AGM: 45 ans d'histoire... pas toujours glorieuse

Dossiers
lundi, 18 juin 2012
C'est drôle, la vie. Pendant deux décennies, Mercedes n'a rien voulu savoir d'AMG, une petite entreprise fondée en 1967 par deux de ses ingénieurs désireux d'épicer la sauce allemande. Pourtant, le constructeur doit aujourd'hui compter sur cette force de frappe pour remonter la pente...

Ce qu'on ne dira pas, en ce 45e anniversaire d'AMG: l'année 2011 a vu Mercedes, en termes de ventes mondiales, glisser du 2e au 3e rang des constructeurs de luxe avec 1,26 million d'unités cédées, derrière BMW (1,38 million) et Audi (1,30 million).

Ce qu'on ne vous dira pas non plus, en ce 45e anniversaire d'AMG: Mercedes ne s'est vraiment intéressée à la division de performance qu'au début des années 1990, avec une première collaboration sous la forme de la C 36 AMG. Vous savez en quelle année l'intégration d'AMG comme filiale à part entière de Daimler a officiellement été complétée?

En 2005. Eh oui, tout récemment.

Ce qu'on vous dira cependant haut et fort, en ce 45e anniversaire d'AMG, c'est qu'on souhaite passer des 22 modèles de performance actuellement offerts à une flotte de 30 modèles.

Un jour c'est non...

Et on vous dira que cette accroissement de la flotte passera par l'arrivée de modèles dans des catégories jusque là inoccupées par Mercedes - mais qui le sont par BMW et Audi.

Pensez à la catégorie des voitures compactes. Plus précisément, pensez à une "hatchback".

Pensez à la A 45 AMG, par exemple.

Pourtant, lors de notre passage en 2006 dans le petit village d'Affalterbach, le coeur d'AMG s'il en est un, le chef de la direction des produits Thomas Rappel (sérieux, c'était vraiment son nom...) affirmait que jamais, ni la Classe A, ni la Classe B allaient recevoir le traitement "AMG".

"D'abord, ce sont des véhicules à traction, faisait-il remarquer. On s'est demandé si, en leur ajoutant de la puissance, nous pourrions être compétitifs - et nos ingénieurs ont répondu: non. Et il faut se demander jusqu’à quel point on peut étaler la marque. Tout en haut, nous avons une AMG qui demande plus ou moins 250 000$. Comment se montrer digne de confiance si nous arrivons au bas de l’échelle avec une Classe A AMG?"

... mais seuls les fous ne changent pas d'avis

Est-ce la concurrence féroce des deux autres géants allemands? Est-ce l'arrivée d'un nouveau (et jeune) patron à la tête d'AMG il y a deux ans, le Suédois Ola Källenius?

Toujours est-il que le discours a changé du tout au tout: "La Classe A de génération précédente était parfaite pour ce qu'elle était: une voiture familiale et pratique, dit aujourd'hui Ola Källenius. Mais maintenant que la nouvelle génération, dévoilée à Genève, mise sur une plateforme complètement transformée, notre vision a elle aussi changé."

Et comment. En 2006 toujours, on nous disait que si la traction intégrale était "techniquement possible" pour les voitures AMG, reste qu'elle signifiait augmentation des coûts, du poids et de la consommation. "La discussion fait son chemin et nous saurons trouver les bonnes réponses," disait M. Rappel.

Eh bien, la discussion a abouti. Et la A 45 AMG deviendra non seulement la première compacte AMG en 45 ans d'histoire, mais également la première voiture AMG à rouage intégral.

Un quatre cylindres dans l'antre des V12

AMG n'y échappe pas: il lui faut réduire son empreinte environnementale.

Si ses modèles se targuent d'avoir réduit leur consommation de 25% depuis 2008, ils ne doivent pas s'asseoir sur leurs lauriers: un autre 20% devra être retranché d'ici le 50e anniversaire de la division. La démocratisation des dispositifs "stop-and-start" devrait aider à atteindre cet objectif, mais aussi la réduction des cylindrées et l'ajout de turbocompresseurs.

