La signalisation routière : facile à décoder… vraiment?

Dossiers
vendredi, 1 octobre 2004
La signalisation routière fait partie intégrante du paysage nord-américain depuis que les premiers feux de circulation sont apparus à Détroit, en 1910. Et encore aujourd’hui, elle fait l’objet d’études continues. Parce qu’elle a pour mission d’assurer la sécurité des usagers de la route et la fluidité de la circulation, elle évolue constamment, soucieuse d’être claire et comprise par tous. Mais… l’est-elle vraiment?

La signalisation routière, composée de panneaux, mais aussi de marques sur la chaussée et de signaux lumineux, doit être respectée de tous les automobilistes. Encore faut-il que ces derniers la reconnaissent.

Guy Paquette, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval à Québec, a réalisé plusieurs études sur la question. Ses recherches ont révélé que 20% des gens interrogés ne savaient pas comment se comporter devant le panneau ‘Cédez le passage’.

De ce nombre, une personne sur deux disait comprendre le message à l’envers…

M. Paquette a également découvert qu’une personne sur cinq ne connaissait pas la signification du panneau d’entrée interdite – qui sert pourtant à empêcher les automobilistes de s’engager dans une voie à contresens.

Ne pas reconnaître ce panneau peut malheureusement entraîner le type d’accidents routiers le plus meurtrier qui soit : la collision frontale.

Le professeur universitaire croit malgré tout que le système de signalisation québécois est l’un des plus complets au monde. Mais qui dit complet, dit également plus compliqué, non? «Certains peuvent penser que c’est le cas, admet M. Paquette. Lorsque on veut bien faire les choses, il arrive qu’on les complexifie…»

En effet, tous les panneaux de signalisation ne sont pas déchiffrables au premier coup d’oeil. Qui plus est, de nouveaux panneaux apparaissent au fil des ans, alors d’autres subissent des modifications.

Par exemple, le panneau annonçant les zones scolaires arbore désormais une couleur différente – pouvez-vous deviner laquelle? Et avec l’entrée en vigueur au printemps dernier du virage à droite sur feu rouge, de nouveaux panneaux fourmillent littéralement aux intersections.

Voici donc un rappel de quelques panneaux de signalisation, ainsi que les règles du Code de la sécurité de la route qui s’y rattachent.

Cédez le passage

Ce panneau intime à l’automobiliste d’accorder la priorité aux véhicules qui circulent sur la voie qu’il souhaite emprunter. Pourtant, devant cette signalisation, certains conducteurs s'aventurent encore comme si de rien n'était, alors que d'autres effectuent un arrêt complet.

« Ces deux manœuvres perturbent inutilement la circulation, soutient le ministère des Transports du Québec. L'objectif du ‘Cédez le passage’ est de s'engager sur la route prioritaire sans s'arrêter, mais sans non plus gêner les conducteurs qui y circulent. C'est seulement lorsqu'il est impossible de faire autrement qu'il convient de s'arrêter. »

Chevron d’alignement

Les chevrons d’alignement indiquent un virage prononcé. Peu savent cependant qu’ils sont utilisés lorsque la différence entre la vitesse permise sur la route et la vitesse recommandée dans la courbe atteint 35 kilomètres à l’heure.

Balise de danger

Ce panneau avertit de la présence d'un obstacle à éviter. Attention : les barres obliques sont toujours orientées, de haut en bas, vers le côté de la chaussée où le conducteur devra se diriger, s’il veut contourner le danger.

Les recherches du professeur Paquette ont démontré que 60% des gens ne savaient quelle signification donner à cette signalisation routière…

Perte de voie et voie rétrécie

Ces deux panneaux portent à confusion. Le premier indique une perte de voie et informe le conducteur qui y circule qu’il devra en changer.

Le second signale une diminution de la largeur de la chaussée. Le nombre de voies n’est pas réduit pour autant et l’automobiliste n’a pas à se ranger sur la voie adjacente.

