Après le bac de recyclage et le sac de toile, la pièce (d'auto) recyclée!

Dossiers
samedi, 15 septembre 2007
Vous déposez vos journaux dans le bac de recyclage. Vous transportez vos courses dans des sacs de toile plutôt que de plastique. Vous encouragez l’achat local. Bref, vous tentez par tous les moyens possibles de faire votre part pour l’environnement. Suivant cette tendance, avez-vous pensé à des pièces recyclées pour votre automobile?

Celle qui vous est fidèle depuis tant d’années a besoin d’une réparation? Vous lui voulez le plus grand bien, mais vous jugez que des pièces neuves sont un trop gros investissement par rapport à la valeur de revente?

C’est parfait : ainsi, vous pourrez être tenté par une pièce recyclée, à laquelle vous offrirez une seconde vie. Comme le papier journal dans votre bac vert.

La pièce recyclée, contrairement à la pièce reconstruite (ou reconditionnée), est retirée telle quelle d’un véhicule qui a terminé sa carrière. Elle est d’origine, évidemment moins coûteuse que sa contrepartie neuve et, bien qu’usagée, a encore quelques belles années à allouer.

Cette pièce recyclée, on la retrouve chez ceux que l’on appelait autrefois les « cours à scrap ».

Mais n’allez surtout pas désigner ainsi ces entreprises d’aujourd’hui, elles en seraient que trop ulcérées : « Nous sommes des centres de recyclage, insiste Philippe Fugère, vice-président de Pièces automobiles LeCavalier. Nous sommes verts, et si de bon recycleurs comme nous n’y étaient pas, il y aurait de l’huile au sol, des ‘switches’ de mercure n’importe où, des batteries qui laisseraient s’écouler leur acide. »

Chez les grands du recyclage comme LeCavalier ou encore Groupe Pintendre à Québec, l’approvisionnement en pièces se fait principalement auprès des compagnies d’assurances. « En vertu d’ententes, les assureurs fournissent des véhicules accidentés ou retrouvés volés, dit Jacques Maheux, directeur du réseau des garages recommandés du CAA-Québec. Les recycleurs récupèrent les pièces, les vérifient, les testent, les nettoient, les contrôlent et les inventorient – et ce, de façon très structurée. »

Chez LeCavalier, on affirme récupérer 84% d’un véhicule qui en a fini avec la route. L’an dernier, l’entreprise, dont le siège social est établi dans les Laurentides, a démantelé 281 000 composantes automobiles de toutes sortes. Au cours de la même période, Pintendre, dont les quartiers généraux sont à Québec, écoulait 152 508 pièces recyclées.

Voilà autant de pièces qui n’ont pas pris le chemin des sites d’enfouissement.

Et voilà autant de pièces auxquelles l’on a pu redonner un second souffle en la préférant aux pièces neuves qui proviennent, par exemple, de Chine.

Ces dernières proposent évidemment des prix très concurrentiels, comme tout ce qui nous parvient de la contrée du bout du monde. Cependant, « parce que la pièce recyclée en est une d’origine, elle nous assure qualité et une précision d’installation, » dit Pierre Beaudoin, directeur services techniques chez CAA-Québec.

Surtout, rappelle Georges Albert, de la Table de concertation sur l’environnement et les véhicules routiers, « si l’on est en mesure de réutiliser une pièce existante, l’on n’a pas à en acheter une neuve, qui aura nécessité de l’énergie, de la main d’oeuvre et des matières premières à fabriquer.

Et qui, de surcroît, aura été transportée sur des centaines, voire des milliers de kilomètres. »

Une pièce recyclée, « c’est non seulement la protection de l’environnement, c’est aussi de la création d’emploi, de l’économie et de la richesse qui restent chez nous, » renchérit Rémi Rousseau, propriétaire des Publications Rousseau (Le Garagiste).

« Certes, dit l’éditeur, tous les centres de recyclage n’ont pas nécessairement bonne réputation. Et même si la profession s’est grandement améliorée depuis dix ou quinze ans, il y a encore des ripoux. » Des ripoux qui flirtent avec les réseaux de vols de véhicules et qui attribuent de faux numéros de série aux pièces ainsi chapardées…

Comment se protéger, en tant que consommateur? CAA-Québec a trouvé la formule. L’association a signé une entente avec LeCavalier et Pintendre, « deux recycleurs majeurs de la province qui nous garantissent l’intégrité des pièces, dit M. Beaudoin. Ces entreprises sont crédibles, bien structurées et très sérieuses… à l’image de CAA-Québec. »

Cette entente offerte exclusivement aux membres de CAA-Québec fait en sorte que les 430 (450?) garages recommandés par l’association puisent à même les inventaires de LeCavalier et Pintendre.

En échange, les deux compagnies offrent une garantie « pièces et main-d’œuvre » d’un an ou 20 000km – soit quatre fois plus que ce qu’accorde généralement la Loi sur la protection du consommateur. « Voilà de quoi rassurer à la fois le garagiste et le client, » dit Derek Willshire, directeur des ventes au Groupe Pintendre.

En fait, cette garantie exclusive semble un outil de vente si intéressant que Rémi Rousseau, des Publications Rousseau, déplore qu’elle ne soit pas plus étendue. Par exemple, à l’ensemble des membres de l’Association des recycleurs de pièces d’autos et de camions du Québec (ARPAC). « Mais je comprends très bien qu’il s’agisse d’une décision d’affaires de CAA… »


Le parc automobile québécois vieillit
Les véhicules qui roulent au Québec ont en moyenne huit ans, et cette moyenne n’a de cesse d’augmenter.

Pas surprenant : les véhicules sont de mieux en mieux construits. « Si les automobiles ne roulaient que 150 000 kilomètres dans les années ’70, elles peuvent aujourd’hui espérer rouler plus du double, » rapporte Dennis DesRosiers, président de DesRosiers Automotive Consultants.
Selon Pierre Beaudoin, directeur des services techniques chez CAA-Québec, la pièce recyclée a donc un rôle de plus en plus important à jouer dans ce marché qui prend de l’âge.

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