C'est pourquoi dans l'antre qui mise sur de puissants V8 et V12 fabriqués selon la tradition "Un homme, un moteur", entre en scène une A 45 AMG qui laissera s'installer sous son capot... un quatre cylindres - turbo, évidemment.

Et de surcroît, ce moteur ne sera pas assemblé à Affalterbach, fief de la division de performance; il le sera quelque 400km plus au nord, à Kölleda, où l'on fabrique déjà les moteurs "réguliers" destinés aux Classe A et B. On nous promet toutefois que la tradition fait main demeurera et que chaque organe sera décoré de sa plaque d'ingénieur attitré.

Pas de puissance annoncée, mais une promesse: au moins 295 lb-pi de couple. On soutient par ailleurs qu'il y a aura là plus de vigueur que chez les concurrentes BMW M1 (320 chevaux) et Audi RS3 (335 chevaux).

De fait, Ola Källenius dit qu'il s'agira du quatre cylindres le plus puissant de toute l'industrie.

Cette motorisation sera couplée à une boîte automatique sept rapports. Hé non, toujours pas de boîte manuelle chez AMG - et toujours pas de motorisation diesel non plus.

"Nous avons le sentiment que les moteurs à essence sont supérieurs aux moteur diesel en termes de performance, de sonorité, d'agilité et de réponse, dit Källenius. Et les dernières technologies font leur effet: l'économie d'essence commence à converger vers les bénéfices connus du diesel."

50% d'augmentation... sans l'Amérique

Ce que vous verrez, si vous jetez un oeil à notre galerie de photos: la nouvelle SLS AMG GT en variantes coupé (avec ses portières goéland) et roadster.

GT: voilà deux nouvelles lettres pour désigner le bolide dont le V8 de 6,3 litres produit 20 chevaux de plus (à 591 chevaux) et qui se targue de pouvoir dominer le Nürburgring en cinq secondes plus vite (maintenant à 7min30).

Maintenant, ce que vous ne verrez pas: les photos de la CLS "shooting brake" AMG avec, notamment, son aire cargo tapissé de bois de cerisier noir. (Les Chinois raffolent de ce revêtement, paraît-il).

Et vous ne verrez pas non plus les clichés de la A 45 AMG. Car il nous a été interdit de croquer sur le vif tant le long sourcil froncé argenté qu'est la familiale CLS AMG, que les deux versions A 45 AMG, la première "Lifestyle" toute de jaune vêtue et la seconde, la "Sport", livrée en blanc mat avec décalques, jantes obscures et aileron d'usage.

Nul doute qu'on verra ces bolides en chair et en acier au prochain salon de Paris à l'automne. Pour l'heure, on ne peut que vous présenter un sketch de la A 45 AMG (voir notre galerie photos).

Mais avant de vous emballer, sachez qu'autant cette "hatchback" que la "shooting brake" ne débarqueront pas en Amérique du Nord. Et c'est tout à fait contradictoire.

Car d'un côté, AMG dit vouloir augmenter ses ventes de 50% d'ici son 50e anniversaire, passant de 20 000 unités cédées par année à 30 000 unités.

Mais de l'autre, on nous dit que non, l'Amérique du Nord (qui constitue pourtant le quart de ses ventes) n'a pas droit à ces nouveautés annoncées. Et dire que le Canada, avec un ratio élevé d'une AMG sur dix Mercedes vendues, est l'un des marchés les plus amoureux d'AMG de toute la planète...

Mais bon, on nous promet qu'au moins trois compactes Mercedes prendront les habits de performance. Et que si ce n'est pas la A 45 AMG que nous recevrons, ça sera assurément autre chose.

Gageons un p'tit 2$ que ça sera la CLA, cette miniature du coupé quatre portes CLS...

Copyright © 2015 Nadine Filion. Tous droits r�serv�s.