GM en Chine : sur la vague d’une croissance fulgurante

Dossiers
dimanche, 3 décembre 2006
Shanghai, Chine – La présentation PowerPoint fait état de 144 concessionnaires Chevrolet en Chine. Steve Betz, directeur de marque, sourit en coin : « Ces informations remontent à deux mois et il faut les corriger: nous avons maintenant… 152. D’ici cinq ans, nous devrions en compter 500. »

À ce seul exemple, nous comprenons à quel point les choses se développent rapidement, de l’autre côté de la planète...

GM, précédé de Volkswagen, a été l’un des premiers constructeurs automobiles à s’implanter en Chine. Il y fait des affaires depuis une décennie et offre aujourd’hui six marques : Chevrolet, Buick, Cadillac, Opel, Saab et Wuling, un « local » spécialisé dans les petits véhicules.

En tout, une trentaine de modèles permettent à GM d’occuper 10% du marché – mine de rien, son second en importance…

Toutes marques confondues, GM compte actuellement 1045 points de vente en Chine et 1087 points de service après-vente. Ces chiffres ne sont cependant que la pointe de l’iceberg. En effet, le marché chinois continue d’exploser.

En 1998, les ventes de véhicules ne dépassaient pas les deux millions d’unités. En 2006, elles devaient franchir les sept millions… devançant le Japon à titre de deuxième marché automobile au monde.

À ce rythme, « la Chine pourrait même dépasser les États-Unis d’ici 10 ou 15 ans, » soutient Nick Reilly, président de GM Asie-Pacifique. On comprend l’empressement des constructeurs à s’y imposer. GM, avec son partenaire Shanghai Automotive Industry Corp. (SAIC), y opère déjà huit usines d’assemblage et trois usines de moteurs. Sans compter un centre d’ingénierie et de design, le Pan Asia Technical Automotive Center (PATAC).

La globalisation… localisée

Le PATAC joue un rôle primordial pour GM en Chine, qui veut produire le plus « localement » possible. C’est que les modèles importés sont assujettis à une coûteuse taxe de vente de 25%...

Le PATAC a donc « localisé » plusieurs modèles de GM, dont la nouvelle Cadillac STS. Cette dernière a été allongée de 10 centimètre et a hérité de sièges arrière chauffants avec fonction massage – c’est que les Chinois les aiment longues, leurs voitures. Au passage, la berline, assemblée à l’usine GM Shanghai, a pris une nouvelle désignation : SLS, avec un « L » comme dans… loooong.

Le PATAC a aussi adapté la Buick LaCrosse (notre Allure). Résultat : « La berline ne partage ni ses moteurs, ni son intérieur, ni même ses panneaux de carrosserie avec le modèle américain », dit Margaret Brooks, directrice de la marque.

Même chose pour la Buick Excelle – un pur produit de la globalisation… « localisé ». La compacte de luxe est en fait une Chevrolet Optra, donc tirée d’une architecture Daewoo, qui a reçu du PATAC une adaptation à la «Buick chinoise». «Cela veut dire du cuir, des touches de chrome, plus d’élégance dans la calandre, des modifications à la suspension et à l’insonorisation,» explique Raymond Bierzynski, directeur général du centre.

La recette doit être gagnante, puisque l’Excelle est en voie de devenir la voiture la plus vendue de toute la Chine, devant… la Volkswagen Jetta.

Surtout, Buick allait vendre au-delà de 300 000 véhicules en 2006 en terre chinoise. La donnée est historique : pour la première fois, GM aura écoulé plus de Buick sur un autre marché que sur le sien.

L’exportation? Pas encore!

Devant cette industrie galopante, pas étonnant que les dirigeants de GM ne projettent pas encore d’exportations massives à partir de la Chine.

Certes, le constructeur exporte déjà quelques modèles, en de faibles volumes toutefois : la Sail au Chili, l’Aveo en Russie et la LaCrosse à Taiwan. Sans oublier ces moteurs, fabriqués à Shanghai, qui équipent nos Pontiac Torrent et Chevrolet Equinox assemblés à l’usine Cami, en Ontario.

N’empêche, « il n’est pas encore question d’exporter, dit Joseph Liu, directeur des ventes pour GM Chine. Notre priorité va plutôt au marché domestique, là où se trouve la croissance. »

« Toute notre capacité de production, qui devrait toucher un million de véhicules en 2010, est consacrée au marché domestique, » renchérit Julian Blissett, directeur de l’usine GM Shanghai.

Il faut dire que la main-d’œuvre est peut-être moins coûteuse qu’ailleurs (de 2$US à 4$US/h dans les usines GM, soutiennent les responsables), la fabrication entraîne ici d’autres frais qui sont plus élevés. Les énergies sont donc consacrées à rendre le processus plus efficace. Et, surtout, à gérer toute cette croissance fulgurante.

Et pas question de manquer son coup : « Il nous est absolument nécessaire de bien faire en Chine, » soutient Nick Reilly. « Nous prévoyons une hausse du marché de 10% à 15% l’an prochain, conclut Kevin Wale, président de GM Chine. Notre objectif est de croître encore plus rapidement que le marché. »

Rien de moins.

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