Le futur, c’est aujourd’hui

Dossiers
vendredi, 15 avril 2005
Le conducteur pilote sa Toyota Prius vers une case de stationnement en parallèle. Il actionne une commande, avant de relâcher pédales et volant. Sans aucune autre intervention de sa part, la voiture procède à la manœuvre de stationnement. Toute seule.

En quelques secondes, sans fausse note, le volant à commande électrique tourne de lui-même, les roues pivotent d’un sens, puis de l’autre et la voiture vient s’insérer exactement là où souhaité.

Bienvenue au Centre technique Toyota d’Higashi-Fuji, au Japon, là où les voitures se garent d’elles-mêmes.

C’est à ce centre de recherche, situé au pied du Mont Fuji, que le système « Park-itself », ou assistance au stationnement intelligent, a été développé. Le dispositif compte sur des caméras qui enregistrent visuellement la case de stationnement, avant d’acheminer l’information à l’ordinateur de bord.

Ce dernier utilise la trigonométrie afin de cibler l’espace disponible, générer une trajectoire, calculer, puis diriger le mouvement de la direction.

Impressionnant.

L’ingénieur chargé du projet, Hisashi Satonaka, nous a confié le plus grand défi auquel il s’est heurté : « Nous avons dû travailler à réduire le temps nécessaire à la manœuvre, dit-il. Au début, un stationnement en parallèle demandait 30 secondes, mais nous avons réussi à mettre au point un dispositif qui ne demande que quelques secondes. »

Le « Park itself » a pour mission de faciliter la vie aux automobilistes. « Il aide à réduire le nombre de fois qu’un conducteur doit se reprendre avant de réussir à bien garer sa voiture, dit M. Satonaka.

Aussi, parce qu’il fait la majeure partie du boulot, le système laisse au conducteur toute son attention pour mieux surveiller le périmètre et éviter de malencontreuses collisions. »

Parlant de collisions, une autre technologie a été conçue au centre Higashi-Fuji : le système de «pré-collision», qui vise directement la sécurité routière. Toyota l’a mis au point en partant du principe que la plupart des accidents mortels ou avec blessés graves sont causés par une reconnaissance tardive du danger – et une réaction d’autant retardée de la part du conducteur.

Afin de nous faire la démonstration de ce nouveau dispositif, les ingénieurs de Toyota nous invitent à monter à bord d’un utilitaire. Pour l’occasion, la calandre du véhicule est équipée d’un radar qui discerne les obstacles pouvant se trouver sur sa voie.

Nous nous engageons sur un circuit fermé, où l’on nous demande de faire grimper la vitesse à 60 km/h. Là-bas, tout droit devant, de grands cônes obstruent le chemin. On nous intime de ne pas freiner.

Ne pas freiner???

Nous consentons à l’étrange demande, bien décidés à ne pas toucher à la pédale des freins.

Surprise : le radar distingue l’obstacle plusieurs centaines de mètres à l’avance et transmet l’information au module de commande. Ce dernier, ne décelant aucune intention de freinage, se met en action.

Il réagit d’abord en resserrant les ceintures de sécurité, histoire de maintenir les passagers solidement en place, puis en appliquant lui-même les freins. En moins de deux, la vitesse de l’utilitaire est substantiellement réduite et, si nous heurtons les cônes, nous le faisons avec moins de fracas que prévu.

Impressionnant, encore une fois.

Des dispositifs « intelligents »

Toyota n’est pas le seul constructeur à concevoir des outils destinés à améliorer la sécurité automobile. Nissan, par exemple, a mis au point un système de « franchissement de ligne » qui alarme le conducteur si le véhicule empiète sur la voie de circulation contiguë.

C’est à nouveau une caméra et un module de commande qui font tout le boulot, de concert avec des capteurs de vitesse. Si la première visionne un franchissement des lignes tracées sur la chaussée, elle fait savoir au second qu’un pépin est à prévoir – un signal sonore résonne alors dans l’habitacle pour semoncer le conducteur victime de distraction ou sur le point de s’endormir.

Question d’éviter les fausses alarmes, le dispositif se désactive lorsque les clignotants sont engagés ou si la vitesse du véhicule est inférieure à 75 km/h.

