Écrans du futur

Dossiers
samedi, 15 septembre 2012
Depuis dix ans, la télématique automobile évolue à vitesse Grand V. De ces écrans de bord pas toujours intuitifs proposés en début de millénaire, on est passé à des contrôles tactiles et à d'élaborées commandes vocales. Même que très bientôt, un simple clin d'oeil pourrait suffire...

Qui aurait cru, il y a dix ans, que l'on retrouverait à bord de nos véhicules, comme pour notre ordinateur, des souris et des touches "Enter" (mais pas encore de touches "Deleate", fort heureusement...)?

Et pourtant.

Ce qui a d'abord commencé par envahir les véhicules de luxe se retrouve, aujourd'hui, même dans des petites voitures économiques. On assiste à une démocratisation des écrans tactiles pour contrôler la climatisation et la radio, des commandes au volant pour naviguer dans les historiques de trajets et les graphiques de consommation, des commandes vocales pour consulter le répertoire de son cellulaire ou de son Ipod.

Des molettes qu'on triture pour que s'affiche une calculatrice et son convertisseur d'unités? Ça existe - chez Acura, notamment.

Le mode "haptique" qui crée une résistance virtuelle sous le bout des doigts, pour faciliter la recherche par menus déroulants? Ça existe - chez Lexus, entre autres.

Des écrans qui quittent le mode "veille" lorsqu'un capteur détecte une main qui s'approche, prête à "pincer" une carte routière pour l'agrandir? Ça existe - chez Cadillac.

Des systèmes qui s'apparient à nos téléphones (et à leur connexion de données) pour dupliquer leurs applications météo, circulation ou prix de l'essence? Ça existe - chez Toyota (du moins, aux États-Unis).

La science-fiction est à nos portes

Et ce n'est qu'un début. Au Centre de technologies avancées de GM, établi dans la Silicon Valley en Californie, le directeur Byron Shaw affirme que demain appartient aux écrans configurables, selon les besoins du moment ou les goûts du jour.

De même qu'aux clins d'oeil.

Vous avez bien lu. Un jour prochain, le conducteur qui a un p'tit creux n'aura qu'à cligner de la paupière pour faire apparaître, à l'écran de bord, la liste des restaurants qui se trouvent à proximité. Un autre clin d'oeil lui permettra d'inscrire le resto Thaï de son choix comme destination, pour que le système de navigation puisse dénicher le plus court chemin afin de s'y rendre. Un dernier clin d'oeil lancera l'appel téléphonique qui permettra de faire une réservation.

De la science-fiction? Plus pour très longtemps.

De la préhistoire à l'explosion télématique

Les possibilités sont aussi infinies qu'étourdissantes. À quand, par exemple, l'utilisation des caméras de recul qui équipent de plus en plus nos véhicules... pour croquer les environs où l'on circule et ainsi mettre son profil Facebook à jour?

Exagéré, vous trouvez? On ne peut en vouloir aux conducteurs d'en demander toujours plus. "Après tout, dit Byron Shaw, les gens sont connectés au bureau, à la maison, dans la rue, au Starbuck… Mais lorsqu’ils embarquent dans leur véhicule, c’est le trou noir, le néant."

La préhistoire de la communication, quoi.

D'où cette explosion télématique automobile. Mais ce n'est pas une mince tâche pour les experts que de trouver l'équilibre entre ce qu'on fait depuis plus de 100 ans sans relativement trop de distraction (!)et cette immuable avancée de l'information et de la connectivité à bord.

Les évolutions des dernières années cachent donc des ingénieurs, mais aussi des concepteurs graphiques, des spécialistes en comportement humain - voire des gens du jeu vidéo et du cinéma. Ensemble, ces développeurs se penchent sur l'un des plus grands défis automobiles de l'heure: rendre ces dispositifs "d'info-tainment" à la fois attrayants, informatifs... et intuitifs.

Principal enjeu? Réduire au possible - et non pas créer - la distraction au volant.

La panacée... contre les textos au volant

On peut mesurer le freinage et l'accélération d'une voiture, mais il est difficile de mesurer la distraction au volant - ou encore de jauger l'impact de tel ou tel dispositif sur la concentration d'un conducteur.

Des moyens de quantifier la problématique sont encore en développement, mais en attendant, l'américaine National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA) part du principe que la tâche la moins perturbante au volant est... la traditionnelle sélection d'un poste de radio.

Byron Shaw n'est pas du même avis: "Si aujourd'hui, on avait à lancer les commandes audio telles qu'on les connaît depuis des décennies, celles-ci ne passeraient même pas nos protocoles de sécurité." Alors, imaginez la programmation d'une destination au système de navigation ou la composition d'un numéro de téléphone...

Là où les experts s'entendent, c'est pour dire que les commandes vocales sont ce qui distrait le moins - mais encore faut-il qu'elles soient simples et conviviales (parlez-en à Ford, qui a dû repenser son Sync...).

Les commandes vocales, la panacée? Peut-être. D'ailleurs, le magazine Automotive Engineering International rapporte la poussée fulgurante, au cours des cinq dernières années, de ce type de commandes à bord des automobiles.

Et vous savez quoi? C'est peut-être par là que passera la solution au problème des textos au volant - l'une des plus dangereuses distractions au volant, dit la NHTSA. Déjà, quelques systèmes (chez Toyota et Ford, notamment) prennent le relais des cellulaires de façon sécuritaire et le plus facilement du monde:

En les lisant, ces textos.

Tout simplement.

Saviez-vous que...

... les premiers essuie-glace et les premiers systèmes audio qui ont fait leur apparition dans les automobiles, au début du siècle dernier, ont fait crier les autorités et la populace à la plus haute distraction au volant qui soit?

Nouveau vocabulaire
Chez Ford et Lincoln: Sync et MyTouch
Chez Toyota et Lexus: Entune (aux États-Unis, seulement) et Remote Touch
Chez Cadillac: CUE
Chez Hyundai: BlueLink (aux États-Unis, seulement)
Chez Kia: UVO
Chez Mercedes: COMAND
Chez BMW: BMW ConnectedDrive
Chez MINI: MINI ConnectedDrive
Chez Audi: Multi Media Interface (MMI)
Chez Nissan: Nissan Connect
Chez Chrysler: UConnect (l'un des plus anciens dispositifs)
Chez Porsche: Porsche Communication Management (PCM)

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.