La Lincoln MKS, victime de notre Yin et Yang

Eh bien, suivez-nous dans notre nouvelle aventure Le Ying et le Yang automobile, alors que Monsieur et Madame Tout-le-Monde testent pour nous les dernières nouveautés.

Vous constaterez que finalement, qu’on soit homme ou femme, jeune ou vieux, journaliste automobile ou pas, même les «chars» qui viennent aviver l’émotion en nous ont droit à quelques bitcheries…

Deux participants, deux semaines

Le principe du Ying et du Yang automobile est fort simple : nous prêtons un véhicule de presse à un duo qui, pendant deux semaines, en fait extensivement l’essai. Les deux participants ont une consigne à respecter : noter toutes leurs impressions, bonnes ou mauvaises, grandes ou petites, intelligentes ou nigaude. De fait, et comme on vous dirait à la petite école, ça n’existe pas, une impression nigaude.

Ces «j’aime» et «je n’aime pas», chaque essayeur doit les garder pour lui-même, question de ne pas dénaturer l’expérience de l’autre. Nous recueillons le tout en fin de test routier et nous vous livrons la chose de but en blanc, à chaud. Pas de censure, que la «vraie patente», vue par des gens qui, comme vous, ne conduisent une nouvelle voiture qu’à tous les 4-5 ans – quand ce n’est pas au 7-8 ans.

Notre premier Ying et Yang automobile porte sur la Lincoln MKS, une grande berline de luxe dont l’échelle de prix varie 43 000$ à 52 000$. C’est la version Ecoboost – lire bi-turbo – que nous avons prêtée à Marie-Josée Viens et à Robert Grand-Maison, de la Rive-Sud de Montréal. Voici ce qu’ils en ont dit.

Ying : Marie-Josée Viens, 45 ans

Ville　de résidence : Beloeil

Sa voiture　de tous les jours　: Mitsubishi Lancer

À la vue de la Lincoln MKS toute blanche avec ses jantes chromées, Marie-Josée a lâché un vibrant «waow». «La MKS est une très belle voiture, j’ai été très agréablement surprise par son allure, élégante et classique.»

L’impression ne s’est cependant pas transposée dans l’habitacle. «J’ai rapidement senti que j’étouffais. Est-ce les sièges en cuir foncé ou le tableau de bord tout noir? Toujours est-il que, malgré le grand toit panoramique, je me sentais comme dans une grotte et je manquais d’air.»

Notre essayeuse a bien apprécié l’onctuosité de la suspension : «Les bosses de la route, on ne les sent pas. Ça roule comme un charme, c’est vraiment très confortable.» Même constat de confort pour les sièges: «Les places arrière accordent un bon espace aux jambes et avec tous les ajustements possibles au siège avant, on trouve rapidement sa position derrière le volant. J’ai particulièrement aimé l’accoudoir qui s’avance et se recule, selon la morphologie du conducteur. Toute la semaine, j’ai adopté le style ‘gros char’ avec la main gauche sur le volant et l’avant-bras appuyé à droite…»

Loin d’être intimidée par toute la technologie qui monte à bord du MKS, Marie-Josée a apprécié les «affaires automatiques», tel ce volume audio qui augmente avec la vitesse ou encore les essuie-glace sensibles à la pluie. «Ces derniers se mettent en marche d’eux-mêmes selon le débit d’eau, c’est carrément génial.» Elle encense également cet éclairage bleuté qui illumine les porte-gobelet : «C’est ‘cute’, mais c’est aussi une belle attention pour quand il fait noir; on voit alors très bien où reposer son gobelet de café.»

Côté puissance du moteur – un V6 bi-turbo de 355 chevaux loge sous le capot –, qu’un seul commentaire, mais bien senti : «Ça clanche!» Malgré tout, Marie-Josée n’a pas trouvé la MKS était nerveuse. Et : «Personnellement, je préfère les boîtes manuelles aux boîtes automatiques, même si ces dernières ont le passage des vitesses au volant comme pour la Lincoln.»

Notre essayeuse adresse un reproche au coffre : «Il est certes très grand, mais son ouverture est toute petite et ça empêche d’y faire entrer des objets volumineux.» La plus grande critique porte néanmoins sur la visibilité : «Devant comme derrière, j’ai trouvé que l’inclinaison des vitres limitait de beaucoup le champ de vision. Je n’ai jamais été à l’aise en stationnement ou en manœuvres de recul et pourtant, je conduis au quotidien une voiture avec un gros aileron.»

En résumé : «Quand on l’admire, la MKS n’a pas l’air d’un gros bateau. Mais quand on s’y installe et qu’on la conduit, on se rend compte qu’elle en est un.»

Yang　: Robert Grand Maison, 62 ans

Ville　de résidence : Otteburn Park

Sa voiture　de tous les jours　: Cadillac CTS

Comme pour sa compagne d’essai, Robert Grand-Maison n’a que des éloges pour le style de la Lincoln MKS : «Quelle superbe de belle voiture! Et ces roues de 20 pouces : magnifiques. J’ai d’ailleurs été tenté de les voler pour les mettre sur mon Cadillac…»

Mais : «Ça coûte cher de pétrole, ces 355 chevaux.» Il faut dire que notre essayeur l’a poussée, la grande berline : «Je suis monté à 190km/h et pour une grosse voiture comme ça, les accélérations sont très vigoureuses. Et – oh bonheur – on entend les turbos embarquer!»

Mais : «La MKS n’est quand même pas une sportive, elle souffre de sous-virage elle est davantage une routière de confort. À mon avis, elle s’adresse aux conducteurs d’un certain âge qui voyagent beaucoup, par exemple qui descendent l’hiver en Floride.»

Encensant l’habitabilité et le silence de la cabine («Il faut bien le dire, Ford l’a, l’affaire, côté insonorisation»), Robert critique toutefois les sièges avant, trop larges　et qui, dit-il, manquent de support latéral. «On y prend place comme dans le divan chez soi, on y est très confo, mais on est déporté de gauche à droite en virage et c’est déplaisant. Je me sens beaucoup plus maintenu dans mon siège de Cadillac.»

Un autre reproche : «Pour une voiture de ce prix, ça manque de finition intérieure. Et j’ai trouvé que les commandes étaient petites à la console; je ne savais jamais vraiment quel piton enfoncer pour l’audio ou la climatisation.»

Par contre : «J’ai beaucoup aimé le double toit ouvrant qui éclaire abondamment l’habitacle, de même que la caméra de recul – on n’a pas besoin de se tourner, les environs sont clairement indiqués à l’écran.» Un bon mot aussi pour le système de navigation : «Ma sœur a déjà eu une Lexus et je trouvais que son système de navigation était compliqué à manipuler. Dans la MKS, j’ai au contraire trouvé que c’était simple comme bonjour.»

Reste que: «Honnêtement, j’étais content de me rasseoir dans ma CTS. La suspension est plus ferme et les sièges sont définitivement plus sportifs que pour la Lincoln.»