Zone scolaire

Afin d’inciter les conducteurs à se montrer encore plus prudents dans les zones scolaires, le ministère des Transports du Québec a fait modifier, au cours de l’hiver 2000, le Code de la sécurité routière.

Et puisque des études ont démontré que le bleu du panneau scolaire était davantage associé à de l’information touristique qu’à la notion de danger, les panneaux bleus d’écoliers ont cédé la place à de nouveaux panneaux plus visibles, recouverts d'une pellicule fluorescente jaune-vert. Des panneaux de limite de vitesse peuvent également s’ajouter.

Voie exclusive de sortie d’autoroute

Les véhicules circulant sur la voie exclusive d’une sortie d’autoroute doivent obligatoirement emprunter la rampe de sortie. Le ministère des Transports du Québec rappelle que ces voies exclusives sont toujours identifiées par une séquence de trois panneaux: « Les automobilistes ont tout le loisir de changer de voie à temps s'ils ne comptent pas emprunter la sortie. Ceux qui décident de quitter cette voie tardivement, alors qu'elle est délimitée par une ligne continue, n'ont aucune excuse.»

Virage à droite interdit sur feu rouge

Depuis le 1er avril 2003, le virage à droite sur feu rouge est permis sur l’ensemble du territoire québécois, sauf sur l’île de Montréal et aux intersections où figure un panneau d’interdiction.

Les municipalités et le ministère des Transports du Québec, qui gèrent respectivement 85% et 15% des intersections, peuvent invoquer de nombreux motifs pour interdire le virage à droite : une distance insuffisante de visibilité, un aménagement géométrique restreint, une intersection de forme inhabituelle ou encore un nombre important de piétons ou de cyclistes traversant à l’intersection.

Conséquence : le panneau d’interdiction de virage à droite sur feu rouge a champignonné partout au Québec. Pour compliquer les choses, certaines intersections sont affectées d’une interdiction de durée limitée – un second panneau indique alors les plages horaires pendant lesquelles la manœuvre n’est pas permise.

Lorsque le virage à droite sur feu rouge est autorisé, le conducteur doit néanmoins se conformer à quelques grandes règles.

  • Il doit d’abord effectuer un arrêt complet, sans obstruer le passage pour piétons.
  • Puis, il doit vérifier deux fois plutôt qu’une que le virage soit sécuritaire.
  • Toujours, il doit accorder la priorité aux véhicules routiers et cyclistes engagés – ainsi qu’à ceux sur le point de le faire.
  • Il doit également se rappeler que les piétons ont toujours priorité si un feu pour piétons les autorise à traverser. En l’absence d’un feu pour piétons, ces derniers ont néanmoins la priorité au feu vert.

Un dernier rappel : le virage à droite sur feu rouge n’est pas obligatoire, il est un privilège. «Respectez la décision du conducteur qui ne tourne pas à droite à un feu rouge et ne klaxonnez pas pour l’obliger à avancer,» commande le ministère des Transports du Québec.


La signalisation symbolique : une idée québécoise qui a fait du chemin

Les premiers feux de circulation sont apparus en 1910 à Détroit, mais c’est à un Québécois, J.-Omer Martineau que revient l’initiative d’une signalisation symbolique.

« Cet assistant ingénieur en chef au ministère de la Voirie du Québec avait compris que les conducteurs ne savaient pas tous lire, mais que tous désiraient conduire, » rapporte le ministère des Transports du Québec. C’est pourquoi M. Martineau entreprend, en 1923, de substituer les panneaux avec textes pour des panneaux arborant des symboles.

« Ce principe de signalisation symbolique obtiendra la reconnaissance internationale dans le cadre de la Conférence mondiale sur les transports routiers de 1949, rapporte encore le Ministère. Voilà une idée québécoise qui a fait du chemin! »


Question ‘quiz’

En signalisation routière, que signifie le vert? Le rouge? Le jaune? L’orange?

Bravo si vous avez répondu respectivement l'obligation, l'interdiction, le danger et les travaux routiers.

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