GMC Terrain vs. Kia Sportage: dans les petits pots...

Comparos
mardi, 5 avril 2011
En théorie, le GMC Terrain est le jumeau du Chevrolet Equinox, que GM lance contre les utilitaires compacts de ce monde. Mais lorsque lancé contre le (plus petit) Kia Sportage, l’utilitaire américain ne fait pas… le poids. Trop gros, trop lourd, manque de ‘pep’… Il faut dire que le concurrent coréen a absolument tout pour lui, affirment nos essayeurs. Tellement, qu’ils en achèteraient un, Kia Sportage.

Le principe de cette chronique ‘Ying et Yang automobile’ est fort simple : nous prêtons deux véhicules de presse à un couple qui, pendant deux semaines, en fait extensivement l’essai. Les deux participants ont une consigne à respecter : noter toutes leurs impressions, bonnes ou mauvaises, grandes ou petites, intelligentes ou nigaudes. De fait, comme on vous le dirait à la petite école : ça n’existe pas, une impression nigaude.

Ces « j’aime » et « je n’aime pas »,  chaque essayeur doit les garder pour lui-même, question de ne pas dénaturer l’expérience de l’autre. Pas facile, nous dit-on… Nous recueillons le tout en fin de test routier et nous vous livrons la chose de but en blanc, à chaud.

Pas de censure, que la « vraie patente », vue par des gens qui, comme vous, ne conduisent une nouvelle voiture qu’à tous les 4-5 ans – quand ce n’est pas au 7-8 ans. Nos cobayes ce mois-ci : Sylvie Thibert et Paul Fernandes, de la Rive-Sud de Montréal. Leur essai : le GMC Terrain et le Kia Sportage, deux utilitaires qui, dans les versions équipées comme elles ont été testées, demandent 33 320$ pour le premier et 35 095$ pour le second (frais de transport inclus, mais pas les taxes).

Avant d’aller plus loin, il faut savoir que si le Sportage de base s’affiche à 22 000$, le Terrain de base, lui, demande un prix plus élevé : 27 500$. Tous deux sont propulsés par un moteur quatre cylindres à injection directe, une technologie sensée permettre l’économie en carburant (de cylindrée 2,4 litres pour les deux, 182 chevaux pour le GMC et 176 chevaux pour le Sportage).

Voici ce que Sylvie et Paul en ont dit.

Yin

Qui : Sylvie Thibert

Âge : 43 ans

Résidence : Sainte-Julie

Conduit au quotidien : Mini Cooper 2009

Métier : Formatrice en assurances

Sylvie Thibert n’a jamais été une fanatique des utilitaires, qu’elle trouve de trop gros véhicules. Au contraire, sa voiture de rêve était… la Mini Cooper et c’est ce qu’elle s’est payée il y a deux ans. Surprise : « Cet essai d’utilitaires m’a fait aimer quelque chose que je pensais pas pouvoir aimer! »

Sa première semaine, c’est à bord du GMC Terrain qu’elle l’a passée. « Il a été ce que j’attendais d’un camion. Très ‘vache’, très peu de pep. Il décolle tranquillement, il avance tranquillement. Long, haut et large, il me donnait l’impression de rouler dans quelque chose de deux fois plus gros. Juste pour dire, ma fille de quatre ans l’appelait ‘Le Gros Monstre’! Je comprends maintenant pourquoi ceux qui conduisent des 4x4 pilotent plus vite que les autres : ils ont l’impression d’être invincibles. »

Invincibles, peut-être. Sauf que notre essayeuse a rapidement fait connaissance avec les limites du Terrain : « Je l’ai conduit lors d’une tempête de neige et il ‘prenait’ dans la gadoue, devenant malaisé à contrôler. Ce type de véhicules, tu les ‘perd’ plus vite qu’une voiture et ils sont aussi plus difficiles à ramener. C’est d’ailleurs ce faux sentiment de sécurité qui m’a le plus frappée. » NDLR : le GMC Terrain essayé n’était pas équipé de la traction intégrale, contrairement au Kia Sportage.

De bons… et moins bons mots

Sylvie a malgré tout apprécié la conduite du Terrain. Malgré ses dimensions imposantes, (NDLR : il est un demi-mètre plus long et 40mm plus haut que le Sportage), elle l’a trouvé plus facile à manier qu’escompté. Mais : « Au travail, nous partageons un stationnement intérieur si petit que pratiquement tout le monde y accroche un jour ou l’autre son véhicule. Je n’ai donc pas osé y faire entrer le Terrain. » Elle y a cependant fait entrer le Kia Sportage… sans heurt.

