Design automobile: l’habitacle reprend ses droits

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mardi, 31 août 2004
Il n’y a pas que les designs automobiles extérieurs qui ont pris du galon: ceux des habitacles le font aussi. Et c’est tout nouvellement que les constructeurs s’intéressent à l’aspect « intérieur » de leur produit.

Auparavant, l’habitacle constituait le secteur où il était possible de sauver quelques dollars. Aujourd’hui : « Il est l’un des seuls points de différenciation qui demeurent entre les véhicules, dit J Mays, vice-président du design chez Ford. Pour un constructeur, cela signifie qu’il est encore possible de se démarquer. Conséquence : la conception intérieure reçoit enfin l’attention qu’elle mérite. »

Et pour cause : « Le design extérieur a peut-être plus de prestige, mais c’est l’habitacle qui fait que l’on garde le client, » croit Simon Lamarre, qui travaille au département de design chez Volvo depuis près de dix ans. C’est à ce Québécois de 35 ans que l’on doit le design intérieur du XC90, premier utilitaire du constructeur suédois.

Simon Lamarre note une tendance qui s’installe de plus en plus : le goût du bien-être. C’est pourquoi « nous misons désormais (pour les intérieurs automobiles) sur des ambiances, que nous créons avec différents éclairages, des associations de matériaux et des combinaisons de couleurs. »

Anne Asensio, designer française embauchée par GM il y a trois ans maintenant,
confirme l’intérêt grandissant des constructeurs automobiles pour le développement d’habitacles plus chaleureux. « L’intérieur doit confirmer l’extérieur, sinon c’est le rejet assuré, » dit-elle.

« Autrefois, poursuit la designer de 42 ans, la voiture n’était qu’un mode de déplacement, une expression mécanique de la puissance et de la vitesse. Désormais, elle est bien plus qu’un poste de conduite, elle est devenue un habitacle douillet où confort, vie à bord et fonctionnalité sont importants. »

Parlons-en, de la fonctionnalité : jamais les intérieurs automobiles n’auront été plus pratiques qu’ils ne le sont aujourd’hui. Les sièges se plient, les banquettes se rabattent, des prises électriques montent au tableau de bord pour les téléphones cellulaires et les ordinateurs portables, les espaces cargo se recouvrent de matériaux lavables anti-égratignures, pendant que les porte-gobelet se perfectionnent.

« En fait, rigole Simon Lamarre, si McDonald devait changer la taille de ses gobelets demain matin, c’est toute l’industrie automobile qui serait dans le pétrin : il lui faudrait refaire les lignes de production! »

Que nous laisse entrevoir la boule de cristal de l’avenir? Des tableaux de bord configurables à la manière de son ordinateur personnel, des intérieurs interchangeables au gré des humeurs, des couleurs plus vives, des bois teintés. « Mais vous savez, conclut Simon Lamarre, les habitacles de demain vont sans doute ressembler à ceux d’aujourd’hui. Après tout, on aura toujours besoin d’un volant, de sièges, d’une radio et d’espaces de rangement, non? »

 

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