

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