Notre essayeuse a apprécié les sièges avant du Terrain : « Ils sont très confortables et disposent de beaucoup d’ajustements. » La radio satellite, aussi : « Celle du Terrain (XM) fonctionnait partout, même dans le tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine. Allez savoir pourquoi, la réception était loin d’être aussi bonne avec la radio satellite (Sirius) du Sportage. »

Des défauts, le Terrain en a quand même : « Impossible de dégivrer le centre de son pare-brise, ça m’aurait pris un escabeau. (NDLR : ou un abri Tempo…). Aussi, il me fallait embarquer à bord pour attacher ma fille; pas moyen de le faire en restant les deux pieds au sol. Enfin, j’ai conduit ma grand-mère chez le médecin et elle a eu beaucoup de difficulté à se glisser sur le siège passager, situé trop haut dans la cabine. » (NDLR : Selon les chiffres fournis par les constructeurs, le Sportage et le Terrain exhibent à peu près la même garde au sol – 172mm contre 174mm.)

Aussi : « Il y a des commandes que je n’ai pas compris à bord du Terrain, comme l’allumage et l’extinction des phares. De fait, il m’aurait fallu sortir le manuel du propriétaire à plusieurs reprises pour comprendre certains contrôles. »

Elle préfère le look du Terrain, mais…

Esthétiquement, c’est le Terrain que notre essayeuse a préféré, dedans comme dehors. « Il dispose d’intéressants détails intérieurs, comme un éclairage en trois couleurs et un beau revêtement de sièges. À l’extérieur, je trouve la calandre trop grosse pour le reste du camion, mais je préfère quand même ce dernier au Sportage, qui présente trop d’angles de carrosserie. En fait, je n’ai tellement pas trouvé le Kia attirant que je n’ai pas eu envie de l’essayer. »

Mais il a bien fallu le tester, ce Kia. Et à son grand étonnement, Sylvie en a adoré la conduite : « Il se pilote comme un p’tit char sport! Je m’attendais à quelque chose de ‘vache’ comme pour le Terrain, mais non : il y a de la puissance là-dedans et ça répond vite. Je l’ai trouvé plus facile à contrôler, je n’ai pas senti de perte de maîtrise en conduite sur neige. » (NDLR : Rappelons que le Sportage essayé était équipé de la traction intégrale, pas le Terrain. À tous ceux qui nous demandent, à nous, les journalistes automobiles, si ça vaut la peine de payer pour le ‘AWD’, vous avez là votre réponse.)

Une petite séance de magasinage chez Ikea avec une amie a montré à notre essayeuse qu’un utilitaire, même compact, peut être spacieux en termes de chargement. « J’ai trouvé qu’il était facile de retirer le cache-bagages du Sportage et d’abaisser sa banquette. »

Autres inattendus : « Le toit panoramique est super, j’aime le démarrage sans clé et aussi le fait que les sièges peuvent être chauffés et… ventilés. C’est vraiment cool, après un cours de Zoumba! »

Sylvie a également préféré la caméra de recul du Kia : « D’abord, on ne passe pas son temps à en nettoyer la lentille (ce qu’il faut faire avec le Terrain). Et en plus, l’écran de bord montre des lignes d’approche fort utiles. En passant, j’ai trouvé que la visibilité arrière dans le Sportage était réduite par l’étroite fenêtre de hayon et que la forme des rétroviseurs ne permettait pas une bonne vision latérale. »

Et le gagnant est…

Parce que rien n’est jamais parfait, Sylvie a quelques autres reproches à faire au Sportage : « L’accès à bord est compliqué par un siège trop loin du seuil et on s’y accroche toujours la jambe, j’ai passé à semaine à me salir le mollet gauche ». Et : « J’ai souvent accroché le levier de vitesse, que je faisais passer en mode manuel même quand je ne le souhaitais pas. »

Quand même : « Je suis surprise d’avoir aimé les camions plus qu’escompté. Avant d’avoir testé le Kia, je disais avoir adoré le Terrain, mais je ne l’aurais pas acheté. Après avoir testé le Sportage, je découvre que j’achèterais encore moins un Terrain… mais que j’achèterais bien un Sportage, si j’avais besoin d’un deuxième véhicule. Et ça, ça vient de la bouche d’une fille qui, pourtant, n’achèterait pas grand ‘char’! »

Yang

Qui : Paul Fernandes

Âge : 43 ans

Résidence : Brossard / Sainte-Julie

Conduit au quotidien : Hyundai Tucson 2011

Métier : Les ponts roulants industriels

Dans la vie de tous les jours, Paul Fernandes conduit… le nouveau Hyundai Tucson. Doit-on rappeler que le Tucson et le Sportage sont des jumeaux par la fesse gauche? On aurait pu croire qu’il n’y aurait rien de nouveau sous le soleil pour notre essayeur. Oh surprise : il a adoré le Kia. Plus que le Tuscon… et encore plus que le Terrain.