Autre technologie développée par Nissan, mais aussi par un nombre grandissant de constructeurs automobiles : le régulateur de vitesse intelligent. C’est bien beau, un dispositif pour maintenir une vitesse constante sur l’autoroute, mais combien de fois doit-on le désengager lorsque la circulation se fait irrégulière ou plus dense?

Le régulateur « intelligent » résout le problème grâce à un radar ou un laser qui capte, tout juste devant, la présence de circulation plus lente. De façon tout à fait automatique, il ajuste la vitesse du véhicule sans que le conducteur n’ait à intervenir.

Chez un concessionnaire près de chez vous…

Si lire ces lignes vous donne l’impression d’être projeté dans un film de science fiction, des petites nouvelles pour vous : l’alarme de franchissement de voies et le régulateur de vitesse intelligent sont d’ores et déjà offerts sur le marché – ils le sont sur certains modèles d’Infiniti, la famille haut de gamme de Nissan.

D’autres constructeurs de luxe, tels Mercedes, Lexus, Jaguar et Audi, proposent aussi le régulateur de vitesse intelligent. De même, l’assistance au stationnement intelligent de Toyota est déjà disponible sur les Prius vendues au Japon, alors que le système de « pré-collision » doit prochainement embarquer à bord des véhicules Lexus.

Aussi, de plus en plus de véhicules s’adaptent au goût du jour et offrent les « phares adaptatifs », qui accordent leur axe de rayonnement selon la direction qu’emprunte le volant.

Toutes ces technologies de pointe sont, pour le moment, réservés aux véhicules de luxe. Comme tout autre « gadget » automobile, ils visent d’abord la rentabilité, avant de monter à bord de véhicules plus abordables.

Dites-vous cependant que leur distribution sur des modèles génériques ne saura tarder. À preuve : il n’y a pas si longtemps, seuls les véhicules haut de gamme proposaient les freins ABS et les coussins gonflables latéraux.

Aujourd’hui, même la plus commune des fourgonnettes en fait tout autant – elle va même jusqu’à proposer l’assistance au recul, soit par un « bip-bip » annonçant l’éminence d’un obstacle à l’arrière ou encore, plus sophistiquée, par une caméra projetant l’image environnante sur un écran au tableau de bord.

« POD » tant que ça…

Il n’y a donc qu’un pas avant que l’assistance au stationnement intelligent, le dispositif de pré-collision, le système de franchissement de ligne et le régulateur de vitesse intelligent se démocratisent.

Par contre, n’attendez pas que votre prochain véhicule soit un clône du POD (Personalization On Demand).

Le POD, développé conjointement par Toyota et Sony, constitue un véritable laboratoire sur quatre roues explorant le potentiel de communications entre le conducteur et son véhicule.

Tout d’abord, il « ressent » les humeurs. Il en arrive à détecter, par exemple, si l’automobiliste qui le pilote est impatient.

Pour ce faire, il utilise différents capteurs qui enregistrent pouls et degré de transpiration, ou encore accélérations brusques et subites. Du coup, le POD voudra détendre l’atmosphère et livrera quelques conseils de relaxation, intensifiera la climatisation ou encore choisira quelques morceaux musicaux paisibles à faire résonner dans la cabine.

Le POD sait aussi faire connaître ses propres sentiments. Ses phares, sa grille et ses rétroviseurs latéraux, à la manière d’yeux, de bouche et d’oreilles, empruntent multiples configurations et s’illuminent de différents coloris, afin d’exprimer une dizaine d’émotions.

Celles-ci vont de la joie d’un passage au lave-auto à la perplexité lorsqu’une destination particulière est recherchée, en passant par l’inquiétude lorsque les conditions routières sont mauvaises, voire la fatigue après une longue route.

Dans l’habitacle, le conducteur ne peut passer outre l’humeur de son POD. S’il pilote en douceur et de façon sécuritaire, l’écran du tableau de bord montrera des mains qui applaudissent. Une conduite dangereuse se traduira par un regard courroucé.

Mais avant qu’un véhicule semblable s’amène sur le marché, il y a lieu de rêver, encore et encore. Rappelez vous : au milieu du siècle dernier, les experts prédisaient qu’à l’an 2000, les voitures allaient voler.

On attend toujours…

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