Corridor de sécurité: Tasse-toi, Mon'Oncle!

Dossiers
vendredi, 10 août 2012
Le gouvernement du Québec se pète les bretelles avec l'application, le 5 août dernier, de sa nouvelle loi "Corridor de sécurité". Ce qu'il n'a pas dit, c'est que la Belle Province est à peu près le dernier bastion en Amérique du Nord à adopter une telle loi pour protéger les premiers répondants de son réseau routier.

Au cours de la dernière décennie, tous les états américains ont, à un moment ou à un autre, adopté la loi du Move Over, à l'exception d'un seul territoire: le district de Columbia (Hawaï était en reste, mais la réglementation a été adoptée en juillet dernier).

C'est dire que ceux qui voyagent régulièrement aux États-Unis ont vu, ces dernières années, pousser des panneaux lumineux qui, ici et là, renforcent le message: "Move over, it's the law".

Traduction libre: "Tassez-vous, c'est la loi."

Jusqu'à la prison

Dans certains états, la loi du Move Over n'en réfère qu'aux policiers, pompiers et ambulanciers. D'autres états vont plus loin (et c'est dans ce sens qu'est allé le Québec) en incluant les employés gouvernementaux (du transport ou de la faune, par exemple), de même que les remorqueurs.

Si certaines juridictions américaines recommandent simplement une "vitesse prudente", d'autres exigent une réduction précise de la vélocité - de 5 à 25mph sous la vitesse permise, selon les états et les routes. Si vous planifiez un périple en voiture aux États-Unis, ne vous faites donc pas prendre et vérifiez qui exige quoi auprès de L'Association américaines des automobilistes (AAA) (http://drivinglaws.aaa.com/laws/move-over-law/).

Du coup, vous découvrirez que les amendes peuvent atteindre les 500$ et que certains états assortissent même ces pénalités financières de la suspension du permis de conduire, de l'obligation d'effectuer du travail communautaire... voire d'un séjour de prison (jusqu'à 90 jours en Arkansas)!

Chez nous... enfin

Jusqu'au début du mois (août 2012) au Canada, il n'y avait que le Québec, Terre-Neuve/Labrador, le Nunavut et le Yukon sans loi du "Move over". Même les Territoires du Nord-Ouest, avec leur population d'à peine 43 000 habitants, ont une mesure en ce sens!

Mais voilà, le 5 août dernier au Québec, la nouvelle réglementation est entrée en vigueur. Ici, loi 101 oblige, le "Move Over" a été traduit par "Corridor de Sécurité".

Comme ailleurs, l'objectif principal est le même: protéger les premiers répondants qui interviennent sur nos autoroutes, routes secondaires ou boulevards urbains.

Sauf qu'il aura fallu presque une décennie pour que le Québec se décide. En effet, la première province canadienne à adopter une telle loi l'a fait en 2003 - et c'était l'Ontario.

Il aura fallu presque une décennie, mais surtout la mort d'un énième policier, Vincent Roy, 37 ans, qui perdait la vie près de Bromont le 1er décembre 2011, heurté par un camion cube alors qu'il remettait une contravention à un automobiliste pris en défaut.

"Ce décès a amené le paramédical Patrick Dufresne à lancer une pétition qui a recueilli plus de 8500 signatures," a dit le ministre des Transports, Pierre Moreau.

Pour ceux qui aiment les statistiques macabres, sachez qu'au cours des trois dernières années, la Sûreté du Québec a dénombré 124 collisions impliquant des véhicules immobilisés sur l'accotement, collisions qui ont fait quatre morts et 13 blessés.

On ralentit, puis on se range - si possible

Sur le site d'informations lancé par Transports Québec, on peut observer plusieurs scénarios d'évitement des véhicules d'urgence. (www.corridordesecurité.gouv.qc.ca)

Il ne faut cependant retenir qu'une chose: à la vue d'un véhicule d'urgence immobilisé sur l'accotement (ou même dans une voie) dont sont activés les gyrophares, la flèche jaune lumineuse ou uniquement les clignotants, il faut d'abord ralentir.

Ra-len-tir. Comme dans: redoubler de prudence.

Puis si, et seulement s'il y a moyen de se ranger dans la voie adjacente, sans risquer sa sécurité ou celle des autres usagers de la route, on le fait.

Pas moyen de se ranger d'une voie? On ralentit suffisamment et, toujours dans sa voie, on s'éloigne le plus possible des services d'urgence qui opèrent. On peut même devoir s'immobiliser - le tout en indiquant clairement ses intentions, bien sûr.

Autrement dit, on essaie tout ce qui est sécuritairement possible pour ne pas rouler à six pouces des fesses des équipes d'urgence.

Jusqu'à quatre points d'inaptitude

Si un policier juge que le nécessaire n'a pas été fait de la part d'un automobiliste à l'approche d'un corridor de sécurité, il pourra lui remettre une amende variant de 200$ à 300$ et quatre points d'inaptitude.

Consolons-nous: les contraventions sont plus salées en Ontario. De 400$ à 2000$ pour une première offense, plus trois points d'inaptitude. Une suspension du permis pendant deux ans peut même être imposée.

Rappelons qu'en vertu d'une entente de réciprocité entre l'Ontario et le Québec, ce qui se passe chez la première... est transféré au dossier du conducteur qui habite la seconde...
 

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