« D’abord, j’ai beaucoup aimé l’allure extérieure du Sportage. J’ai aussi aimé son ‘gust’ : il accélère rapidement. Il a une super tenue de route et il est très confortable, spécialement sur l’autoroute. En ville, il a le mérite de tourner les coins comme une voiture. » (NDLR : Notre essayeur possède un Tucson avec moteur de base de 2,0 litres pour 165 chevaux. C’est un tantinet moins puissant que les 176 chevaux développés par le moteur 2,4 litres du Sportage. Notons au passage que le Terrain propose en option un V6 de 264 chevaux et que le Sportage s’en vient bientôt en variante turbo – 260 chevaux).

Tout au contraire, le Terrain, avec son moteur quatre cylindres de base, lui a semblé très lourd (NDLR : Le Terrain fait osciller la balance de 200 kg supplémentaires versus le Sportage) : « Le véhicule semblait mettre une heure pour accélérer! Par contre, une fois la vitesse de croisière atteinte, il est très confortable et il porte bien. Dans la tempête, je m’y sentais en sécurité – peut-être justement à cause de son poids. » Notre essayeur ajoute avoir apprécié l’allure extérieure du Terrain.

Il a ensuite un bon mot pour la transmission du Sportage : « Je déteste les boîtes automatiques, j’ai toujours conduit des boîtes manuelles. Mais l’automatique du Sportage offre un bon contrôle, c’est bien la première fois j’aime ce type de transmission. » Sur la boîte automatique du Terrain? Pas un mot.

Un tout petit reproche

Les habitacles, maintenant. Le tableau de bord du Sportage a semblé ‘ordinaire’ à notre essayeur – mais c’est bien le seul reproche qu’il fera au véhicule. « J’ai trouvé le design standard, pas assez raffiné pour ce que le Sportage offre comme look extérieur. À ce chapitre, mon Tucson est plus intéressant avec son éclairage bleuté. »

Sinon, Paul juge les commandes du Sportage faciles à comprendre et à manier : « Tout est clair, on peut s’arranger sans lire le manuel du propriétaire. » Ce qui n’a pas été le cas avec le Terrain : « Il y a là trop de boutons là-dedans, je ne savais plus quoi toucher. Il me fallait y regarder par deux ou trois fois avant de changer quoi que ce soit et malgré tout, j’avais peur de dérégler quelque chose. »

Le Sportage gagne d’autres galons auprès de Paul, versus le Terrain, par la qualité de ses matériaux et ses sièges avant non seulement chauffants, mais aussi ventilés : « Quelle super idée! ». Il encense aussi le confort de ses sièges : « Il y a l’ajustement électrique, le support lombaire… Si tu ne peux pas te mettre confortable dans un véhicule comme ça, tu ne le seras jamais. » Encore là, pas un mot sur le confort du Terrain.

Tout comme sa conjointe, notre essayeur reproche au Terrain une caméra de recul dont il faut constamment nettoyer la lentille – alors que celle du Sportage a su rester propre, même au pire de l’hiver. Pour les deux utilitaires, Paul considère le dégagement intérieur spacieux : « La valise du Sportage est quand même assez grande, pour un véhicule compact. Et oui, il y a beaucoup d’espace dans le Terrain, il est super à ce niveau. »

Côté consommation, pas d’emportement dithyrambique : le Kia a droit à un « pas si pire », alors que le Terrain récolte une mauvaise note. « Il est sensé être très économique sur l’autoroute, mais je trouve au contraire qu’il consomme beaucoup. Peut-être est-ce parce que les prix de l’essence ont encore grimpé ou que le réservoir est énorme. » (NDLR : Tout à fait : le réservoir du Terrain gobe 71 litres, contre 55 litres pour le Sportage. Et selon les données de consommation, le Terrain est plus économique d’un litre aux 100km, tant en ville que sur l’autoroute.)

Oui au Sportage… et à toutes ses options

Bref, et en tout point, c’est pour le Sportage que notre essayeur a le béguin. Et ce, même s’il conduit le jumeau Tucson au quotidien. « Il faut dire que le modèle que j’ai acheté est tout ce qu’il y a de base : quatre roues, des bancs, un volant. Au contraire, le Sportage que nous avons essayé est équipé pour au-delà de 30 000$ : rien ne manquait, pas même la traction intégrale. »

S’il avait à redessiner le passé, Paul soutient donc qu’il se gâterait d’un Sportage avec toutes les options qu’il a apprécié pendant sa semaine d’essai : « J’ai aimé le démarrage sans clé et j’ai trouvé formidable la radio satellite – j’ai entendu des ‘tounes’ que je n’avais pas entendues depuis des années! »

Et le Terrain, lui? « Je l’ai trouvé trop gros, peu puissant et pas économique. Ce n’est pas un véhicule que j’achèterais, je m’y sentais trop Gros Boy qui roule son truck au cœur d’une ville américaine. Ne manquait que les fusils! »

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